Protéger les droits des femmes

La problématique
Traditionnellement, les femmes africaines n’ont pas bénéficié d’un accès égal aux protections juridiques et aux terres, malgré le rôle qu’elles jouent dans les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire. Cet accès inégal est aujourd’hui encore plus compromis en raison des processus de gouvernance opaques qui sont liés aux ATGE et de l’exclusion des femmes du processus de prise de décisions.
Constatations des recherches
Au Cameroun, au Ghana et en Ouganda, les chercheurs examinent spécifiquement la manière dont les femmes sont touchées par les ATGE, les mesures qui pourraient être prises pour leur permettre de participer à la prise de décisions, et les cas où des femmes ont exercé un solide leadership en ce qui a trait aux questions foncières. Au Cameroun, où la plupart des transactions foncières importantes ont lieu sur des terres nationales, les femmes ne sont généralement pas représentées dans le processus. Par conséquent, elles obtiennent une indemnité inadéquate et perdent leur accès à l’eau, au carburant et à d’autres ressources dont elles ont besoin pour soutenir leur famille. Lorsque les hommes migrent, les femmes deviennent également responsables des ménages, ce qui augmente leur charge de travail et leur stress. Dans un site ougandais à l’étude, où les femmes avaient un accès garanti et des droits d’utilisation des terres conformément à un système clanique traditionnel, une perte globale des droits collectifs a suscité des ventes de terres qui menacent maintenant les droits des femmes et les moyens de subsistance des communautés. Au Ghana, l’étude démontre que les femmes subissent des injustices associées aux transactions foncières. La valeur des terres et les indemnités sont généralement faibles et elles sont uniquement obtenues par des hommes. De plus, les femmes sont exclues du processus de prise de décisions. Ni les chefs de famille ni les chefs locaux n’ont volontairement partagé les détails concernant les transactions foncières. De plus, ils avaient tendance à consulter uniquement un conseil d’aînés composé seulement d’hommes.
Les recherches au Libéria, au Mozambique et en Ouganda ont révélé des différences importantes entre les sexes. Au Mozambique, le droit coutumier permet aux femmes d’accéder aux terres, mais pas à la sécurité si elles deviennent veuves ou si elles divorcent. Les recherches étudient davantage le rapport entre les droits fonciers communautaires et les titres fonciers individuels en ce qui a trait à la protection de la sécurité d’occupation des femmes. Au Libéria, on a fait état d’importantes différences en matière de participation à la gouvernance foncière, 58 % des hommes et seulement 34 % des femmes déclarant être au courant des rencontres. Dans les communautés où se sont tenues les rencontres, les femmes ont fait état d’une participation moindre.
La réponse
L’éducation et une plus grande défense des droits concernant l’autonomisation et la fonction des femmes pourraient jouer un rôle majeur. Au Libéria, les recherches ont révélé des niveaux élevés de connaissance des droits successoraux, fort probablement en raison d’une vaste campagne d’éducation publique. Les recherches provenant du Ghana, du Cameroun et de l’Ouganda mentionnent que, même si des organisations non gouvernementales (ONG) travaillent à renforcer les capacités des femmes, la réponse globale s’est avérée lente. Il reste du travail à faire dans l’ensemble des territoires afin de rétrécir l’écart entre la théorie et la pratique relative à la protection des droits fonciers des femmes, des familles et des populations rurales.
Cet ouvrage est une des cinq questions transversales émanant des premières recherches sur les acquisitions de terres à grande échelle en Afrique. Apprenez-en davantage sur la façon dont les chercheurs travaillent avec les communautés afin d’accroître leur capacité de protéger leurs droits.