L'écosanté, pour améliorer la santé humaine et préserver l'environnement
Les travaux de recherche réalisés au moyen d’une démarche écosanté, démarche axée sur les écosystèmes et la santé humaine mise de l’avant par le CRDI dans les années 1990, ont largement contribué à améliorer la santé et le bien-être des gens partout dans le monde. En voici quelques exemples.
- Au Mexique, on a éliminé l’usage du DDT sans augmentation des cas de paludisme.
- Au Guatemala, on s’est attaqué à la maladie de Chagas en apportant des améliorations, conçues localement, à la construction des maisons.
- On a contenu l’empoisonnement par le mercure en Amazonie en trouvant des solutions de remplacement à la culture sur brûlis, laquelle provoquait l’écoulement du mercure dans les cours d’eau.
- Au Malawi, on a amélioré la santé des enfants en cultivant des légumineuses au lieu du maïs.
La démarche écosanté consiste à réunir des scientifiques, des décideurs et des membres de la collectivité afin qu’ils travaillent ensemble à améliorer la santé humaine grâce à des solutions passant par la façon dont les gens interagissent avec leur milieu ambiant. L’objectif : améliorer à la fois et simultanément la santé humaine et la salubrité de l’environnement.
Une démarche avant-gardiste et globale
Les travaux que le CRDI effectue sur les liens entre l’environnement et la santé humaine reposent sur plusieurs décennies d’appui à la recherche en santé.
Le CRDI s’est d’abord intéressé à la recherche biomédicale. Puis, en 1992, il a lancé le programme Santé, société et environnement, qui réunissait des spécialistes de divers domaines dans le but d’étudier les répercussions des facteurs environnementaux sur la santé. La création du programme Écosystèmes et santé humaine (ÉCOSANTÉ) en 1996 a permis de miser sur un plus grand éventail de compétences et d’examiner une multiplicité de facteurs.
Le projet Sols, aliments et collectivités en bonne santé (Soils, Food and Healthy Communities – SFHC), en cours depuis 2000 dans la région d’Ekwendeni, dans le nord du Malawi, illustre bien les liens entre tous ces éléments. La région est aux prises avec la malnutrition infantile, la dégradation des sols et l’insécurité alimentaire. Cependant, l’équipe du projet (qui compte 30 membres, dont des agronomes, des sociologues et des nutritionnistes) croyait qu’il serait possible de venir à bout de ces trois problèmes si les agriculteurs alternaient la culture traditionnelle du maïs avec celle de légumineuses comme l’arachide et le pois cajan.
À l’heure actuelle, plus de 7 000 agriculteurs participent au projet. Les résultats : des enfants en meilleure santé, des sols améliorés grâce à la culture de légumineuses qui fixent l’azote dans le sol et des récoltes plus abondantes qui ne nécessitent pas d’engrais. La collectivité jouit d’une sécurité alimentaire accrue, et les agriculteurs ont augmenté leurs revenus en vendant l’excédent de leurs récoltes.
La dimension humaine, un facteur clé
Une réussite de cet ordre ne tient pas uniquement à des recherches scientifiques solides; il faut aussi l’apport des ressources communautaires. Rachel Bezner Kerr, géographe à l’Université Western Ontario, chargée du projet SFHC, explique que ce projet repose sur la participation de bénévoles désireux de se renseigner sur les légumineuses et de transmettre leurs connaissances à d’autres agriculteurs. Des activités novatrices, notamment des journées culinaires et des groupes de discussion destinés aux parents et aux grands-parents, permettent de s’assurer que les familles sauront apprêter ces nouveaux aliments et les rendre savoureux.
Afin de favoriser l’adoption de la démarche de recherche novatrice qu’est l’écosanté, le CRDI a contribué à la création de plusieurs communautés de praticiens en écosanté. Situées en Amérique latine et dans les Caraïbes, en Afrique et au Canada, ces communautés réseautées offrent à des chercheurs et à des étudiants la possibilité d’étudier et d’appliquer des méthodes de recherche transdisciplinaires. Elles élaborent également du matériel didactique sur l’écosanté à l’intention des universités, diffusent des résultats de recherche et mettent des ressources à la disposition des chercheurs et des décideurs. En Afrique et au Canada, les communautés de praticiens en écosanté octroient des subventions pour l’exécution de recherches sur le terrain à des étudiants des cycles supérieurs intéressés à appliquer la démarche écosanté dans le cadre de leurs études.
Une plus grande portée
L’écosanté est devenue, au fil des 15 dernières années, un champ de recherche à part entière qui a une influence et une incidence de plus en plus importantes dans un nombre croissant de pays.
Le programme ÉCOSANTÉ du CRDI se penche maintenant sur des enjeux à caractère mondial, notamment les maladies infectieuses émergentes – le SRAS, la grippe aviaire et la grippe H1NI, entre autres. Selon Jean Lebel, directeur du domaine de programme Agriculture et environnement au CRDI, une meilleure compréhension de l’écologie des maladies, en vue de prévenir la propagation des maladies, anciennes et nouvelles, est un domaine dans lequel le Centre prévoit obtenir des effets durables.
Pour en savoir plus
- Amélioration des sols, de la nutrition et de la santé au Malawi
- Écosystèmes et santé humaine
- Études de cas – L’écosanté porte fruit
- Soils, Food and Healthy Communities (anglais seulement)
- La santé – une approche écosystémique
- Bibliothèque numérique du CRDI
- DES EFFETS DURABLES > INNOVATIONS EN MATIÈRE DE RECHERCHE