L’innovation est-elle sexiste ? Journée internationale de la femme 2017
Le CRDI a souligné la Journée internationale de la femme en organisant une discussion de groupe le 8 mars, à Ottawa, sur les femmes et l’innovation.
Le président du CRDI, Jean Lebel, a accueilli environ 90 personnes à la rencontre intitulée « L’innovation est-elle sexiste ? » avant que la secrétaire parlementaire du développement international, Celina Caesar-Chavannes, prononce son mot d’ouverture. La discussion était animée par Rachel Vincent, de la Nobel Women’s Initiative.
Le groupe était composé de :
- Cecilia Rocha, directrice de la School of Nutrition et chercheuse adjointe au Centre d’études en sécurité alimentaire de l’Université Ryerson (Toronto, Canada);
- Helani Galpaya, première dirigeante de LIRNEasia (Sri Lanka);
- Tabitha Gathoni Mundia de la Société financière internationale (située à Washington, D.C.); et
- Nozipho Motsa de l’Université du Zululand (Afrique du Sud/Swaziland).
Ces femmes ont présenté des perspectives différentes sur la façon dont la technologie et l’innovation s’appliquent à leurs collectivités et, plus important encore, sur l’importante question du sexisme dans la recherche et les domaines de la science, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM).
L’innovation est-elle sexiste ?
Cecilia Rocha croit que l’innovation n’est pas intrinsèquement sexiste, mais que c’est plutôt la conception et la mise en oeuvre des recherches qui dictent si l’innovation est sexiste ou non. Par exemple, pour obtenir une subvention familiale qui vise à aider les femmes au Brésil, il faut faire signer les formulaires par le chef de ménage.
Comme les chefs de ménage dans la majorité des collectivités traditionnelles du Brésil sont des hommes, cela entraîne des difficultés considérables pour les femmes. Même si le but de la subvention est de venir en aide aux femmes, elle entraîne un effet sexiste. Comme l’a expliqué Mme Rocha : [traduction] « la conception et la mise en oeuvre des politiques doivent être clairement axées sur les sexospécificités afin que nous puissions apporter des changements ».

Pourquoi y a-t-il si peu de femmes en recherche ?
Selon l’Institut de statistique de l’UNESCO, seulement 28 % des chercheurs sont des femmes. Tabitha Gathoni Mundia attribue ces statistiques au manque de modèles féminin dans le domaine des sciences et à la perception négative des femmes dans les domaines des STIM.
D’un point de vue culturel, elle affirme que les femmes dans les domaines des STIM [traduction] « sont considérées comme ayant un fort caractère. Dans le contexte africain, cela peut nuire aux chances de mariage. » Les participantes au groupe s’entendaient sur la difficulté d’établir un équilibre entre le travail et la vie personnelle en tant que femmes, expliquant que les rôles de soignante, d’épouse, de soeur ou de fille sont difficiles à maintenir lorsque l’on étudie ou que l’on travaille dans les domaines techniques et exigeants des STIM.
Par conséquent, de nombreuses femmes ne peuvent pas ou ne veulent pas établir cet équilibre et ne bénéficient peut-être pas du soutien nécessaire pour le faire. Nozipho Motsa a expliqué que même si certaines subventions de recherche sont conçues spécifiquement pour les femmes, elles ne tiennent pas compte du fait que bon nombre ont des enfants. Si l’on offrait davantage de mesures d’accommodement pour les femmes ayant des enfants, on pourrait voir augmenter le nombre de femmes en recherche ou dans les domaines des STIM.
La situation est-elle susceptible de s’améliorer ?
Bien qu’il soit clair que les femmes se heurtent à des obstacles précis dans les domaines dominés par les hommes, toutes les participantes sont d’avis qu’il y a de l’espoir pour les femmes dans l’avenir de l’innovation. Mme Motsa croit en l’importance de susciter une envie de croissance chez les jeunes.
« Lorsque nous commençons à mobiliser les jeunes dès le début, il devient facile de modifier leur mentalité à mesure qu’ils grandissent. Nous n’avons pas besoin de les limiter à l’environnement de la cuisine », dit-elle.
Helani Galpaya adopte une approche différente, expliquant que les principaux problèmes touchent les institutions, qui sont difficiles à changer. Elle garde toutefois espoir, car « il n’y a pas de développement économique sans les femmes ».
Mme Mundia, l’avenir sera meilleur lorsque tout le monde, les hommes comme les femmes, aura accès à des occasions équivalentes grâce à un accès généralisé à Internet.
Malgré tout le chemin parcouru, il reste des progrès à faire pour réduire le sexisme dans les domaines de la recherche et des STIM. Par contre, nous verrons sans doute plus de femmes en recherche si nous continuons à les soutenir et à les autonomiser et si nous changeons les préjugés de la société selon lesquels les domaines techniques sont réservés aux hommes. Comme le soutient Mme Rocha : « Nous vivons dans des cultures et des sociétés très sexistes et il incombe aux hommes et aux femmes de changer la donne ».
Célébrer les femmes et l'innovation et poser la question: l'innovation est-elle sexiste ?
Le CRDI présente un panel sur l'innovation sexiste? Accueilli par le président du président du CRDI, Jean Lebel, avec un panel de femmes diverses du monde entier.