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Recours à la technologie pour réduire les inégalités en matière de santé au Kenya

 
22 novembre 2016

Le 9 novembre, le Bureau régional de l’Afrique subsaharienne (BRAS) du Centre de recherches pour le développement international (CRDI) a reçu des représentants du gouvernement du Kenya, du secteur privé et d’instituts de recherche pour une présentation sur les résultats des travaux de recherche du Kenya Medical Research Institute (KEMRI)-Wellcome Trust. Cette étude réalisée en trois ans, intitulée Addressing health inequities in Kenya: Potential and feasibility of e-health approaches to promote health equity in the Kenyan health system, a été menée dans le cadre du Programme de promotion de l’équité au moyen du renforcement des capacités de recherche appliquée en cybersanté (SEARCH) du CRDI.

Mme Doris Kirigia, chercheuse pour le KEMRI-Wellcome Trust et chercheuse principale du projet de recherche SEARCH au Kenya, a présenté les résultats. La recherche visait à déterminer à quel point les technologies numériques, telles que les interventions qui ont recours à la cybersanté et à la santé mobile, permettent d’atteindre les populations vulnérables du Kenya et favorisent l’équité en matière de santé. L’étude envisageait également de mobiliser les communautés afin qu’elles participent aux processus décisionnels susceptibles d’accroître la responsabilisation et la gouvernance du système de santé.

L’étude s’est penchée sur 70 projets en cybersanté – dont la plupart étaient des interventions en santé mobile – axés sur différents objectifs, entre autres élargir l’accès géographique aux services de santé, améliorer la gestion des données, former les travailleurs de la santé, améliorer les diagnostics et favoriser l’adoption de comportements sains. Les changements de comportement occupaient d’ailleurs une place prépondérante dans les projets, surtout ceux portant sur les soins primaires, sur le VIH/SIDA, et sur la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants.

Selon les résultats du projet, les initiatives en cybersanté font rarement l’objet d’une évaluation (59 % des projets n’avaient rapporté aucune évaluation). Cette lacune est digne de mention, puisqu’elle risque d’avoir un effet dissuasif sur la mise en oeuvre des interventions à plus vaste échelle. Les résultats ont révélé que peu de projets avaient été lancés dans des zones marginalisées ou dans les régions rurales.

On a également signalé des problèmes liés à la confidentialité et à la propriété des données, qui sont des considérations importantes dans le domaine de la cybersanté. L’équipe de recherche a découvert que les données recueillies dans le cadre d’interventions en cybersanté sont souvent stockées dans des serveurs situés en dehors du Kenya. Cette constatation soulève des préoccupations quant à la confidentialité des données des patients, des fournisseurs et des planificateurs. Afin d’y remédier, le ministère de la Santé s’affaire à mettre en place un serveur commun avec l’Université de Nairobi pour stocker les données au pays.

La recherche a démontré que plusieurs des responsables de la mise en oeuvre de la cybersanté hésitent à échanger des renseignements sur leurs applications, y compris des détails sur l’équipement et les logiciels utilisés. Par conséquent, on en connaît peu sur les travaux et la collaboration est restreinte, ce qui, dans bien des cas, donne lieu à un dédoublement des efforts. Ainsi, le ministère de la Santé a du mal à tirer parti des réussites et des enseignements tirés de ces travaux.

Influence sur les politiques et sur les pratiques

Lorsque le projet SEARCH a débuté au Kenya en 2013, il n’existait dans ce pays aucun cadre réglementaire pour la cybersanté. Il n’y avait pas non plus de normes, de lignes directrices ou de documents de politiques connexes. Ces lacunes nuisaient à l’intendance et à la participation du gouvernement, qui sont d’importants facteurs de la durabilité des projets de cybersanté. L’équipe de recherche a travaillé en étroite collaboration avec l’unité de cybersanté du ministère de la Santé tout au long du projet, et le ministère élabore actuellement un cadre qui permettra de certifier toutes les innovations en cybersanté, à tout niveau du système de santé. On réduira ainsi le dédoublement des initiatives, tout en favorisant le recours à des plateformes communes.

Le projet a démontré l’importance de la concertation des représentants du gouvernement, du milieu de la recherche et du secteur privé pour l’atteinte d’un objectif commun. Par exemple, le ministère de la Santé s’est impliqué dès la formulation du projet et tout au long de sa mise en oeuvre. Le directeur de la cybersanté convoquait souvent les intervenants (y compris le secteur privé) au cours du processus. Les résultats des travaux de recherche ont servi à l’élaboration de documents de politiques pour guider la mise en oeuvre de la cybersanté et de la santé mobile au Kenya, comme la politique sur la cybersanté et la stratégie de 2015-2020. Des guides complémentaires sur la définition de l’architecture de l’entreprise, l’interopérabilité, les normes et les lignes directrices pour les systèmes de santé mobile seront publiés au début de décembre 2016.

Savoir davantage

Site Web du Kenya Medical Research Institute (KEMRI)-Wellcome Trust.

Le projet Programme de promotion de l’équité au moyen du renforcement des capacités de recherche appliquée en cybersanté.