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Les jeunes sénégalaises sont au cœur de la recherche pour une meilleure santé reproductive des adolescentes

 

Au Sénégal, une adolescente fait face à des défis importants pour atteindre son plein potentiel de développement. L’exposition à la violence sexuelle et sexospécifique, aggravée par un accès limité aux services de santé, restreint les droits de ces jeunes femmes. Ces conditions sont exacerbées par des facteurs intersectionnels, en particulier chez celles qui sont déjà vulnérables en raison de la pauvreté, du lieu de résidence et du faible niveau d’éducation. Combiner la recherche et la défense avec la participation des jeunes est une approche novatrice qui peut aider à améliorer la santé reproductive et le bien-être des adolescentes.

Des succès ont déjà été enregistrés dans la réalisation de cet objectif dans le cadre d’une initiative quinquennale conjointe entre le CRDI et Affaires mondiales Canada, qui contribue aux progrès du Sénégal vers une meilleure santé reproductive des adolescentes. L’initiative, intitulée Amélioration de la santé de la reproduction des adolescentes au Sénégal – ADOS, vise à améliorer la santé reproductive des adolescentes dans le pays en soutenant la recherche-action participative menée localement et le plaidoyer des jeunes afin de comprendre et d’aborder comment les interactions entre la santé reproductive et la violence fondée sur le genre influent sur leur santé et leur bien-être.

Au cours des premières années de l’initiative (entre 2021 et 2023), ADOS a augmenté la fréquentation des centres de soins de santé et de conseil aux jeunes sur les sites d’intervention et a plaidé avec succès auprès des autorités locales sur les liens entre la santé reproductive des adolescentes et la violence basée sur le genre, entre autres réalisations.

ADOS compte sur les contributions des équipes de recherche et la participation des jeunes à une approche intégrée de la recherche et du plaidoyer. Cette nouvelle méthode est essentielle à la production et à l’utilisation de données probantes sur les liens existants entre la santé reproductive et la violence basée sur le genre afin d’éclairer des actions concrètes sur la santé de la population adolescente aux niveaux communautaire et national. Il s’agit d’une approche inclusive qui témoigne de la nécessité d’un leadership actif de la part des jeunes dans les questions qui concernent leur santé et leur bien-être.

Depuis son lancement en 2020, ADOS a permis de joindre plus de 3 300 personnes grâce à des activités de sensibilisation. Cela comprend plus de 340 adolescentes formées à la mobilisation et au plaidoyer en faveur de leur santé reproductive et à la lutte contre les conséquences négatives de la violence basée sur le genre. La mobilisation des adolescentes et des jeunes leur a permis de bénéficier d’un renforcement de leurs capacités, de s’autonomiser et de s’établir en tant que leaders dans leurs communautés, et ainsi de contribuer à remettre en question les normes sociales et culturelles qui tolèrent la violence sexuelle et constituent des obstacles à une bonne santé reproductive.

Grâce à une gamme d’activités et de techniques ciblées de sensibilisation et de plaidoyer – certaines utilisant la musique, l’art et la culture –ces jeunes leaders ont apporté des changements notables dans le comportement et les pratiques des personnes de différentes générations au Sénégal. Dans les zones de projet, le pourcentage de jeunes leaders adolescents impliqués dans des campagnes de plaidoyer est passé de 76,8 % à 83,6 %. Les adolescentes qui ont participé à cet effort ont gagné la reconnaissance de leurs pairs et de leurs communautés. ADOS a renforcé leurs capacités à discuter publiquement des liens entre la santé reproductive des adolescents et la violence basée sur le genre. Les pairs des filles peuvent désormais plus facilement cerner, prévenir et signaler les cas de mariage précoce et de violence. Ils ont également contribué à rétablir le dialogue parents-enfants au sein des familles. L’intégration de données probantes, l’éducation par les pairs et le plaidoyer sont l’un des moyens les plus efficaces d’influencer positivement les pairs.

Fatou Bintou Diene, responsable adolescente de l’un des projets jeunesse, a déclaré : « Grâce au projet, j’ai reçu et réussi une formation sur la santé reproductive et la violence basée sur le genre qui me permet d’organiser des séances de sensibilisation avec mes pairs. Tout au long du projet, j’ai pris confiance en moi et j’ai surmonté ma peur de parler en public. Je me suis inscrite dans une école pour devenir sage-femme, et j’aide les filles de ma communauté à s’adresser à des membres du personnel de santé pour tout problème ou à signaler des cas de violence basée sur le genre sans aucune crainte. »

Plus de 100 000 personnes ont participé à des activités interactives d’éducation et de mobilisation qui ont montré comment la santé des adolescentes et la violence basée sur le genre sont étroitement liées, signale une récente évaluation interne de l’ADOS. Au niveau décisionnel, 12 mesures fondées sur des données probantes ont été entreprises à l’aide de mécanismes multipartites établis depuis le lancement du programme. Par exemple, deux municipalités de la région de Dakar ont adopté des budgets reflétant le soutien à l’amélioration de l’accès aux services de santé. Une municipalité a approuvé un financement consacré à l’amélioration de l’accès aux services de santé pour les personnes en situation de handicap. L’autre a voté en faveur de l’organisation d’activités de sensibilisation à la santé reproductive des adolescentes et à la violence basée sur le genre. Ces mesures amélioreront la situation des adolescentes dans les deux municipalités et contribueront à des décisions éclairées en matière de santé et à la lutte contre la violence basée sur le genre.  

Media
Une photo de groupe de toutes les personnes qui ont participé au Forum jeunesse ADOS le 17 avril.
SYLVAIN CHERKAOUI
Participantes et participants au Forum des jeunes de l’ADOS qui s’est tenu le 17 avril 2024 à Dakar, au Sénégal. 

S’exprimant lors d’un forum jeunesse de l’ADOS tenu à Dakar le 17 avril 2024, Marie-Gloriose Ingabire, directrice du Bureau régional de l’Afrique centrale et de l’Ouest du CRDI, a déclaré : « Au Sénégal, 50 % de la population a moins de 19 ans, ce qui constitue un atout majeur pour le pays. Le CRDI croit qu’il faut soutenir les initiatives d’autonomisation des jeunes et donner aux jeunes filles les moyens de prendre les bonnes décisions en matière de santé afin de garantir leur contribution efficace à l’édification de sociétés plus durables et plus résilientes. »

Des jeunes, des chercheuses et chercheurs, des dirigeantes et dirigeants communautaires et religieux, ainsi que des représentantes et représentants de la société civile, des institutions gouvernementales et des organisations partenaires, dont Affaires mondiales Canada, ont assisté au forum, au cours duquel des organisations de la société civile dirigées par des jeunes ont présenté les résultats de neuf projets réalisés au Sénégal. 

Alassane Diallo, ancien directeur général de la jeunesse au ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Culture du Sénégal, a déclaré aux personnes participant au forum que « les données probantes sur les liens entre la santé reproductive des adolescentes et la violence basée sur le genre qui sont générées par ADOS soutiendront les processus décisionnels. Cette initiative contribue grandement aux efforts déployés par notre ministère. En utilisant une approche holistique, ADOS travaille avec toutes les parties prenantes clés, y compris les ministères, pour un impact et une durabilité accrus. » 

Avec plus de 60 % de la population sénégalaise âgée de moins de 25 ans, les jeunes représentent l’une des plus grandes possibilités pour l’avenir du pays. Cet avenir sera plus radieux lorsqu’il sera dirigé par la population adolescente d’aujourd’hui, dont la santé est protégée dans leur communauté et dans la société en général. La recherche participative, avec et pour cette population, est essentielle pour garantir que les données probantes les plus complètes soient mises à la disposition des décisionnaires afin de mieux éclairer les politiques, les programmes et les services afin de soutenir cette population aujourd’hui et à l’avenir.