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Semer un avenir alimentaire durable grâce à l’aquaculture

 

Selon les chercheuses et chercheurs qui travaillent dans le cadre de l’initiative AQUADAPT du CRDI, la clé d’une aquaculture durable est de travailler avec la nature plutôt que contre elle.

Bien que l’élevage d’animaux et de plantes aquatiques puisse produire efficacement des aliments nutritifs pour la population mondiale croissante, les effets néfastes que cela peut avoir sur l’environnement menacent de l’emporter sur les avantages. Par exemple, les étangs piscicoles commerciaux ont contribué au défrichement d’au moins 70 % des mangroves de l’Asie du Sud-Est, l’un des écosystèmes les plus riches du monde. Il s’agit d’un grave problème dans la région Asie-Pacifique, d’où proviennent la plupart des produits de l’aquaculture consommés dans le monde.

Mais Prashneel Chandra, agent de recherche principal à la Division de l'aquaculture du ministère des Pêches de Fidji, a déclaré que les dommages peuvent être réparés pour améliorer la production alimentaire à long terme. Il a expliqué que la restauration des mangroves avait permis de décupler les bénéfices des ostréicultrices aux Fidji. Davantage de recherches sur les approches fondées sur la nature peuvent renforcer les moyens de subsistance. Selon M. Chandra, « les gens [en particulier les femmes] dans les petites nations insulaires du Pacifique ont plus de mer que de terre ; c’est, à mon avis, ce qui est avantageux pour les gens et leur permet d’améliorer leurs conditions de vie – les fruits de mer sont le mode de vie dans le Pacifique. »

Les solutions fondées sur la nature en aquaculture, comme la restauration des mangroves, combinent la protection ou la réhabilitation des écosystèmes avec la production alimentaire. Elles peuvent aider à garantir que la croissance de l’aquaculture fonctionne avec les services écosystémiques et les populations locales plutôt que contre eux. Mais ce n’est que la première étape vers l’objectif à long terme : faire en sorte que tout le secteur de l’aquaculture se régénère.

Faits saillants

  • La transition vers une aquaculture plus durable nécessite des efforts de collaboration entre les chercheuses et les chercheurs et les acteurs des secteurs public et privé. 
  • L’aquaculture régénérative a pour objectif de créer des systèmes qui produisent des aliments tout en ayant un impact positif sur l’environnement, en aidant à réparer les écosystèmes dégradés et à assurer la durabilité à long terme. 
  • Les chercheuses et les chercheurs d’AQUADAPT montrent comment les communautés peuvent rendre l’aquaculture plus régénératrice en travaillant avec la nature plutôt que contre elle. 

Qu’est-ce que l’aquaculture régénérative?

Les pratiques de régénération en aquaculture visent à restaurer et à revitaliser les écosystèmes plutôt qu’à simplement les maintenir dans leur état actuel. Contrairement à l’aquaculture conventionnelle, qui vise souvent à minimiser les dommages, l’aquaculture régénérative contribue activement à la santé de l’environnement, à l’amélioration de la biodiversité, à l’amélioration de la qualité de l’eau et à l’augmentation de la résilience des écosystèmes. Cette approche comprend des pratiques où différentes espèces sont cultivées ensemble pour créer un système équilibré et autosuffisant. Cela comprend également l’utilisation d’espèces régénératrices comme les huîtres, les mangroves ou les algues, qui filtrent naturellement l’eau et séquestrent le carbone. L’objectif est de créer des systèmes qui non seulement produisent de la nourriture, mais qui ont également un impact positif sur l’environnement, en aidant à réparer les écosystèmes dégradés et à assurer la durabilité à long terme. 

Les chercheuses et chercheurs d’AQUADAPT ont présenté cinq mesures clés en faveur de l’aquaculture régénérative lors de la Conférence 2024 de l’International Institute of Fisheries Economics and Trade à Penang, en Malaisie :

  • Les consommateurs doivent exiger des produits durables pour stimuler les investissements du secteur privé. 
  • Les chercheuses et chercheurs doivent démontrer la viabilité économique de l’aquaculture régénérative et fondée sur la nature. 
  • Les gouvernements doivent adopter des incitatifs financiers et des mesures stratégiques pour encourager les producteurs à réorienter leurs pratiques. 
  • Les intervenants de l’aquaculture doivent améliorer les normes opérationnelles pour une production plus verte et plus inclusive. 
  • Tous les acteurs doivent collaborer avec les communautés à la conception et à la mise en œuvre de solutions. 
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Les partenaires d’AQUADAPT se réunissent à la conférence IIFET à Penang, en Malaisie, en juillet 2024.
Holly Laurenzio/CRDI
Les partenaires d’AQUADAPT se réunissent à la conférence IIFET à Penang, en Malaisie, en juillet 2024.

AQUADAPT, également connu sous le nom de Solutions climatiques fondées sur la nature dans les systèmes alimentaires aquacoles en Asie-Pacifique, est un partenariat de quatre ans entre le CRDI et Affaires mondiales Canada qui s’attaque aux défis interdépendants des changements climatiques, de la perte de biodiversité et de l’insécurité alimentaire grâce à la recherche appliquée sur les solutions fondées sur la nature dans l’aquaculture dans la région Asie-Pacifique.

Aux Fidji, un projet ostréicole AQUADAPT vise à améliorer la qualité de l’eau locale en utilisant les fonctions de filtration naturelles des huîtres à lèvres noires et en restaurant les bassins hydrographiques en amont. Cela contribuera à améliorer la qualité de l’eau en aval et favorisera l’adoption de pratiques d’aquaculture régénérative. Un membre de ce projet, Justin Hunter de J. Hunter Pearls, estime que « plus il y aura de gens qui dépendent d’un environnement propre et sain, plus il y aura de gens qui deviendront des gardiens de la mer et qui appelleront à des changements fondamentaux… Il ne fait aucun doute que l’aquaculture régénérative doit avoir lieu maintenant. »

En Indonésie, un autre projet AQUADAPT vise à renforcer la résilience en intégrant la restauration des mangroves aux étangs d’aquaculture de crevettes comme solution de rechange à l’élevage de crevettes conventionnel et destructeur. Le World Resources Institute Indonesia et ses partenaires de Konservasi Indonesia considèrent l’aquaculture fondée sur la nature comme faisant partie de la planification du développement côtier durable. L’un des chercheurs, Victor Nikijuluw de Konservasi Indonesia, a déclaré que pour être efficace, la conservation des océans doit profiter à la fois à la nature et aux communautés : « Pour chaque zone océanique conservée, il devrait y avoir une activité économique qui soutient la population locale. » 

Les solutions régénératives nécessitent une collaboration entre les chercheuses et les chercheurs et les secteurs public et privé

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Une mangrove en Malaisie.
Holly Laurenzio/CRDI
Une mangrove en Malaisie.

Du point de vue des Fidji, M. Chandra considère l’aquaculture fondée sur la nature comme un moteur de développement important pour les femmes et les jeunes des îles du Pacifique, mais l’expansion de ces solutions afin qu’un plus grand nombre de personnes puissent en bénéficier nécessite une collaboration efficace entre les secteurs public et privé en matière de recherche : « Le secteur public doit examiner et promouvoir la recherche, et transmettre ces informations au secteur privé afin qu’il collabore à l’élaboration de plans de développement.

M. Chandra et ses collègues participent à un autre projet AQUADAPT qui appuiera l’élaboration de plans nationaux d’innovation et d’investissement pour une aquaculture durable aux Fidji, aux Philippines et en Thaïlande. L’organisation de plans nationaux d’innovation et d’investissement peut aider à combler l’écart entre la recherche et les politiques publiques et privées.

C'est là une des façons dont AQUADAPT promeut la valeur des partenariats multisectoriels. L’initiative travaille directement avec 35 institutions, y compris des universités, des organisations de la société civile, des gouvernements et le secteur privé, et collabore avec des dirigeants communautaires, des scientifiques, des aquacultrices et aquaculteurs, des experts mondiaux et d’autres parties prenantes par le biais d’une action fondée sur des données probantes.

Les chercheuses et les chercheurs doivent produire des données probantes sur la façon dont les solutions régénératives peuvent être bénéfiques pour l’environnement, être rentables et favoriser l’inclusion sociale. Nikita Gopal, chercheuse du projet AQUADAPT relevant de la section Genre, aquaculture et pêche de l’Asian Fisheries Society, est convaincue que les solutions fondées sur la nature peuvent tenir la promesse de transformer l’aquaculture. « Si vous voulez rendre nos collectivités plus résilientes, il est grand temps que nous passions à des systèmes réparateurs et fondés sur la nature », a-t-elle affirmé. Pour Mme Gopal, une aquaculture durable est nécessaire, « aujourd’hui plus que jamais », afin de protéger les générations futures des impacts des changements climatiques tout en nourrissant une planète qui se réchauffe.

Les leçons de cet article sont tirées de la discussion d’un groupe d’experts réunis par l’initiative AQUADAPT lors de la 21e conférence de l’International Institute of Fisheries Economics & Trade (IIFET) à Penang, en Malaisie, du 15 au 19 juillet 2024. Le groupe rassemblait des partenaires d’AQUADAPT issus du milieu universitaire, du secteur privé, d’organisations aquacoles mondiales et de ministères pour débattre de la façon dont les aliments aquatiques peuvent stimuler le développement économique tout en profitant à la nature et améliorant les conditions de vie dans les communautés.

Apprenez-en davantage sur l’initiative AQUADAPT

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