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Une initiative du CRDI fait progresser l’autonomisation économique des femmes en Afrique de l’Ouest

 

Renforcer l’autonomisation économique des femmes en Afrique est l’un des principaux leviers à l’instauration d’une croissance économique durable, inclusive et propice à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) sur le continent.

Cependant, fort est de constater qu’en Afrique de l’Ouest, les traditions et les normes socio-culturelles en particulier, affectent la participation des femmes au marché du travail et expliquent en partie la discrimination sexiste dont elles sont l’objet. On observe ainsi que les secteurs et professions à prédominance masculine sont nettement plus productifs et mieux rémunérateurs que ceux occupés par les femmes. L’essentiel du travail non-rémunéré repose également sur les femmes dont le pouvoir de négociation au sein du ménage est très souvent limité.

Dans un tel contexte, parvenir à l’autonomisation économique des femmes exige des réformes judicieuses par les pouvoirs publics, ainsi que des normes et pratiques sociales liées au genre qui agissent sur le pouvoir d’autodétermination des femmes, y compris au plan économique. Cette transformation, qui doit être fondée sur les données probantes, demande un engagement de longue haleine de la part de tous les acteurs du développement.

Une première pour l’autonomisation économique des femmes en Afrique de l’Ouest

Appuyés par l’initiative « Croissance de l’économie et débouchés économiques des femmes (CEDEF) – Afrique de l’Ouest » du CRDI, six projets sont en cours au Bénin, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et au Sénégal. Leur objectif est de soutenir la production de données probantes fiables ancrées dans le contexte local et facilitant la reconstruction des systèmes socio-économiques post COVID-19 d’une manière qui contribue à l’autonomisation de la femme et à l’égalité des sexes tout en préparant la transition vers une économie à faible empreinte carbone.

C’est dans le cadre de cette initiative que le Consortium pour la Recherche Economique et Sociale — en partenariat avec le Ministère en charge de la femme de la République du Sénégal, ONU Femmes et le CRDI — a organisé en octobre 2022 à Dakar, au Sénégal, un colloque international multi-acteurs sur l’autonomisation économique des femmes en Afrique de l’Ouest.

Le colloque a réuni des décideurs politiques, des chercheurs, des praticiens, des partenaires au développement et des organisations de la société civile avec pour objectif de partager des connaissances et expériences et pour développer de synergies autour des actions entreprises par diverses parties prenantes pour l’autonomisation économique des femmes en Afrique de l’Ouest.

Des technologies et des services en appui de l’égalité de genre

Présentés lors de ce colloque, les premiers résultats de l’initiative CEDEF – Afrique de l’Ouest mettent en évidence le potentiel transformateur de solutions de réduction de la pénibilité du travail féminin rémunéré ou non pour autant que la conception, la réalisation et la commercialisation de ces technologies s’aligne sur le contexte socio-culturel local.

Au Bénin par exemple, il ressort des analyses que des technologies améliorées de fumage de poissons et production de sel permettent la préservation de la mangrove souvent pillée pour le bois de chauffe. Ces technologies réduisent de façon significative la destruction de la mangrove, l’émission de CO2 tout en permettant aux femmes d’améliorer leurs revenus et de mieux préserver leur santé. Suite à ces analyses encourageantes, le gouvernement du Bénin considère présentement la possibilité de promouvoir l’utilisation de ces technologies au-delà des sites expérimentaux et dans plusieurs communes à l’échelle nationale.

Au Sénégal, les enquêtes auprès de parents d’enfants à l’échelle nationale indiquent globalement un consentement à payer pour des services de garde d’enfants de qualité. Bien que le niveau de consentement à payer varie avec les caractéristiques du ménage, ceci remet en cause l’idée préconçue d’une demande de services de garde d’enfants seulement à la charge de l’État.

Media
Dans un village sénégalais, une femme entourée de trois enfants porte un bébé, alors que des villageois vaquent à leurs occupations.
Dominic Chavez/Mécanisme de financement mondial
L’essentiel du travail non-rémunéré repose sur les femmes.

Création d’un forum permanent

Pour cette première édition, le colloque a bénéficié aussi du soutien des organisations internationales, régionales, nationales et locales, telles que le bureau régional de la Commission économique pour l’Afrique de l’ONU, la Banque africaine de développement et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, œuvrant à l’autonomisation des femmes à travers diverses initiatives.

Le colloque s’inscrit dans la vision du Forum pour l’autonomisation économique des femmes en Afrique de l’Ouest, lancé lors de la cérémonie d’ouverture de la rencontre. L’objectif du forum est de générer une masse critique de données probantes sur lesquelles les décideurs pourront davantage s’appuyer pour élaborer ou réviser les politiques en faveur de la réduction des inégalités de genre et du développement des femmes en Afrique de l’Ouest.

Les promoteurs du forum espèrent un effet catalyseur propre à entraîner une multiplication des efforts de développement et une accélération des réformes en faveur de l’autonomisation économique des femmes en Afrique de l’Ouest.