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Revue Externe et Évaluation d'impact de l'Initiative de gestion des ressources des hautes terres en Afrique

 
21 avril 2016

Il est généralement reconnu que la gestion intégrée des ressources naturelles (GIRN) contribue à l’atteinte du triple objectif de sécurité alimentaire, d’atténuation de la pauvreté et de protection du milieu naturel poursuivi par le CGIAR. Ce dernier définit en effet la GIRN comme étant une façon d’effectuer des recherches axées sur le développement pour à la fois s’attaquer à la pauvreté, assurer la sécurité alimentaire et protéger l’environnement. La meilleure manière d’assurer par ces moyens le bien-être de l’être humain, c’est d’améliorer l’écosystème dans lequel il travaille et il vit. La GIRN suppose de cerner les problèmes de manière participative, en mettant à contribution, d’entrée de jeu, les agriculteurs et les responsables des politiques. Suit ensuite la recherche interdisciplinaire de solutions de rechange au moyen des mesures définies à l’étape précédente. Puisque les agro-écosystèmes sont mus par les interactions de facteurs écologiques, économiques et sociaux, cette recherche doit continuellement faire la navette entre ces trois dimensions.

La grave dégradation du capital de ressources naturelles à laquelle l’on assiste dans les hautes terres fortement cultivées et peuplées de l’Afrique l’Est et du Centre est le résultat, d’une part, de mauvais systèmes de gestion des sols associés aux pratiques agricoles traditionnelles et, d’autre part, d’un effort concerté pour améliorer la productivité agricole au moyen de l’intensification et de la diversification. Le fait que la majorité des petits agriculteurs pauvres n’aient pas adopté bon nombre des technologies et pratiques agricoles améliorées destinées à atténuer certains de ces problèmes a exacerbé la situation. La prise de conscience de cet état de fait a donné lieu à l’élaboration de l’African Highlands Initiative (AHI), à la fois en tant que programme écorégional du CGIAR et que programme régional de l’Association pour le renforcement de la recherche agricole en Afrique de l’Est et du Centre (ASARECA). L’AHI a vu le jour en 1995, sous forme de consortium d’organismes nationaux et internationaux de recherche agricole et de développement.

L’AHI a un rôle d’innovation fondamental qui consiste à mettre au point des méthodes et des approches novatrices de GIRN participative, au moyen d’essais pilotes, de synthèses des résultats obtenus à divers emplacements, et de la diffusion et de l’institutionnalisation à l’échelle régionale. Pour s’acquitter de ce rôle, elle fait appel, à titre de bénéficiaires ou de partenaires, à des organismes et réseaux de recherche nationaux et internationaux, à des organismes voués au développement, à des administrations locales, à des organismes de la société civile, à des fournisseurs de services, à des responsables des politiques, à des organismes communautaires, ainsi qu’à des agriculteurs et agricultrices.

L’AHI réalise ses activités en divers emplacements repères situés dans des pays de l’Afrique l’Est et du Centre (en Éthiopie, en Ouganda et en Tanzanie par exemple). À chacun de ces emplacements, une équipe pluridisciplinaire et multi-institutionnelle formée de chercheurs et de travailleurs du développement collabore avec les agriculteurs selon un mode participatif. Une équipe de recherche régionale appuie les équipes des divers emplacements à partir du siège régional de l’AHI, à Kampala, en Ouganda. Les équipes bénéficient en outre du soutien technique et méthodologique d’associés de recherche régionaux postés dans les pays participants ou au siège régional. Un coordonnateur régional procure un soutien technique et administratif. L’AHI s’adonne au renforcement des capacités afin d’améliorer les compétences des scientifiques et des partenaires.

Pour élaborer et gérer ses programmes de recherche et de développement, l’AHI adopte une démarche qui permet à un grand nombre de parties prenantes de jouer un rôle actif dans la définition des thèmes de recherche et l’établissement des priorités. Le recours à des équipes pluridisciplinaires et multi-institutionnelles dans chacun des pays participants facilite la mise à l’essai d’approches et de systèmes sociaux et technologiques susceptibles de solutionner des problèmes de productivité agricole et de gestion de l’environnement.

La documentation et les données sur les incidences et sur les effets compilées par les équipes sont importantes, car elles servent à planifier de façon stratégique les travaux de recherche et les investissements futurs en Afrique de l’Est. Des évaluations et une rétroaction fréquentes aident l’AHI à améliorer ses activités de planification, de mise en oeuvre et de surveillance, ce qui facilite une poursuite plus efficace des buts et objectifs fixés. Dans ce contexte, l’AHI et ses établissements d’accueil, avec l’appui financier du Centre de recherches pour le développement international (CRDI), ont demandé un examen externe des incidences afin de cerner les progrès accomplis par l’AHI et d’évaluer son rendement dans la région. Bien que l’évolution de l’AHI se soit échelonnée sur plusieurs phases et qu’elle ait exigé une modification de son cadre contextuel, cet examen se concentre sur les phases III et IV, tout en s’inspirant des examens externes qui ont porté sur les phases précédentes.

Les objectifs de l’examen sont les suivants :

  1. évaluer la mesure dans laquelle l’AHI atteint ses objectifs et ses buts, tels qu’énoncés dans ses directives, et repérer toute évolution desdits objectifs
  2. documenter et évaluer les résultats de l’AHI (c.-à-d. extrants, incidences et répercussions à l’échelon des ménages, du paysage, du district et des institutions)
  3. présenter des réflexions sur les forces et les faiblesses de l’approche thématique et des stratégies de l’AHI par rapport à la réflexion et à la pratique actuelles
  4. évaluer la composition et le fonctionnement de l’équipe quant à son aptitude à atteindre les objectifs
  5. formuler des recommandations sur la façon dont l’AHI pourrait s’adapter à la situation actuelle et anticiper les changements dans le domaine de la recherche en GIRN.

Pour remplir son mandat dans le court délai imparti et fournir une rétroaction à l’AHI et à ses parties prenantes, bailleurs de fonds et établissements d’accueil, l’équipe chargée de l’examen

  1. a procédé à un examen documentaire exhaustif (à l’aide du site Web, de mémoires, de documents de travail, de revues et d’autres rapports pertinents que lui a communiqués l’AHI)
  2. a réalisé des enquêtes auprès des ménages à quatre emplacements (Lushoto, en Tanzanie, Kapchorwa, en Ouganda, et Areka et Ginchi, en Éthiopie), a effectué plus de 400 entrevues dans les ménages, a procédé à des analyses des données axées sur les répercussions sur les ménages, les collectivités et les institutions locales, et a produit des données tant quantitatives que qualitatives; les ménages participant à l’enquête appartenaient à trois catégories : les « ménages participants » sis dans le bassin versant, les « autres résidents » du bassin versant qui, selon les prévisions, ne sont pas appelés à profiter des retombées et un « groupe témoin » hors de la zone visée, à des fins de comparaisons contrefactuelles;

  3. a réuni des agriculteurs dans des groupes de discussion afin d’aborder des questions relatives au paysage
  4. a interviewé des intervenants à l’échelon institutionnel pour consigner les extrants de l’AHI et évaluer ses incidences et, dans certains cas, ses répercussions sur les établissements partenaires
  5. a étudié quatre rapports de visites sur le terrain de la part de consultants ainsi qu’une synthèse des résultats des groupes de discussion et des enquêtes auprès des ménages.