Les institutions financières africaines affinent leurs capacités à accéder au financement climatique
Depuis 2015, le Fonds vert pour le climat a réalisé plus de 250 investissements pour aider à lutter contre les changements climatiques dans plus de 100 pays. Les projets comprennent l’élevage de chèvres résistantes à la sécheresse en Zambie, des logements résistants aux tempêtes et aux inondations au Vietnam, et des outils pour faciliter le passage aux sources d’énergie renouvelables au Paraguay. Le financement de ces projets, et 80 % des investissements du Fonds, sont passés par des entités internationales accréditées.
Le Fonds vert pour le climat est destiné à être le principal vecteur d’investissements mondiaux afin d’aider les pays en développement à respecter leurs engagements en matière d’action climatique aux termes de l’Accord de Paris. Il est structuré de manière à acheminer le financement climatique directement vers les pays en développement, par l’intermédiaire d’institutions nationales, ainsi que d’entités régionales et internationales. Toutefois, son pipeline de propositions appartenant aux pays est limité. Le Fonds ne respecte pas l’engagement qu’il a pris de canaliser 50 % de tous les financements directement vers les pays bénéficiaires. En novembre 2023, le Fonds vert pour le climat répertoriait 59 entités nationales accréditées. Les pays sans accès direct collaborent avec des organisations internationales pour soumettre des propositions de financement.
Le soutien du CRDI à SouthSouthNorth a contribué à l’augmentation du nombre d’entités nationales accréditées, en particulier en Afrique australe. Deux entités ont obtenu l’accréditation au cours du projet : l’Infrastructure Development Bank of Zimbabwe et la Zambia National Commercial Bank. Elles ont porté à six le nombre total d’institutions accréditées d’Afrique australe, tandis que de nombreuses autres entités participantes ont bénéficié de la formation.
Combler le déficit de financement de l’action climatique en Afrique australe
Bien qu’elle ait produit peu d’émissions de carbone qui contribuent aux changements climatiques, l’Afrique subsaharienne est l’une des régions les plus touchées. Selon la Société météorologique mondiale, les effets des changements climatiques interagissent avec les conflits et d’autres facteurs de stress pour accroître considérablement l’insécurité alimentaire dans la région.
Dans le cadre de l’Accord de Paris, la plupart des pays se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre tout en prenant des mesures pour accroître leur résilience face au réchauffement climatique. Toutefois, le coût de ces mesures dépasse de loin les niveaux actuels de financement. La Banque africaine de développement a récemment estimé que les pays africains auraient besoin de 2,6 à 2,8 billions de dollars américains (entre 3,6 et 3,8 billions de dollars canadiens) d’ici 2030 pour s’acquitter de leurs engagements.
L’augmentation du nombre d’institutions nationales ayant un accès direct au Fonds vert pour le climat est une pièce importante du casse-tête que représente le financement climatique. Toutefois, l’agrément exige beaucoup de temps et de ressources, de même que la capacité de lier les priorités nationales aux critères de financement.
SouthSouthNorth a travaillé en étroite collaboration avec des banques nationales de développement et d’autres institutions au Botswana, au Lesotho, en Namibie, en Afrique du Sud, en Zambie et au Zimbabwe. J'ai réuni ces institutions nationales afin de mettre en commun leurs connaissances et leurs compétences et leur fournir des conseils de spécialistes personnalisés. Cette combinaison d’apprentissage par les pairs et de soutien technique a aidé les institutions à évoluer dans le processus d’accréditation et à élaborer des projets acceptables pour les banques qui répondent aux objectifs nationaux en matière d’action climatique, tout en tenant compte des besoins uniques des femmes et des groupes vulnérables.
Une analyse réalisée par des spécialistes aide les institutions à accéder au financement de l’action climatique
Le Partenariat pour le financement du climat en Afrique australe (SACFP) – une plate-forme multipays facilitée par SouthSouthNorth – a permis aux institutions ayant moins d’expérience dans le domaine du financement de l’action climatique d’apprendre des autres qui ont progressé dans leurs plans et leurs propositions. Ce type d’apprentissage et d’échange entre pairs peut être difficile sans accords officiels entre les établissements.
Grâce à sa participation au SACFP ainsi qu’à ses conseils en matière d’intégration de la dimension de genre et à une formation technique sur la façon d’opérationnaliser le financement climatique, la Banque de développement des infrastructures du Zimbabwe a obtenu l’accréditation du Fonds vert pour le climat en juillet 2021. Les échanges entre pairs qui ont clarifié le processus de demande ont permis à la Banque nationale commerciale de Zambie d’être également accréditée en octobre 2022.
Intégration du genre dans les politiques et les projets
L’égalité des genres est un domaine de préoccupation croissante dans l’action climatique, la plupart des investissements climatiques étant actuellement consacrés à des secteurs à prédominance masculine tels que l’énergie et les transports. Cependant, les institutions financières d’Afrique australe ont peu d’expérience dans l’intégration des objectifs d’équité entre les genres et d’inclusion sociale dans les projets axés sur les changements climatiques.
Grâce au SACFP, des équipes des six pays ont reçu des conseils pour élaborer une note conceptuelle de projet à financer par le Fonds vert pour le climat, une première pour cinq de ces équipes. Une partie importante de ce processus consistait à réfléchir à la façon dont les femmes et les autres groupes vulnérables pourraient bénéficier des investissements proposés ou être touchés par ceux-ci. Grâce aux commentaires de pairs et de spécialistes, dont une personne experte dans l’intégration de la dimension de genre, deux équipes ont travaillé à la soumission officielle de leurs concepts au Fonds. Les six institutions intègrent désormais le genre dans leurs politiques et leurs projets, grâce à trois séries d’analyses de spécialistes sur les lacunes en matière de genre et d’inclusion sociale.
Une mine de recherches sur le financement climatique
Depuis 2012, le CRDI soutient la recherche et le renforcement des capacités afin d’accroître l’accès des pays en développement au financement de l’action climatique. La note de synthèse suivante, intitulée Mobiliser les connaissances et les capacités pour financer l’action climatique dans les pays du Sud, présente un résumé des conclusions de cet ensemble de recherches, y compris sur ce qui suit :
Besoins, obstacles et occasions en matière de financement climatique
Financement du secteur privé, en particulier pour l’adaptation
Renforcement des capacités en matière de financement climatique
Approches inclusives du financement de l’action climatique
Collaborateur : Bhim Adhikari, spécialiste principal de programme, CRDI