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Formation commerciale numérique : un changement de donne pour les jeunes agripreneurs

 
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Le fonds Cultiver l’avenir de l’Afrique (CultivAF) est un partenariat de 35 millions de dollars canadiens (37 millions de dollars australiens) sur dix ans entre le CRDI et le Australian Centre for International Agricultural Research (ACIAR). CultivAF finance la recherche appliquée visant à améliorer la sécurité alimentaire, la résilience et l’égalité des sexes en l'Afrique de l'Est et du Sud.

Au Kenya, les jeunes âgés de 18 à 34 ans représentent 29 % de la population et jouent un rôle important dans le programme de croissance et de transformation économique du pays. Toutefois, 70 à 80 % des entreprises créées par des jeunes échouent au cours des deux premières années. Afin d’aider les entrepreneurs à créer des entreprises durables et rentables, l’Université internationale des États-Unis en Afrique (USIU-Afrique) offre un programme de formation et de mentorat commercial qui met également les jeunes en contact avec des institutions financières pour obtenir des prêts afin de développer ou d’améliorer leurs entreprises.

Le projet, qui en est à sa deuxième phase, a été mis en place par le Global Agribusiness Management and Entrepreneurship Center (GAME) de l’USIU-Afrique. Il est soutenu par le fonds Cultiver l’avenir de l’Afrique (CultivAF), un partenariat de 10 ans entre le CRDI et l’Australian Centre for International Agricultural Research. Le projet vise à comprendre quelle combinaison d’interventions fonctionne pour assurer le succès des entreprises dirigées par des jeunes dans le secteur agricole. Cette phase, qui comporte la mise à l’échelle de l’approche combinant une formation commerciale avec du mentorat et du financement, a attiré 1 200 candidats (ils étaient 60 lors de la première phase) et a permis de travailler directement avec 492 jeunes exploitant un large éventail d’agro-entreprises.

Boîte à outils pour la formation numérique

Lorsque la COVID-19 est apparue, le projet a rapidement adapté son approche de sensibilisation, passant à des webinaires et à des réunions en ligne utilisant les plateformes Zoom et Teams, par exemple, en remplacement des interactions en personne. Des groupes WhatsApp basés dans les comtés ont également été créés pour faciliter la communication entre les jeunes et leurs mentors. Le projet est allé plus loin pour obtenir des forfaits Internet abordables pour les participants en s’associant à des fournisseurs de services Internet, à savoir Safaricom PLC et Telkom Kenya. Grâce à l’accès à des données subventionnées, les entrepreneurs ont pu s’aventurer dans la commercialisation de produits en ligne à l’aide de plateformes de médias sociaux, et le projet a pu continuer à offrir un apprentissage entre pairs et un mentorat en entreprise.

Renforcer la résilience des entreprises

Le projet collabore avec un large éventail d’entreprises agricoles, notamment dans les secteurs de la volaille, des légumes, des produits laitiers, des pommes de terre, du poisson, de l’herbe de blé, de l’élevage de lapins et du ver à soie. Les neuf modules de formation du cours, qui comprennent l’ajout de valeur, le marketing en ligne et la tenue de dossiers financiers, ont renforcé la confiance et les compétences des agripreneurs, permettant à nombre d’entre eux de diversifier ou d’étendre leurs activités.

« On nous a appris à ne pas être rigides, à trouver d’autres activités pour maximiser le bénéfice », a déclaré Philip Ndwiga, un entrepreneur de 32 ans qui cultive de l’herbe de blé dans le comté de Kiambu. En appliquant les leçons tirées de la formation, M. Ndwiga s’est lancé dans la production de jus et de poudres à partir de sa récolte. Ces produits à valeur ajoutée peuvent être mélangés à des boissons ou à du porridge pour augmenter leur valeur nutritionnelle et lui procurent un bon revenu : « À partir d’un kilo de semences de blé à 0,70 dollar canadien, je peux obtenir un bénéfice de 4,67 dollars canadiens après déduction des coûts d’exploitation », a-t-il expliqué.

En plus d’augmenter les revenus des agripreneurs, la diversification s’est avérée être un facteur clé pour permettre aux entreprises de rester à flot pendant la pandémie de COVID-19. Une étude de l’USIU-Afrique sur les facteurs qui renforcent la résilience des agripreneurs a recueilli des données auprès de 500 jeunes dans 31 comtés. L’étude a révélé que le temps que les entrepreneurs consacrent au réseautage, à l’obtention de conseils commerciaux et de fonds supplémentaires, ainsi qu’à l’utilisation des médias sociaux pour augmenter les ventes, était également un facteur important pour les entreprises qui ont survécu à la pandémie.

Stratégies sensibles au genre

S’appuyant sur les enseignements tirés de la première phase, le projet a mis en œuvre diverses approches sensibles au genre afin de mobiliser des femmes et d’améliorer leur maintien dans le programme de formation commerciale et de mentorat. Par exemple, le projet a recruté et formé des mentors commerciaux locaux pour aider à surmonter le défi auquel sont confrontées 35,8 % des participantes, à savoir concilier formation et tâches ménagères. « Ils nous ont beaucoup aidées; ils nous ont offert le transport pour assister à la formation », a déclaré Jackline Mutiso, une entrepreneure de 29 ans qui cultive des laitues en hydroponie dans le comté de Kiambu. Comme d’autres participantes, Mme Mutiso a déclaré qu’elle aurait abandonné sans les mécanismes de soutien mis en place, et que grâce aux formations, elle a pu renforcer ses capacités en matière de tenue de dossiers financiers, de gestion d’entreprise, et d’achats. « Nous n’avions pas beaucoup de connaissances, mais ils nous ont appris à gérer l’entreprise plus efficacement », a-t-elle ajouté.

D’autres stratégies de soutien sensibles au genre ciblaient les jeunes mères. Par exemple, la mise à disposition de gardiennes d’enfants dans les centres de formation ainsi que des locaux pour l’allaitement et le changement de couches ont été prévus pour les participantes aux cours et le personnel de formation.

Renforcer le soutien

Étant donné que 53,4 % des participants ont du mal à accéder aux services financiers en raison de l’absence de garanties, la plupart utilisent l’épargne personnelle comme principale source de capital de démarrage. Les femmes sont encore plus susceptibles que les hommes d’avoir des difficultés d’accès au financement parce qu’elles ne disposent pas de sûreté accessoire (64,9 %), qu’elles n’ont pas de documents commerciaux (57,8 %) et qu’elles connaissent mal les sources de financement (57,3 %). Pour augmenter leurs chances d’accéder à du financement, le cours de formation a identifié des bailleurs de fonds potentiels pour fournir des produits financiers, tel que des prêts récurrents de fonds de roulement. Les agripreneurs ont été mis en relation avec les gouvernements des comtés et des organismes de financement tels que l’Agricultural Finance Corporation, Juhudi Kilimo et la Kenya Women Microfinance Bank. Cependant, la pandémie a entraîné des complications, et les groupes de financement ont choisi de reporter leur soutien pour le moment.

Le centre GAME aide les gouvernements des comtés à mettre en œuvre des stratégies pour les agroentrepises propres à chaque comté par la mise à l’échelle d’interventions de formation et en travaillant avec des acteurs du secteur privé pour accélérer la mise en œuvre de possibilités de financement pour les jeunes. Dans le comté de Nyandarua, par exemple, sous la direction du centre GAME, le gouvernement local a parrainé une visite de terrains agricoles pour 33 jeunes entrepreneurs (15 femmes et 18 hommes) afin qu’ils puissent interagir et apprendre des agripreneurs locaux qui ont réussi. Le même gouvernement s’est également associé à Equity Bank pour offrir un financement à un maximum de 10 000 jeunes entrepreneurs prometteurs afin qu’ils puissent développer leurs entreprises – y compris pour les anciens élèves du centre GAME de l’USIU-Afrique.

Conclusions

Les recherches menées par le centre GAME indiquent que la formation commerciale et le mentorat augmentent les performances et la rentabilité des entreprises dirigées par des jeunes. Les applications numériques ont été déterminantes pour permettre aux participants d’accéder aux conseils et au soutien nécessaires à la modification de leur entreprise pendant la pandémie de COVID-19 et ont aidé les responsables du projet à poursuivre la prestation des composantes de formation et de mentorat.

Sur la base des résultats de recherche qui indiquent que les stratégies sensibles au genre augmentent le maintien des femmes dans le programme de formation, le centre GAME a l’intention de s’inspirer de ces approches et de les adapter pour fournir un soutien supplémentaire en matière de formation à des groupes défavorisés. Par exemple, le centre collabore activement avec le Fonds Uwezo du gouvernement du Kenya, qui promeut les entreprises gérées par des femmes, des jeunes et des handicapés physiques, afin d’offrir à ces groupes une formation et un mentorat avant de leur accorder un financement commercial. Pour l’avenir, le projet a l’intention de poursuivre la mise à l’échelle en incluant une diversité encore plus grande de chaînes de valeur et d’étendre sa portée à d’autres pays d’Afrique subsaharienne.

Faits saillants

  • Les ventes mensuelles des jeunes entrepreneurs ont augmenté de plus de 10 600 shillings kenyans (environ 120 dollars canadiens) grâce au programme de formation et de mentorat pour agroentreprises.
  • Depuis octobre 2018, grâce à ces revenus supplémentaires, plus de 490 nouveaux emplois ont été créés dans des entreprises dirigées par des jeunes.
  • En tout, 67 % des entreprises lancées lors de la première phase du programme étaient détenues par des femmes, et dans la deuxième phase, la plupart des participants (53 %) sont des femmes.
  • La valeur des entreprises dirigées par des jeunes a augmenté de 22 %, et l’enregistrement d’entreprises a augmenté de 25,7 %.