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La formation professionnelle au service des communautés et de l’économie du Kenya

 

Des recherches financées par le CRDI au Kenya révèlent le potentiel d’innovation dans la formation professionnelle et cernent des façons dont le secteur peut former plus de jeunes diplômés et diplômées possédant des compétences monnayables.

Dirigée par Collèges et instituts Canada, la recherche comprend un volet innovation, en partenariat avec des instituts de formation du Kenya, afin de permettre à la population étudiante de l’enseignement et de la formation techniques et professionnels (EFTP) de trouver des solutions aux problèmes communautaires. Grâce à quatre nouveaux pôles d’innovation liés aux communautés et à l’industrie locales, la population étudiante de ces instituts de formation conçoit des produits économiquement viables et socialement utiles. Les développeurs et développeuses de certaines de ces innovations ont déposé des demandes de brevet et de certification en prévision de leur commercialisation.

À titre d’exemple, les élèves ont conçu de nouveaux poêles qui consommeront moins de combustible et permettront de cuisiner plus efficacement. Ils et elles ont mis au point des farines enrichies (ainsi que des recettes suggérées qui nécessitent des cultures sous-utilisées de la part des exploitations agricoles locales) qui pourraient remédier à l’insécurité alimentaire et aux carences nutritionnelles des groupes vulnérables. Et, en réponse aux demandes de la communauté, la population étudiante d’un institut de formation a élaboré des moyens d’ajouter de la valeur aux pommes de terre irlandaises en fabriquant une farine enrichie et des aliments enrichis pour animaux.

Les innovations montrent comment le développement des compétences dans le secteur de l’EFTP peut aider à transformer les économies. L’équipe de recherche comprend également des personnes qui représentent le George Brown College, au Canada, et deux organisations kényanes : le Linking Industry with Academia Program Trust et le Rift Valley Technical Training Institute. En plus de mettre à l’essai les pôles d’innovation, l’équipe de recherche a élaboré des mesures pour améliorer l’égalité des genres dans le secteur et des processus politiques importants pour aider à revigorer le secteur dans son ensemble.

Faits saillants

  • Des chercheuses et chercheurs canadiens et kényans aident le secteur de la formation professionnelle à jouer son rôle dans l’innovation, le développement des compétences et l’emploi des jeunes.
  • Quatre pôles d’innovation kényans relient les instituts de formation aux communautés et à l’industrie locales, permettant à la population étudiante de concevoir des produits économiquement viables et socialement utiles.
  • Les instituts de formation et le gouvernement kényan adoptent de nouvelles pratiques et politiques afin d’améliorer l’égalité des genres ainsi que la qualité et les performances globales de l’enseignement et de la formation techniques et professionnels.

 

Réaliser le potentiel de la formation professionnelle

Comme dans la plupart des pays d’Afrique subsaharienne, plus de 75 % de la population du Kenya ont moins de 35 ans. Plus de 13 % des jeunes sont au chômage ou sous-employés, et ce pourcentage devrait augmenter. Des estimations récentes montrent que des milliers de jeunes, souvent peu qualifiés, quittent l’école tôt chaque année à la recherche d’un travail, mais avec un succès limité. Ceux et celles qui quittent l’école prématurément ne peuvent souvent pas profiter des quelques possibilités d’emplois disponibles.

Bien qu’il n’existe pas de solution unique pour relever ces défis, l’EFTP est de plus en plus reconnu par les gouvernements et les institutions de développement comme le moyen le plus pratique pour les jeunes d’acquérir des compétences professionnelles. Cependant, ce niveau de formation et d’éducation est généralement négligé. Les établissements ne reçoivent pas le financement, le matériel de formation, les services et les renseignements dont ils ont besoin pour former les diplômées et diplômés qualifiés dont les économies ont besoin.

La recherche financée par le CRDI vise à aider les gouvernements des pays comme le Kenya et l’Ouganda, qui s’efforcent de changer cette tendance. En collaboration avec des partenaires de développement, ces gouvernements ont commencé à donner la priorité aux politiques et aux investissements visant à transformer l’EFTP afin de mieux répondre aux besoins actuels et futurs des travailleuses et travailleurs en matière de compétences spécialisées et non techniques. Au Kenya, par exemple, le gouvernement a investi massivement dans le secteur de l’EFTP, augmentant le nombre d’élèves inscrits dans ces établissements de plus de 600 % depuis 2013.

Media
Trois femmes kenyanes portant des blouses blanches et des toques de chef pèsent de grosses citrouilles à l'extérieur d'un institut de formation.
l’Institut de formation technique d’Ol’Lessos
Les innovations de l’Institut de formation technique d’Ol’Lessos comprennent des farines enrichies dérivées de variétés de citrouilles sous-utilisées et cultivées localement.

Nouveaux pôles d’innovation, politiques et programmes d’égalité des genres au Kenya

En plus de générer de nouveaux produits, les pôles d’innovation hébergés dans les instituts de formation s’avèrent être des plateformes utiles pour réunir les parties prenantes du secteur des gouvernements, de l’éducation et de l’industrie pour l’élaboration de politiques et la promotion de l’EFTP dans le pays.

Les résultats de la recherche ont guidé l’élaboration d’un cadre national d’assurance de la qualité, que le gouvernement et d’autres parties prenantes utilisent pour améliorer la qualité et la pertinence de l’EFTP au Kenya. Les conclusions et les recommandations ont également permis de soutenir la mise en œuvre du Programme national pour l’emploi des jeunes, qui vise à créer des possibilités d’emploi pour les jeunes en développant les capacités des établissements d’EFTP et des diplômées et diplômés. Une base de données permettant de suivre leurs progrès et de fournir une plateforme permettant aux employeuses et employeurs d’accéder aux diplômées et diplômés qualifiés est également en cours de création.

Les recommandations ont éclairé l’intégration de la dimension de genre dans l’EFTP par l’intermédiaire de programmes de formation et d’outils d’orientation professionnelle conçus pour répondre aux besoins uniques des femmes, en plus de ceux des hommes, et de stratégies de marketing pour attirer plus d’étudiantes.

Une nouvelle initiative appelée Kenya Blue Economy Skills Training Program s’appuie sur cette recherche. Le projet d’une durée de sept ans et d’un montant de 25 millions de dollars canadiens financé par Affaires mondiales Canada soutient les plans du gouvernement du Kenya pour une économie bleue améliorée, fondée sur l’utilisation durable des ressources océaniques et des écosystèmes océaniques sains. Le programme renforcera la capacité des institutions et agences d’EFTP du Kenya à offrir des programmes de formation professionnelle qui répondent aux normes internationales et aux besoins des industries de l’économie bleue. 

Politiques visant à renforcer la formation professionnelle et l’éducation en Afrique

Les pays africains ont besoin de personnel technique innovant et hautement qualifié pour mener un programme visant à transformer les économies grâce à des innovations qui ajoutent de la valeur aux produits de base et aux ressources naturelles.

Mais faire de l’EFTP une solution sérieuse en matière d’emploi et d’innovation pour les jeunes est plus facile à dire qu’à faire. Cette recherche financée par le CRDI a montré que pour que l’EFTP devienne une option viable pour accroître l’innovation, la valeur et l’employabilité en Afrique, les éléments suivants sont nécessaires :

  • Accroître la capacité des établissements d’EFTP à développer des pôles d’innovation, des incubateurs d’entreprises et des centres de recherche appliquée. 
  • Créer des instruments et des structures plus accessibles pour protéger les inventions des jeunes innovateurs et innovatrices au moyen de brevets technologiques, de marques commerciales et de droits d’auteur pour les créations intellectuelles, ainsi que de stratégies de soutien aux jeunes entreprises. 
  • Créer une autorité de développement des compétences qui finance les parties prenantes du secteur privé pour qu’elles offrent de la formation et des stages, et aident à aligner le développement des compétences sur les besoins de l’industrie, de la communauté et de la main-d’œuvre. 
  • Fonder les plans de développement nationaux sur une prévision industrielle et une planification de la main-d’œuvre efficace afin de cibler les secteurs et les industries clés qui stimuleront l’emploi et la croissance économique à l’avenir. 
  • Soutenir les stages, les apprentissages et d’autres formes d’apprentissage pratique afin d’inciter l’industrie et les collectivités à embaucher des diplômées et diplômés de l’EFTP bien préparés. 
  • Renforcer les compétences générales, les compétences linguistiques et les compétences en technologies de l’information et de la communication, ainsi que les compétences techniques pour préparer les diplômées et diplômés de l’EFTP au marché du travail. 
  • Promouvoir le prestige et la visibilité de la formation professionnelle en lançant des campagnes de promotion et des concours.

Les recherches appuyées par le CRDI sur le secteur de l’EFTP se poursuivront grâce à de nouveaux investissements. Par exemple, une nouvelle initiative, FutureWORKS : Skills for a Sustainable and Inclusive Future of Work, inclut le secteur, entre autres niveaux d’éducation, dans les questions de recherche qu’elle vise à aborder.

Collaborateur : Paul Okwi, spécialiste principal de programme, CRDI.