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Une nouvelle école de pensée sur les programmes d’alimentation scolaire pour la transformation des systèmes alimentaires

 

En 2019, plus de 65 millions d’enfants en Afrique ont reçu des repas scolaires, une augmentation impressionnante de 71 % par rapport à 2013. Lorsque des écoles du monde entier ont été fermées en 2020, la perte de repas scolaires est devenue l’un des coûts cachés de la pandémie de COVID-19. À la suite de plusieurs crises mondiales qui ont mis en évidence la fragilité de nos systèmes alimentaires, l’expansion des initiatives d’alimentation scolaire est désormais cernée comme un élément essentiel de l’élaboration de systèmes alimentaires plus résilients et plus nutritifs pour tous.

Aujourd’hui, plus d’un quart des enfants d’Afrique subsaharienne sont privés d’aliments nutritifs, et la malnutrition reste un problème critique. Une nouvelle expansion des programmes d’alimentation scolaire pourrait ainsi profiter à des millions d’enfants en leur offrant un accès régulier à des aliments sains et nourrissants.

« Les programmes d’alimentation scolaire soutiennent les élèves vulnérables qui ne peuvent pas se permettre une alimentation saine », a déclaré Phyllis Addo, chargée de cours en nutrition en santé publique à l'école de santé publique Fred N. Binka, au Ghana et responsable d’un projet panafricain sur l’alimentation scolaire. Cette intervention de protection sociale garantit que les élèves reçoivent au moins un repas nutritif par jour. En outre, elle a été associée à des améliorations de la fréquentation scolaire, de l’état nutritionnel et des résultats scolaires.

Ces programmes tireraient également parti du pouvoir des marchés publics pour soutenir l’agriculture et les systèmes alimentaires locaux, ce qui permettrait de renforcer davantage la sécurité alimentaire. Les modèles d’alimentation scolaire développés dans le monde entier, en particulier en Afrique, ont démontré comment de tels programmes peuvent transformer positivement le système alimentaire pour le mieux. Un livre blanc sur les systèmes alimentaires et les repas scolaires présenté à la 28e session de la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques a montré que les programmes d’alimentation sont particulièrement bien placés pour rendre les systèmes alimentaires plus résilients, plus équitables, plus durables et plus adaptés au contexte.

De nombreuses initiatives d’alimentation scolaire existent en Afrique subsaharienne, mais malheureusement, beaucoup n’atteignent pas leur plein potentiel. Les données montrent que la qualité des repas scolaires actuels n’est tout simplement pas suffisante. De plus, même si les communautés disposent d’une abondance d’aliments riches en nutriments et adaptés au climat, ils sont terriblement sous-utilisés dans ces programmes.

Malgré ses avantages évidents, les décisionnaires politiques négligent souvent l’alimentation scolaire lorsqu’ils élaborent des programmes plus larges pour s’attaquer à leurs systèmes alimentaires. Pourtant, ces initiatives détiennent un pouvoir immense pour conduire à des changements transformateurs plus larges pour des systèmes alimentaires plus sains et plus durables.

Le projet d’alimentation scolaire, qui fait partie de l’initiative Catalyser le changement pour des systèmes alimentaires sains et durables (CCHeFS), vise à produire des données probantes nationales et à promouvoir des changements dans les politiques et les pratiques connexes en matière de systèmes alimentaires au Kenya, au Ghana, au Rwanda et au Nigéria. Les équipes de recherche collaborent pour élaborer une feuille de route continentale durable et résiliente. Les résultats du projet contribueront également au Consortium international de recherche sur la santé et la nutrition à l’école, l’initiative de recherche de la Coalition pour les repas scolaires, établie à la demande de plus de 80 états membres afin de fournir aux décisionnaires l’accès à des données probantes indépendantes, solides, convaincantes et exploitables sur la santé et la nutrition à l’école, leur permettant ainsi d’élaborer des programmes nationaux bien informés.

L’importance d’améliorer les politiques d’alimentation scolaire

Pour améliorer les politiques d’alimentation scolaire, les avantages environnementaux des programmes doivent être mieux compris. Il est essentiel d’accroître les connaissances des décisionnaires politiques sur la relation entre l’alimentation scolaire, l’agriculture et la résilience aux changements climatiques. Les politiques doivent établir un lien entre l’agriculture et le climat afin de garantir que les exploitations agricoles sachent quoi produire et dans quelles conditions climatiques pour préparer des repas sains dans les écoles.

Heureusement, les décisionnaires politiques et les autres parties prenantes désirent soutenir l’amélioration des politiques d’alimentation scolaire. « Ils sont vraiment impatients de voir nos résultats », a déclaré Simon Omondi, qui fait partie du projet d’alimentation scolaire de l’initiative CCHeFS. Certains décisionnaires ont suggéré d’autres domaines d’enquête, comme le coût de la production de repas scolaires sains à la lumière de l’inflation accrue et de la réduction du financement. « Il faudra peut-être trouver un compromis entre la faim et les besoins nutritionnels. Dans ce cas, quelles substitutions peuvent être faites? », a déclaré Samrat Singh, responsable des programmes à la School of Public Health de l’Imperial College de Londres et président de la division Régimes alimentaires et systèmes alimentaires du consortium de recherche.

Responsabiliser la communauté alimentaire locale

Le projet d’alimentation scolaire de l’initiative CCHeFS se tourne vers les fermes productrices locales pour améliorer la qualité des repas scolaires. Il vise à autonomiser économiquement la communauté alimentaire locale. Par conséquent, il accorde la priorité à l’amélioration des liens entre les exploitations agricoles locales, les fournisseurs et les écoles. « Il y a eu un énorme écart dans l’approvisionnement alimentaire », a déclaré Mme Addo. « Les repas et l’approvisionnement alimentaire à l’échelle locale devraient provenir des systèmes alimentaires locaux », a-t-elle ajouté. 

Le projet vise également à garantir une plus grande équité entre les genres, afin que les agricultrices et les transformatrices agricoles en particulier soient autonomisées et organisées. L’alimentation scolaire peut être améliorée en aidant les femmes à prendre en charge la production et la transformation des aliments et à devenir ainsi des fournisseuses ou des traiteuses majeures.

L’équipe de l’initiative CCHeFS au Ghana forme également des traiteurs d’alimentation scolaire sur la planification des repas, la nutrition et la salubrité des aliments. L’équipe explore la durabilité et la rentabilité des innovations de traitement, telles que la technologie « paddle-to-empower ». Semblable à un vélo avec un moulin intégré, cet appareil peut être utilisé pour produire des champignons en poudre, une source de protéines bénéfique. Il renforce également l’engagement communautaire dans les systèmes alimentaires et l’alimentation scolaire. 

Media
Une femme roule sur un vélo à pédales, un groupe de spectateurs se tient derrière elle.
Université de la santé et des sciences connexes, École de santé publique, Ghana (2023)
Le vélo à pédales, une technologie durable permettant d'améliorer la transformation des aliments pour des repas scolaires plus nutritifs, est utilisé au Ghana.

Passer aux étapes suivantes

Les données probantes générées par le projet d’alimentation scolaire de l’initiative CCHeFS seront utilisées pour informer les décisionnaires politiques sur la façon dont l’alimentation scolaire, la transformation des systèmes alimentaires et les changements climatiques sont inextricablement liés.

Il servira également de fondement aux changements de politique recommandés. Les données soutiendront la création de la feuille de route continentale. Cet outil stratégique aidera les gouvernements à concevoir et à mettre en œuvre des programmes d’alimentation scolaire cohérents qui améliorent les résultats en matière de santé et à catalyser des systèmes alimentaires plus équitables et plus durables.

Étant donné le rôle de plus en plus important des programmes d’alimentation scolaire en tant que catalyseur de la transformation des systèmes alimentaires, l’initiative CCHeFS, un partenariat entre le CRDI et la Fondation Rockefeller, renforce maintenant son soutien aux pays et aux projets qui se concentrent sur ce domaine de travail essentiel. Apprenez-en davantage sur ses travaux en matière de cantines scolaires dans une note thématique

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