Ce projet est financé par l'intermédiaire de l'Initiative de recherche sur la dimension économique de la lutte antitabac, un partenariat de cofinancement entre le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) et Cancer Research UK qui a été lancé en octobre 2017. Le projet a pour objectif de produire des données probantes qui mettent en lumière les raisons économiques de la prévention des maladies attribuables au tabagisme et de l'adoption des résultats de recherche par les parties prenantes du domaine des politiques en vue de l'application de mesures antitabac dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire (PFR-PRI).
Le fardeau sanitaire, économique et social du tabac en Amérique latine et les gains attendus de la taxation du tabac

Inclure la charge de la perte de productivité et les effets du commerce illicite dans l'estimation des coûts attribuables au tabac pour dériver des scénarios de taxation optimale dans huit pays d'Amérique latine.
Le principal objectif de ce projet était de fournir des estimations exhaustives du fardeau afin de mieux orienter le processus décisionnel relatif aux politiques de taxation du tabac dans huit pays d'Amérique latine (Argentine, Brésil, Chili, Colombie, Costa Rica, Équateur, Mexique et Pérou).
Une étude antérieure menée par l'Institute for Clinical Effectiveness and Health Policy a démontré que les recettes fiscales provenant du tabac ne couvrent que 36 % des dépenses de santé imputables au tabagisme dans la région. Toutefois, ces coûts n'incluent pas les coûts indirects pour l'économie, comme la perte de productivité sur le lieu de travail ou bien les effets du commerce illicite, ce qui conduit à une sous-estimation importante de la charge économique et de la morbidité associée au tabac.
Les effets potentiels de la politique de taxation du tabac sur le commerce illicite et l'évasion fiscale subséquente pourraient représenter des obstacles à la mise en œuvre d'une hausse des taxes dans les pays d'Amérique latine. Les décisionnaires ont besoin d'estimations précises du fardeau que représente le tabac sur le plan sanitaire et des effets du commerce illicite dans la région afin de renforcer les politiques et d'augmenter de façon optimale les taxes sur le tabac.

Dans la région d'Amérique latine, la consommation de tabac est responsable de près de 351 000 décès par an, et les taux de maladies associées n'ont pas beaucoup changé depuis 2004.
Les coûts médicaux directs imputables au tabagisme s'élèvent à 23 milliards de dollars américains par an, ce qui représente 8 % des dépenses de santé totales de la région et 0,6 % de son produit intérieur brut (PIB).
Les coûts associés à la perte de productivité (pour les patientes et les patients et les personnes soignantes) constituent 54 % de la charge économique totale, dont 40 % sont représentés par les soins informels (non rémunérés).
Comment réduire les coûts du tabagisme en termes de soins de santé et de perte de productivité du travail tout en générant des recettes fiscales?
Une augmentation de 50 % des prix du tabac permettra d'économiser plus de 51 milliards de dollars américains dans la région sur 10 ans.
Le traitement et l'accompagnement des patientes et patients représentent un coût élevé pour la société.
La charge économique totale attribuable à la consommation de tabac représente 4 % du produit intérieur brut (PIB) régional. Environ 46 % de cette charge s'explique par les coûts médicaux directs. Quant aux coûts indirects, les aidantes et aidants naturels en représentent 40 %, tandis que les pertes de productivité dues à un décès précoce ou à une invalidité en représentent 60 %.
La charge pour les personnes soignantes est d'environ 10 milliards de dollars américains dans cette région, ce qui représente 0,3 % du produit intérieur brut (PIB).

Ce qui est au cœur du problème, ce sont les décès causés par le tabac, qui représentent à la fois une tragédie humaine et un coût notable pour la société.
Le tabac est responsable de 351 000 décès dans les huit pays visés, soit 12 % du total des décès dans la région.
Cette augmentation du prix des cigarettes dans les pays de la région permettrait d'éviter 204 000 décès et d'accroître les recettes fiscales de 21 millions de dollars américains sur une période de 10 ans. En outre, cette augmentation générerait un bénéfice économique de 63 millions dollars américains, en tenant compte des coûts médicaux directs, des coûts de la perte de productivité du travail et des coûts des soins informels.

L'augmentation des prix au moyen des taxes sur le tabac (surtout les taxes) peut générer d'importants bénéfices pour les pays, tant sur le plan social qu'économique.
L'augmentation des prix du tabac pourrait générer un bénéfice économique total de 63 milliards de dollars américains sur 10 ans dans la région. Les avantages totaux sont attribués aux économies sur les coûts directs de santé (28 %), à l'augmentation des recettes fiscales (34 %) et à l'évitement des coûts indirects (38 %).
Liste de l'équipe et des partenaires
Andrés Pichon Riviere, M.D., M. Sc., Ph. D., Institute for Clinical Effectiveness and Health Policy (IECS), Buenos Aires, Argentine et Alfredo Palacios, M. Sc., Centre for Health Economics (CHE), Université de York, York, Royaume-Uni.
Méthodologie et références
Comment estimons-nous les coûts des soins informels?
Deux approches ont été explorées : le coût d'opportunité (CO) et les biens (PG). Le CO calcule la valeur des soins informels en multipliant les heures d'activités sacrifiées par un salaire horaire. Souvent, les heures de soins informels auraient pu être utilisées pour un travail rémunéré. La méthode PG calcule la valeur des soins informels en multipliant le nombre d'heures consacrées aux soins informels par une valeur horaire pour chaque tâche de soins effectuée. Dans la méthode PG, la valeur des soins informels par heure est basée sur le prix d'un substitut du marché.
Pourquoi utilisons-nous cette méthode?
La prise en charge des personnes souffrant de maladies chroniques exige non seulement des services de santé, mais aussi des soins à domicile de longue durée, qui sont généralement assurés par des parents, des amis ou des voisins. En général, les soins informels nécessitent l'investissement de nombreuses heures non rémunérées, ce qui représente un coût d'opportunité (CO) substantiel pour les soignants.
Les soins informels apportent une contribution importante au bien-être de la société. Cependant, elle peut impliquer des coûts en temps substantiels et avoir un effet considérablement négatif sur les occasions économiques, la santé et le bien-être des aidants naturels. Ces coûts et effets des soins informels sont souvent exclus des évaluations économiques des interventions en matière de santé et de soins de santé.
Qu'en est-il des données?
Pour estimer l'utilisation du temps, une compilation de données provenant d'une revue exhaustive de la littérature et une estimation économétrique ont été réalisées. Ces données ont été validées par une enquête auprès de personnes soignantes professionnelles et des entretiens avec des spécialistes. Les bases de données des enquêtes nationales sur les ménages ont été traitées afin d'obtenir le salaire moyen par heure d'un proxy de personne aidante naturelle.
Promouvoir les principaux enseignements
Pour célébrer l'aboutissement de plus d'une décennie de partenariats, de recherche et de plaidoyer, un webinaire a été prévu en partenariat avec Cancer Research UK, « Demystifying the Economics of Tobacco Control : Knowledge, policy and everything in between (Démystifier l'économie de la lutte antitabac : connaissances, politique, et tout ce qui se trouve entre les deux), » et diffusé en direct le 29 juin 2022.
Ce webinaire a été l'occasion de démystifier le processus d'application des connaissances, d'échanger les principaux enseignements de nos équipes de recherche à travers le monde et de discuter des nouvelles possibilités d'avoir des répercussions continues et notables.
Financement de l'Initiative de recherche sur la dimension économique de la lutte antitabac
L'appel à notes conceptuelles sur la dimension économique de la lutte antitabac dans les pays à faible revenu et les pays à revenu intermédiaire (PFR-PRI) offre jusqu'à un million de dollars canadiens sur un maximum de quatre ans pour appuyer la recherche fondée sur des données probantes sur les motifs économiques justifiant l'adoption de mesures antitabac dans les PFR-PRI dans quatre régions : Asie, Amérique latine et Caraïbes, Moyen-Orient et Afrique du Nord, et Afrique subsaharienne.
Cette initiative cible la recherche en économie appliquée et collaborative, et vise à soutenir la mise en œuvre de mesures fiscales et d'autres mesures politiques efficaces pour aider à prévenir les maladies liées au tabagisme et sauver des vies.