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Mobiliser les connaissances pour la résilience et l’adaptation au climat

 

Le sixième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) souligne l’urgence de trouver des moyens de s’adapter aux effets du réchauffement climatique, même si nous nous efforçons de limiter la hausse des températures mondiales. Ces répercussions sont inégalement réparties : les personnes les plus durement touchées sont les personnes les plus vulnérables et les écosystèmes les plus fragiles du monde entier.

Bien que nous ayons constaté des progrès mondiaux en matière d’adaptation, des lacunes importantes subsistent, en particulier pour les populations à faible revenu. Le GIEC appelle à des solutions qui s’attaquent aux inégalités sociales, ciblent les populations les plus à risque et transcendent les secteurs et les systèmes. Lorsque les plans d’adaptation ne tiennent pas compte de la façon dont ils affectent divers groupes de la société, ils peuvent exposer les gens à des risques accrus et aggraver les inégalités. Les mesures visant à améliorer l’adaptation et la résilience doivent donc être menées localement et être inclusives afin que personne ne soit laissé pour compte et que les personnes les plus touchées par les changements climatiques aient leur mot à dire dans l’élaboration de solutions.

Grâce à ses investissements à long terme dans l’adaptation aux changements climatiques, le CRDI a appris que pour que les données probantes soient utilisées, elles doivent répondre aux priorités des décideurs et des autres utilisateurs d’une manière qu’ils peuvent appliquer directement. Cela exige une collaboration et une attention particulière à la synthèse, l’application et au courtage des connaissances afin de mieux relier ceux qui produisent des données probantes à ceux qui peuvent les mettre en œuvre. 

Faits saillants

  • L’action climatique exige des données probantes qui répondent aux priorités des décideurs et des autres utilisateurs d’une manière qu’ils peuvent appliquer directement. Cela nécessite une collaboration et une concentration sur la synthèse, l’application et le courtage des connaissances afin d’améliorer les liens entre les personnes qui produisent des données probantes et celles qui peuvent les mettre en œuvre. 

  • Des investissements modestes dans les contributions africaines au sixième rapport d’évaluation du GIEC ont produit des résultats démesurés, notamment une nouvelle compréhension des vulnérabilités et des options d’adaptation de l’Afrique et un nouveau cadre d’évaluation des risques climatiques. 

  • Grâce à l’initiative CLARE, au CDKN et à l’initiative Activer le changement, le CRDI et ses partenaires investissent dans des efforts de collaboration multisectoriels qui mobilisent des données probantes pour l’action climatique tout en renforçant les capacités et le leadership du Sud.

Renforcer les capacités du Sud en matière de lutte contre les changements climatiques

L’initiative Adaptation aux changements climatiques et résilience (CLARE), cofinancée par le CRDI et le Foreign, Commonwealth and Development Office du Royaume-Uni, permet une action socialement inclusive et durable pour renforcer la résilience dans les pays vulnérables à faible revenu et à revenu intermédiaire d’Afrique et de la région Asie-Pacifique. Selon le président du CRDI, Jean Lebel, « le partenariat CLARE reconnaît que les efforts déployés pour répondre à la crise climatique sont limités par la sous-représentation des voix des pays du Sud dans les écosystèmes de la recherche et du savoir ». 

L’initiative CLARE, qui a été lancée en 2021, favorise les partenariats de collaboration intersectoriels, générant de nouvelles connaissances qui renforcent l’adaptation et la résilience. Elle soutient des actions localisées et fondées sur des données probantes pour aider les personnes vulnérables à résister aux effets des changements climatiques et à apporter des contributions vitales aux réponses internationales. Afin de maximiser l’utilisation des connaissances dans les politiques et les pratiques en matière d’action climatique, elle investit également dans le renforcement des compétences requises et fournit des services et des outils de courtage de connaissances. 

Faire progresser le leadership éclairé de l’Afrique en matière de gestion des risques climatiques 

Les régions côtières semi-arides et de faible altitude d’Afrique sont parmi les plus vulnérables aux changements climatiques. Pourtant, la science africaine est sous-représentée dans les évaluations internationales des risques et des répercussions. Pour combler cette lacune, l’initiative CLARE a fourni un soutien financier afin de renforcer la contribution de l’Afrique au sixième rapport d’évaluation du GIEC et de renforcer la capacité des jeunes universitaires africains à contribuer aux futurs cycles d’évaluation. Elle a financé la participation de deux auteurs africains coordonnateurs principaux et de stagiaires de soutien et leur a permis de faire la synthèse des recherches sur les principaux sujets d’évaluation. 

Selon la coprésidente du GIEC, Debra Roberts, le dernier chapitre régional pour l’Afrique était « l’examen le plus clair et le plus complet du continent jamais présenté dans un rapport du GIEC ». 

La synthèse des données probantes est allée au-delà du renforcement du chapitre sur l’Afrique du rapport. Elle a exercé une forte influence sur la dernière stratégie et le plan d’action de l’Union africaine sur les changements climatiques et un développement résilient, qui fait écho aux messages du chapitre sur la sensibilisation aux changements climatiques, le financement de l’adaptation, la bonne gouvernance et le droit, les transports et la mobilité, la résilience urbaine, l’assurance climatique et les services climatiques. 

L’incidence de l’équipe de recherche africaine s’est étendue bien au-delà de l’Afrique. Dans un article de journal publié en 2021, l’équipe a proposé un nouveau cadre de réflexion sur les risques liés aux changements climatiques qui se répercute dans le rapport du GIEC. Comme le font valoir les coauteurs de l’Université du Cap, Nicholas Simpson et Christopher Trisos, dans The Conversation, « des données probantes récentes indiquent que certaines des répercussions les plus graves des changements climatiques, tels que ceux résultant d’une chaleur mortelle ou d’un effondrement soudain des écosystèmes, sont fortement influencées par les interactions entre les secteurs et les régions ». Ils soulignent également les risques présentés par inadvertance par certaines mesures d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques. Les interactions entre ces divers risques peuvent s’aggraver et provoquer des effets en cascade sur les groupes et les écosystèmes vulnérables. 

Cette nouvelle reconnaissance influence la réflexion jusqu’en Europe et en Amérique du Nord : elle est prise en compte dans la création, par le gouvernement belge, d’un nouvel organisme de coordination pour l’analyse et l’évaluation des risques climatiques et de la Vision 2030 du ministère américain de l’Énergie pour l’évaluation des risques. 

Ce petit investissement dans le cadre de l’initiative CLARE a eu des résultats de grande envergure : les chefs de projet ont depuis rejoint l’équipe de rédaction principale du Summary for Urban Policymakers, qui se concentre sur les implications du sixième rapport d’évaluation pour les zones urbaines et mobilise les responsables municipaux du monde entier. Le résumé sera publié avant la 27e session de la Conférence des parties (COP) à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), ou COP27, qui se tiendra à Charm el-Cheikh, en Égypte, du 6 au 18 novembre. Il définit le programme de recherche d’un futur rapport spécial du GIEC sur les villes et les établissements en bord de mer, proposé pour le septième cycle d’évaluation du GIEC. 

Media
Une femme arrose des semis d’arbres dans une pépinière à Machakos, au Kenya.
CRDI/Sven Torfinn

Favoriser l’apprentissage par les pairs et le courtage des connaissances 

Le Réseau de connaissances sur le climat et le développement (CDKN) transmet les connaissances sur le climat aux décideurs et entre eux, notamment par le biais de possibilités d’apprentissage par les pairs au sein des ministères. Depuis 2018, le CDKN est dirigé par une alliance d’organisations entièrement basées dans les pays du Sud. Avec le soutien du CRDI et du ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas, il a développé ses services de « connaissances-en-action », en cultivant l’apprentissage, la collaboration et le leadership du Sud en matière d’action climatique. 

En Amérique du Sud, par exemple, le CDKN a encouragé l’apprentissage par les pairs parmi les spécialistes des questions de genre au sein des ministères de l’Environnement du Pérou, de l’Équateur et du Chili. Cet apprentissage a porté sur l’intégration de la dimension de genre dans les contributions établies à l’échelle nationale et dans tous les secteurs. En conséquence, le gouvernement de l’Équateur a utilisé les connaissances acquises pour élaborer son plan d’action en matière de genre et de changements climatiques. 

En Namibie, le CDKN a aidé à intégrer une action climatique sensible au genre dans les plans et projets régionaux. Grâce à cette initiative, une institution a été créée pour améliorer la coordination régionale et nationale en matière de changements climatiques et de genre. 

Au Népal, le CDKN a renforcé la gestion collaborative de l’eau en organisant des forums sur l’eau, en élaborant des trousses d’outils et en organisant des échanges entre des experts australiens et népalais de la gestion de l’eau en milieu urbain. Les recommandations issues de ces initiatives ont finalement été incluses dans un plan de sécurité de l’eau pour le gouvernement local de Dhulikhel. 

Perspectives : approfondir notre soutien à l’adaptation et à la résilience dirigées par les pays du Sud 

En 2022, l’initiative CLARE a lancé un appel à notes conceptuelles qui permettra de lancer une nouvelle série de projets en Afrique et en Asie-Pacifique au début de 2023, avec un investissement prévu de 56 millions de dollars canadiens. La recherche financée aidera les pays à améliorer leur compréhension des risques climatiques, à renforcer leur action pour faire face aux extrêmes climatiques et aux risques naturels, et à poursuivre un développement résilient dans un climat changeant. Les projets seront multinationaux, transdisciplinaires et collaboratifs et seront dirigés par des chercheurs du Sud ou en partenariat avec eux. 

Le CRDI et le ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas augmentent également leur investissement dans la mobilisation des connaissances pour les mesures d’adaptation en lançant l’initiative Activer le changement. En s’appuyant sur un soutien antérieur au CDKN, l’initiative fera progresser un développement résilient au climat, sensible au genre et socialement inclusif, en mobilisant les connaissances en action et en renforçant le leadership et les capacités climatiques à tous les niveaux. Un deuxième volet de « construction sur le terrain » de l’initiative Activer le changement mettra à l’échelle les leçons du CDKN sur les moyens efficaces de courtage des connaissances pour l’action. Il développera les capacités du Sud en matière de synthèse et de courtage des connaissances et augmentera le nombre d’organisations dotées de ces compétences. 

Avec l’urgence croissante de l’adaptation aux changements climatiques, ces investissements augmenteront l’élan pour l’action et produiront une masse critique d’organisations du Sud capables de promouvoir des solutions d’adaptation locales.