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Les programmes de lutte contre la pauvreté peuvent aussi soutenir l’égalité des sexes.

 
20 janvier 2020

De nouvelles recherches déterminent comment les programmes de lutte contre la pauvreté peuvent également s’attaquer aux obstacles sexospécifiques pour générer des effets transformateurs et durables sur la vie des pauvres.

Les programmes de progression pour sortir de la pauvreté, actuellement en cours dans plus de 40 pays, renforcent la capacité financière et consolident le patrimoine pour aider les ménages à devenir autonomes et à surmonter l’adversité. L’objectif est de « sortir » les participants de l’extrême pauvreté en leur offrant un soutien dans cinq domaines :

  • consommation de base;

  • capacité d’épargner;

  • connaissances financières;

  • compétences pour gagner sa vie;

  • biens (par exemple, du bétail ou une machine à coudre).

La combinaison de ces cinq composantes s’avère être un moyen rentable pour les gouvernements d’atteindre les personnes les plus marginalisées qui n’ont pas encore bénéficié des efforts de réduction de la pauvreté.

De la participation des femmes à l’égalité des sexes

Les femmes représentent environ 80 % des participants aux programmes de progression. Tandis que ces programmes contribuent certainement à leur autonomisation économique, ils peuvent aussi soutenir l’égalité des sexes de façon plus générale en transformant les restrictions qui empêchent les femmes d’accéder aux ressources et de les contrôler. En s’attaquant aux normes sociales restrictives, aux relations de pouvoir inégales entre les hommes et les femmes et aux contraintes institutionnelles qui entravent l’autonomisation globale des femmes, les programmes de progression peuvent favoriser des transformations vraiment durables pour les femmes, les hommes et les communautés en général.

L’accent mis sur l’égalité des sexes peut aussi contrer les effets négatifs non intentionnels des programmes de progression, comme le double fardeau du travail à domicile et du travail rémunéré ou, dans des cas plus extrêmes, la violence conjugale qui mine le contrôle des femmes sur les ressources.

Media
Alicia Velazquez, de Capiíbary, au Paraguay, utilise l'application d'encadrement pour développer ses compétences en affaires.
FUNDACIÓN CAPITAL

Leçons apprises sur l’égalité des sexes et les programmes de progression

La Fundación Capital, partenaire de recherche du CRDI, a récemment publié un document qui passe en revue les données probantes sur les effets des programmes de progression sur l’autonomisation et la capacité d’agir des femmes. Sonia Laszlo, auteure du document et professeure agrégée en économie à l’Université McGill, a dégagé les leçons suivantes en s’inspirant des politiques et des pratiques des programmes de progression du monde entier.

Recenser les conditions préexistantes : L’infrastructure locale, l’estime de soi des gens, les relations à la maison, le statut socio-économique et d’autres conditions préexistantes ont une incidence sur les résultats d’un programme. Ces facteurs doivent être compris et pris en compte dans la conception et la planification du programme.

Cibler les personnes vulnérables : Le genre est une source importante d’inégalité, mais d’autres facteurs le sont aussi. Par exemple, un handicap pourrait empêcher des femmes de participer à un programme. Des efforts particuliers doivent être faits pour inclure les femmes des populations marginalisées.

Encadrer dès le début : Pour autonomiser les femmes, l’encadrement doit explicitement remettre en question les rôles sexospécifiques traditionnels et les normes sociales. L’encadrement doit avoir lieu au début du programme et il doit inclure les hommes (surtout les maris). D’autres recherches sont nécessaires pour trouver des moyens rentables d’offrir un encadrement à grande échelle.

Instaurer des groupes de femmes : Les groupes d’entraide et d’épargne et de crédit jouent un rôle important dans l’autonomisation des femmes – y compris dans des dimensions non économiques telles que les relations interpersonnelles et la participation politique.

Impliquer les hommes : L’implication des hommes (en particulier des maris) dans les étapes d’encadrement et de formation des programmes est cruciale pour traiter la dynamique de l’inégalité des sexes.

Gérer le travail de soins : La réduction et la redistribution du travail de soins et des tâches domestiques dans les ménages sont fondamentales.

Sensibiliser le personnel local : Les obstacles sexospécifiques recoupent d’autres formes de discrimination basées sur la race, l’origine ethnique, l’identité sexuelle, la religion et d’autres aspects de l’identité. Le personnel local formé doit reconnaître cette intersectionnalité tout au long de la mise en oeuvre du programme.

Atteindre des centaines de milliers de personnes grâce aux programmes gouvernementaux

Le but est de déterminer, de mettre à l’essai et d’évaluer les outils et les pratiques pertinents pour promouvoir une approche transformatrice à l’égard des sexospécificités dans les programmes de progression. L’approche sera mise à l’essai au Paraguay et au Pérou, mais les travaux de recherche devraient être pertinents à l’échelle mondiale. Le CRDI appuie ces travaux de recherche grâce à une subvention à la Fundación Capital et à l’Instituto de Estudios Peruanos.

Le travail s’appuie sur le soutien apporté précédemment à la recherche afin que le modèle de progression, conçu et mis en oeuvre à l’origine par des organisations non gouvernementales, puisse être intégré dans les grands programmes gouvernementaux de protection sociale pour des centaines de milliers de personnes. Avec l’appui du CRDI et de la Fondation Ford, la Fundación Capital a introduit d’importantes innovations dans les programmes de progression, comme le recours aux technologies numériques pour la formation et l’encadrement. Les données probantes générées par une initiative multinationale d’apprentissage et d’évaluation montrent que les adaptations ont des effets positifs sur le bien-être des ménages extrêmement pauvres, notamment en augmentant la confiance en soi, l’épargne, les actifs physiques et le temps consacré à leurs propres activités productives.

Des spécialistes des programmes de progression de partout dans le monde ont discuté des efforts déployés pour intégrer une perspective sexospécifique à leurs travaux lors d’une réunion tenue à Ottawa en septembre 2019 et organisée par le CRDI, la Fundación Capital et le Partnership for Economic Inclusion (Partenariat pour l’inclusion économique) de la Banque mondiale. La réunion a mené à la création d’un groupe de travail pour continuer à promouvoir l’autonomisation et la capacité d’agir des femmes par l’entremise de programmes de lutte contre la pauvreté.

Lire la synthèse de la Fundación Capital

Visionner l’entrevue de Tatiana Rincón, vice-présidente de la Fundación Capital

Lire la synthèse de la série de recherches du programme CEDEF, produite par l’Institut d’étude du développement international de l’Université McGill