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Le secteur privé : un partenaire clé pour le développement durable

 

Le monde n’est pas sur la bonne voie pour atteindre de nombreux Objectifs de développement durable (ODD) d’ici 2030, le dernier rapport de l’ONU sur les progrès des ODD. Le déficit de financement du développement est estimé à 3,9 billions de dollars américians [5,3 billions de dollars canadiens], et ne peut être comblé par les seuls gouvernements et bailleurs de fonds.

Le secteur privé est une partie prenante mondiale clé et une source majeure d’emplois. Il déploie des ressources importantes, notamment en termes de financement et d’expertise technique. Il s’agit donc d’une partie prenante essentielle dans le paysage du développement, qui a la capacité de concevoir, d’étendre et de soutenir des initiatives si les mesures incitatives et les conditions sont adéquates. Dans le même temps, le secteur privé peut avoir des répercussions négatives sur la société, lorsque la recherche du profit s’accompagne d’un coût élevé soutenu par d’autres.

L’approche du CRDI en matière de mobilisation du secteur privé s’articule autour de trois résultats clés :

  • créer une base de données probantes solide au moyen de nouvelles recherches exploitables sur les approches à l’intersection des priorités des parties prenantes du secteur privé et des programmes de développement mondiaux;
  • mettre en place un environnement favorable, au moyen de politiques et de réglementations qui influencent les parties prenantes du secteur privé en vue d’une action positive sur les ODD;
  • un engagement accru en matière de ressources au moyen d’un dialogue amélioré et de la mobilisation des ressources afin de permettre aux parties prenantes du secteur privé d’adopter et de mettre à l’échelle des solutions durables.

Le CRDI s’efforce de faire progresser ces résultats au moyen d’une série d’initiatives visant à exploiter et à donner de l’ampleur aux contributions des parties prenantes du secteur privé vers l’édification d’un monde plus durable et davantage inclusif. Cet article met en lumière une diversité d’expériences et d’enseignements clés sur la manière dont le CRDI se mobilise avec le secteur privé pour atteindre ces trois résultats.

Créer une base de données empiriques solide

L’expérience acquise jusqu’à présent montre qu’il n’existe pas d’approche unique afin de déterminer l’intersection entre les priorités des parties prenantes du secteur privé et les objectifs de développement mondiaux, même si, dans tous les cas, le CRDI part du défi du développement et cherche ensuite des moyens par lesquels le secteur privé pourrait contribuer à le relever.

En gardant ce principe à l’esprit, les appels à propositions publics ont conduit à des collaborations innovantes du secteur privé avec des organisations telles que Agriculture and Climate Risk Enterprise Ltd. (ACRE) Africa, une compagnie d’assurance privée, et le développement d’une nouvelle assurance-récolte basée sur des photos et adaptée aux changements climatiques pour les petites exploitations agricoles au Kenya. Il a été constaté que ce produit améliorait la demande d’assurance des agricultrices et agriculteurs et leurs investissements dans la production agricole.

En Amérique latine, le dialogue et la recherche d’intérêts communs ont abouti à une initiative avec l’Aspen Network of Development Entrepreneurs (ANDE), afin de soutenir les petites entreprises et les entreprises en croissance afin de mesurer leurs répercussions sociales en tenant compte de la dimension de genre. Grâce à cette collaboration, de nombreux outils et ressources ont été développés avec des chercheures et chercheurs locaux, ce qui a permis d’évaluer les politiques en matière d’égalité des genres des entreprises et de comprendre comment les femmes sont autonomisées par les chaînes d’approvisionnement des entreprises. Cela a permis d’améliorer les opérations commerciales en faveur de l’égalité des genres, ce qui a également profité aux entreprises en révélant les besoins de formation supplémentaires de leurs fournisseuses dans des domaines tels que le traitement et la qualité des produits.

Les parties prenantes du secteur privé peuvent également jouer un rôle en termes de courtage des connaissances, en mettant en relation les personnes productrices et utilisatrices de connaissances afin de faciliter leur diffusion et leur utilisation finale. Les approches adoptées par les partenaires du secteur privé peut varier et sont souvent définies par leur objectif et leur mandat, mais l’objectif est toujours de passer de la connaissance à l’action. Par exemple, en tant qu’entreprise à but lucratif, ACRE continuera probablement à diffuser des informations sur son nouveau produit d’assurance, car c’est ainsi qu’elle stimule la croissance de ses revenus et qu’elle contribue à atténuer les risques pour les agricultrices et agriculteurs vulnérables, en augmentant leur résilience face aux événements climatiques extrêmes. Le mandat institutionnel d’ANDE comprend la promotion du partage des connaissances avec ses membres au sujet des données probantes, les défis et les occasions pour les petites entreprises et les entreprises en croissance; cela fait partie du rôle et de la fonction qu’ANDE joue pour elles. Ce partage des connaissances est d’autant plus précieux que de nombreux membres sont des petites entreprises qui peuvent manquer de ressources en vue de créer de nouvelles connaissances par elles-mêmes, et ce, dans une large mesure.

Mise en place d’un environnement favorable solide

Le résultat de notre approche en matière de mobilisation du secteur privé est la création d’un environnement favorable afin d’influencer le secteur privé vers une action positive au moyen de travaux portant sur les politiques publiques et les réglementations. Ces politiques peuvent généralement être classées en deux catégories : la politique « d’habilitation » et la politique « d’atténuation ».

La politique d’habilitation est définie comme un changement dont l’objectif principal est d’accroître les occasions ou la facilité de faire des affaires pour un secteur ou des types particuliers d’entreprises. Par exemple, le CRDI soutient des recherches en Afrique de l’Est, afin d’évaluer les politiques et de cerner les obstacles qui empêchent les entreprises appartenant à des femmes de participer aux marchés publics.

Les données probantes issues de cette recherche démontrent l’importance du changement de système dans notre travail de mobilisation auprès du secteur privé, et comment le fait de mobiliser des décisionnaires politiques en tant que cible de la recherche peut avoir des répercussions positives sur une série d’entreprises. Cela a également permis de montrer comment d’autres obstacles complexes et interdépendants (tels que des normes socioculturelles restrictives, la corruption et l’accès au financement) peuvent accompagner les défis juridiques et politiques, et comment des initiatives complémentaires sont nécessaires afin que les réformes atteignent leur plein potentiel.

La politique d’atténuation est définie comme un changement visant à réduire l’accès ou les répercussions d’un bien ou d’un service ayant des effets néfastes sur le consommateur ou la société (par exemple, le tabac), ou à remédier à d’autres comportements contraires à l’éthique de la part de l’entreprise. Les changements en matière de politique ou de réglementation dans ce domaine pourraient avoir une incidence sur la rentabilité des entreprises des secteurs connexes.

Un exemple notable est la programmation du Centre afin de permettre un étiquetage nutritionnel à l’avant de l’emballage convivial dans les pays du Marché commun du cône sud (Mercosur), en particulier au Brésil et en Argentine. Ce projet a contribué à la mise en place d’une nouvelle politique d’étiquetage nutritionnel obligatoire au Brésil en 2020 et d’une nouvelle loi sur l’étiquetage alimentaire en Argentine en 2021. L’expérience acquise dans les deux pays a renforcé l’importance de s’appuyer sur les réseaux de parties prenantes politiques locales et de tirer parti de leurs relations au sein de l’environnement politique, ainsi que l’importance d’un défi politique bien défini pour les projets d’une durée relativement courte.

Engagement accru de ressources à l’égard de solutions durables

Notre expérience montre que le fait de se mobiliser avec le secteur privé peut conduire à une augmentation des engagements en matière de ressources par et pour le secteur privé, et ce, de différentes manières, afin de promouvoir une croissance plus inclusive et davantage durable. Dans le cadre d’une initiative avec le Private Financing Advisory Network (PFAN), des entreprises travaillant sur l’adaptation aux changements climatiques ont été aidées à élaborer une analyse de rentabilité pour le financement privé et à la présenter à un panel de personnes souhaitant investir. Cette approche s’est avérée fructueuse, puisqu’elle a permis d’obtenir des engagements en matière de financements supplémentaires pour un certain nombre d’entreprises.

Au-delà du financement, les ressources non monétaires sont un élément important à prendre en compte. Le transfert de nouvelles données, d’informations ou de technologies entre entreprises du secteur privé, ou entre parties prenantes des secteurs publics et privés, peut être tout aussi important qu’un afflux de fonds et permettre à une entreprise de croître et de se développer d’une autre manière.

L’innovation et la culture de la prise de risque sont également des thèmes communs aux partenaires et aux entreprises dans le cadre de ce résultat. Villgro Africa a travaillé avec le CRDI afin d’accroître l’accès à la recherche-développement (R-D) pour les jeunes entreprises technologiques dans le domaine de la santé, au moyen de petites subventions et en facilitant les liens entre les entreprises et les organismes de recherche publics. Villgro, les entreprises soutenues et les chercheures et chercheurs ont tous montré leur volonté d’investir leurs efforts au sein d’une même idée, même si la base de données probantes pour le faire est limitée au départ. Cette ouverture à la prise et au soutien de risques calculés est essentielle afin de faire progresser les objectifs commerciaux et de développement.

En tant que bailleur de fonds de la recherche pour le développement, le CRDI joue un rôle unique en soutenant la production, la mutualisation et l’utilisation des résultats de la recherche. Notre ambition de contribuer à un monde plus durable et davantage inclusif signifie que nous faisons également des investissements en vue d’accroître les répercussions. Les expériences acquises à ce jour concernant les résultats de la mobilisation stratégique du Centre auprès du secteur privé sont prometteuses, et de nouvelles approches continuent d’être mises à l’essai et affinées. Grâce à une solide mesure des répercussions et à une culture de l’apprentissage, le CRDI reste déterminé à explorer des moyens novateurs de mettre le secteur privé au service de la réalisation des objectifs de développement mondiaux.