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Les pôles régionaux catalysent l’IA pour améliorer la santé des femmes

 

L’intelligence artificielle (IA) et ses applications en pleine expansion transforment la façon dont les systèmes de santé sont planifiés et la façon dont les services de santé sont fournis à l’échelle mondiale, y compris dans les pays à faible et à moyen revenu. 

Par exemple, l’IA peut exploiter les données pour révéler les tendances de la maladie et améliorer le traitement et les soins, prévoir les risques pour la santé des personnes soignées et améliorer l’efficacité des services et des systèmes de santé, entre autres les innovations.

L’IA présente des possibilités et des risques importants pour les domaines des systèmes de santé qui sont particulièrement à la traîne, telle que les santés maternelle, sexuelle et reproductive. Les taux de mortalité maternelle sont loin d’atteindre l’objectif de développement durable (ODD), la prévalence des mariages d’enfants et des grossesses chez les adolescentes reste élevée et des lacunes importantes subsistent dans l’accès à la contraception, à l’avortement sans risque et aux soins post-avortement, ainsi qu’à l’éducation exhaustive en matière de santé sexuelle et maternelle.

Il existe un besoin urgent de données probantes sur des solutions innovantes qui améliorent les santés maternelle, sexuelle et reproductive des femmes, ainsi que leurs droits, tout en renforçant les systèmes de santé pour des services de santé intégrés et durables. Ceux-ci aident les femmes, leurs familles et leurs communautés à mener une vie saine et à s’épanouir.

L’initiative Intelligence artificielle au service de la santé mondiale (IASM) du CRDI travaille à l’intersection de ce besoin urgent de solutions fondées sur des données probantes et de la capacité de l’IA à susciter un changement positif transformateur.

Cette initiative d’une durée de cinq ans, d’un montant de 15,5 millions de dollars canadiens, finance des équipes de recherche dans les pays à faible et à moyen revenu pour renforcer les systèmes de santé en tirant parti de solutions contextualisées faisant appel à l’IA responsable afin d’améliorer les santés maternelle, sexuelle et reproductive des femmes et des filles, et de soutenir une préparation et des réponses plus efficaces et équitables aux épidémies et aux pandémies.

L’IASM promeut l’IA responsable, notamment des solutions éthiques, inclusives, durables et respectueuses des droits. Elle soutient des projets et des processus de recherche solides, novateurs et interdisciplinaires en Afrique subsaharienne, en Asie, en Amérique latine et dans les Caraïbes, ainsi qu’au Moyen-Orient et en Afrique du Nord.

Quatre pôles régionaux ont été établis pour soutenir la capacité des institutions régionales et locales à superviser la recherche et à établir des réseaux de recherche.

« Ces pôles recensent des équipes et des sujets de recherche prometteurs en IA, et leur offrent des subventions, un soutien technique, ainsi que des occasions de collaborer et d’échanger leurs connaissances », a déclaré Chaitali Sinha, spécialiste principale du programme Santé mondiale du CRDI. « Ils partagent tous un point de départ commun, mais sont adaptés aux contextes locaux qu’ils représentent. Cela fait partie de l’IASM. »

En plus de diriger les travaux de l’IASM dans chaque région, les pôles collaboreront pour contribuer à l’apprentissage et à la production de connaissances entre les régions. Ils cerneront également les thèmes prioritaires, en plus de les valider et de les consigner, renforceront les capacités des innovatrices et innovateurs, des équipes de recherche et des décisionnaires politiques, et augmenteront le nombre d’innovations locales en matière d’IA, des santés maternelle, sexuelle et reproductive et de droits.

Les solutions de santé de l’IA comprennent l’analyse prédictive, les outils mobiles, les plateformes de télémédecine et les diagnostics pour améliorer l’exactitude des maladies, en particulier dans les contextes où le personnel médical spécialisé n’est pas disponible.

Dans leurs efforts visant à élaborer des solutions de soins de santé innovantes, les pôles atténueront également les risques, tels que la protection de la vie privée, selon Samuel Oji Oti, spécialiste principal du programme Santé mondiale du CRDI.

« Les considérations relatives à la vie privée et à la confidentialité liées à l’utilisation des interventions d’IA sont essentielles pour protéger les femmes et les filles vulnérables contre des conséquences imprévues, telles que la stigmatisation, la discrimination et la violence entre partenaires intimes », a-t-il déclaré.

Chacun des quatre pôles régionaux de l’IASM est conçu pour faire progresser les santés et la santé sexuelle et reproductive et les droits tout en renforçant les systèmes de santé dans leur région grâce au développement responsable des innovations en matière d’IA.

Afrique

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Photo de Dre Rosalind Parkes-Ratanshi, représentante du pôle pour l’Afrique
Dre Rosalind Parkes-Ratanshi, représentante du pôle pour l’Afrique

Les progrès ont été particulièrement lents en Afrique vers l’accès universel à la santé et aux droits sexuels et reproductifs. Pourtant, l’explosion des données de santé disponibles en Afrique en raison de l’amélioration des infrastructures électriques et Internet, ainsi que de l’adoption généralisée des technologies de santé numériques, offre de grandes possibilités d’innovations fondées sur les données.

Le pôle pour l’Afrique — connu sous le nom de Hub for Artificial Intelligence in Maternal, Sexual and Reproductive Health in Africa (HASH) — compte à ce jour plus de 100 membres.

Dix sous-bénéficiaires ont été choisis pour mettre en œuvre des projets d’IA sur quatre thèmes prioritaires : la santé maternelle, les infections sexuellement transmissibles, les santés sexuelle et reproductive des adolescents et le VIH. Les projets sont mis en œuvre au Nigéria, en Éthiopie, en Namibie, en Tanzanie, au Ghana, au Kenya et en Ouganda.

Le pôle offrira une plateforme de collaboration, d’innovation et d’apprentissage, selon la cochercheuse principale du pôle, Dre Rosalind Parkes-Ratanshi, directrice fondatrice de l’Academy for Health Innovation, basée à l’Institut des maladies infectieuses de l’Université de Makerere, en Ouganda.

« Il existe de nombreuses façons d’utiliser les outils d’IA pour améliorer l’accès aux soins, permettre des interventions précoces et améliorer les résultats pour les patients en Afrique », a déclaré la Dre Parkes-Ratanshi.

Elle ajoute que le pôle HASH s’efforcera de relever les défis auxquels la région fait face, notamment une faible compréhension du potentiel et des risques de l’IA, un manque de clarté sur les procédures réglementaires en matière d’éthique et de recherche, et une pénurie de données numérisées adaptées au contexte africain qui alimente les données faussées.

Amérique latine et Caraïbes

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Photo de Cintia Cejas, représentante du pôle pour la région ALC
Cintia Cejas, représentante du pôle pour la région ALC

Dans les pays à faible revenu d’Amérique latine et des Caraïbes (ALC), les indicateurs de santés maternelle, sexuelle et reproductive ne sont pas sur la bonne voie pour atteindre les ODD. Les défis sont particulièrement prononcés pour les groupes vulnérables, comme les femmes, les adolescents, les populations autochtones, les populations rurales, les personnes d’ascendance africaine, les personnes migrantes, les personnes en situation de handicap et les personnes LGBTQ+, entre autres.

Sur les 10 millions de femmes qui accouchent chaque année dans la région, 8 % n’ont pas accès à des soins prénataux adéquats et 7 600 meurent de causes liées à la grossesse et à l’accouchement. Les Caraïbes sont l’une des régions du monde les plus touchées par l’épidémie de VIH, 23 % des personnes vivant avec le VIH ignorent leur diagnostic.

L’utilisation novatrice de solutions d’IA présente le potentiel d’améliorer les résultats sur ces problèmes de santé et d’autres problèmes de longue date. Le Center for Implementation and Innovation in Health Policies (CIIPS-IECS) en Argentine dirige ces travaux dans la région ALC.

« Nous avons constaté que la région ALC est l’une des régions les moins développées en matière de pays ayant publié des stratégies d’intelligence artificielle », a déclaré Cintia Cejas, chercheuse principale du pôle et coordinatrice du CIIPS-IECS et du Center for Artificial Intelligence and Health for Latin America and the Caribbean (CLIAS). « La maturité de l’IA en santé dans notre région pourrait être considérée comme exploratoire dans certains pays et émergente dans d’autres, mais aucun n’a la preuve d’un écosystème d’IA véritablement intégré. »

Le pôle régional ALC soutiendra un réseau de recherche sur la mise en œuvre des innovations responsables en matière d’IA afin de faire progresser les santés maternelle, sexuelle et reproductive, ainsi que les droits dans toute la région. Il fournira des soutiens financier et technique à certains chercheurs et chercheuses et innovateurs et innovatrices en IA afin de renforcer la qualité de la recherche, d’intégrer l’analyse sociale et sexospécifique et de positionner les résultats de manière à obtenir une influence et une échelle optimales.

Asie du Sud

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Photo de Mohammad Imran, représentant du pôle pour la région d’Asie du Sud
Mohammad Imran, représentant du pôle pour la région d’Asie du Sud

L’Asie du Sud est confrontée à plusieurs défis, notamment des taux élevés de grossesses non désirées, de décès maternels, d’avortements à risque, de mariages d’enfants et de violences sexuelles.

Les défis sont bien connus de Mohammad Imran, directeur exécutif de PHC Global, qui dirige le pôle d’Asie du Sud, connu sous le nom d’AI-SAROSH, avec la Fondation GTA.

Une illustration des défis est le taux de 157 décès pour 100 000 naissances dans la région, bien en deçà de la cible des ODD de 70 décès pour 100 000 naissances.

« On estime que 78 000 personnes sont décédées à la suite d’une grossesse ou d’un accouchement en 2017, dont beaucoup auraient pu être évités grâce à des soins prénataux, obstétricaux et périnataux appropriés », a déclaré M. Imran.

Les outils d’IA sont très prometteurs pour améliorer la prise de décisions publiques, augmenter la productivité et surmonter les contraintes en matière de ressources humaines en santé publique.

« Nous visons à créer un pôle régional pour catalyser des approches multidisciplinaires dans la résolution de problèmes clés en [santés maternelle, sexuelle et reproductive] en Asie du Sud grâce aux technologies de l’IA et à combler les écarts entre diverses disciplines », a déclaré M. Imran. « Nous accorderons la priorité aux innovations en matière d’IA qui ciblent la population, les individus, les systèmes de santé et les niveaux de la chaîne d’approvisionnement [santé maternelle, sexuelle et reproductive] dans la région. »

Moyen-Orient et Afrique du Nord

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Photo de Nour El Arnaout, représentante du pôle pour la région MOAN
Nour El Arnaout, représentante du pôle pour la région MOAN

Les conflits prolongés ont encore fragmenté les systèmes de santé, déclenché d’importants déplacements de population et entraîné des migrations, explique la représentante du pôle du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, Nour El Arnaout, qui est chef de division au Global Health Institute de l’Université américaine de Beyrouth.

« De nombreux pays souffrent de taux relativement élevés de mortalité et de morbidité maternelles — hémorragie, diabète gestationnel, hyperglycémie, entre autres — qui restent les principales préoccupations menaçant les femmes enceintes », a-t-elle déclaré.

La région connaît des taux élevés de mariages précoces, d’avortements à risque et de violence fondée sur le genre, en particulier chez les populations adolescentes, réfugiées et déplacées.

Parmi les autres obstacles aux résultats en matière de santé, citons le manque de prestataires de soins de santé qualifiés, le manque de sensibilisation des femmes à l’importance d’accéder aux services de santés maternelle, sexuelle et reproductive, la mauvaise qualité de ces services, les obstacles économiques, ainsi que les crises et les conflits prolongés.

Ce pôle s’efforce de tirer parti des occasions offertes par l’IA, notamment des applications mobiles basées sur l’IA ciblant les prestataires de soins de santé, des modèles ou des algorithmes de prédiction et de triage basés sur l’IA qui pourraient signaler des complications nécessitant une assistance médicale, des robots conversationnels et des messages automatisés visant des populations cibles sélectionnées.

Ensemble, les quatre pôles joueront un rôle crucial dans l’exploration de la manière dont la recherche peut être mise à profit pour catalyser le développement et le déploiement responsables d’innovations en matière d’IA afin de faire progresser les santés maternelle, sexuelle et reproductive et les droits dans le cadre de systèmes de santé renforcés dans les pays à faible et à moyen revenu.

Faits saillants de la recherche

  • L’IASM vise à renforcer les systèmes de santé en tirant parti de solutions d’IA responsables et contextualisées pour améliorer les santés maternelle, sexuelle et reproductive des femmes et des filles.
  • Les pôles sont conçus pour cerner et fournir un soutien financier et technique aux innovatrices et innovateurs et aux équipes de recherche en IA sélectionnés dans le secteur de la santé.