À solutions locales, paix durable
Une démarche novatrice en vue de trouver des solutions locales aux conflits armés et de ramener une paix durable, utilisée aujourd’hui dans 15 pays, a été conçue en réaction à l’émergence d’un phénomène inquiétant au début des années 1990.
En effet, c’était la fin de la guerre froide, mais on assistait à une recrudescence des conflits civils, conflits qui parfois découlaient de tensions interethniques de longue date et dans lesquels s’affrontaient souvent des forces armées irrégulières.
En 1994, on comptait 65 conflits armés sur la planète, se rappelle Matthias Stiefel, fondateur d’Interpeace, un organisme international qui oeuvre à la consolidation de la paix. L’envoi de forces de maintien de la paix dans les pays touchés était tout au plus une mesure temporaire, et, lorsque le cessez-le-feu était rompu, personne ne savait comment empêcher ces pays d’être de nouveau happés par la spirale de la violence.
L’ONU a mis sur pied le Projet de reconstruction des sociétés déchirées par la guerre (WSP), qui avait pour but de permettre de trouver des solutions locales durables aux conflits. Le but : mettre en présence, en terrain neutre, des représentants dignes de confiance de factions rivales afin qu’ils cherchent ensemble des solutions acceptables pour toutes les parties en cause. Ce programme pilote soutenu par le CRDI a été déployé dans quatre pays, à savoir la Somalie, l’Érythrée, le Mozambique et le Guatemala. Le processus a ensuite été officialisé afin qu’on puisse s’en servir dans d’autres pays, et une nouvelle entité, Interpeace, a vu le jour en 2000.
À l’heure actuelle, Interpeace met en oeuvre ce processus de paix dans 15 pays. Avec l’aide du CRDI, l’organisme a en outre amorcé un projet sur la violence des gangs de rue dans plusieurs pays d’Amérique centrale. Le CRDI soutient par ailleurs la préparation, par Interpeace, de lignes directrices pour l’élaboration d’une constitution, un processus combien essentiel pour les États se relevant d’un conflit, mais susceptible de rouvrir de vieilles blessures et, partant, de donner lieu à la reprise des combats.
Le CRDI a fait preuve de vision en appuyant de nouvelles approches aptes à faire en sorte que les acteurs locaux s’approprient le processus de consolidation de la paix. Cela signifiait qu’il fallait que des membres de la société concernée pilotent le processus, contrairement à l’approche classique qui consistait à parachuter un grand expert du Nord qui allait ensuite repartir. Encore aujourd’hui, le CRDI demeure un agent catalyseur.
Au début des années 1990, nous avons compris que le modus operandi de la communauté internationale – à savoir des solutions imposées – était voué à l’échec. Nous devions trouver une façon de réunir à la même table les parties en conflit, parfois depuis des générations, afin d’en arriver à une forme quelconque de consensus. La paix devait émerger de l’intérieur même des sociétés déchirées par la guerre.
Les projets cherchaient à résoudre des problèmes que les parties prenantes – toutes guatémaltèques – avaient elles-mêmes définis. Rien n’était donc dicté, imposé ni suggéré par la communauté internationale. En outre, les projets ont tous été mis en oeuvre par des équipes qui ne comprenaient que des Guatémaltèques : les chargés de projet, les directeurs de la recherche, les conseillers, tous étaient du pays.
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Diaporama avec son
Interpeace
Un organisme international qui oeuvre à la consolidation de la paix
Projet des sociétés déchirées par la guerre
Page Web de l'UNRISD consacrée au projet (publications, équipe de recherche, informations associées)
Bibliothèque numérique du CRDI
Extrants de recherche relatifs au Projet des sociétés déchirées par la guerre