Faire progresser l’égalité des genres et l’inclusion sociale grâce à l’action climatique

En cette année d’inondations sans précédent au Pakistan, de vagues de chaleur record en Inde, de famine et de sécheresse en Somalie et de feux de forêt qui font rage en Europe et dans l’ouest des États-Unis, l’urgence d’agir pour le climat est évidente. Les pays du Nord et du Sud ressentent les effets des changements climatiques, mais leurs répercussions sont très inégales. Les pays à faible revenu qui ont le moins contribué au réchauffement climatique sont parmi les plus durement touchés. Les personnes marginalisées et celles qui vivent dans la pauvreté sont les plus menacées par les vagues de chaleur, la sécheresse, les mauvaises récoltes et d’autres effets.
À l’échelle mondiale, les femmes sont plus susceptibles de vivre dans la pauvreté en raison de la répartition inéquitable du travail de soins et de leur concentration dans le travail peu rémunéré et informel. En Afrique, les femmes effectuent trois à cinq fois plus de travaux de soins non rémunérés que les hommes. Ce fardeau limite leurs revenus, leurs possibilités et réduit leurs options quant à l’adaptation aux changements climatiques. Avec d’autres groupes marginalisés, elles ont peu de poids dans les plans d’action climatiques qui peuvent être essentiels à leur survie. Elles ont également moins de possibilités de profiter d’une transition économique vers des voies à faible émission de carbone.
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat souligne le besoin urgent de recherches pour accélérer l’adaptation et lutter contre les inégalités entre les sexes et les inégalités sociales. La recherche visant à améliorer l’adaptation et la résilience doit être menée à l’échelle locale et être inclusive afin de permettre aux personnes les plus touchées par les changements climatiques de participer à l’élaboration des solutions. Afin de fournir les données probantes nécessaires, le CRDI investit dans de nouvelles recherches visant à renforcer l’action climatique qui tient compte des sexospécificités dans les pays du Sud.
Changer notre perception du genre et des changements climatiques
La compréhension et les approches du CRDI ont évolué au cours des 15 années par l’appui à la recherche sur l’adaptation aux changements climatiques et, plus récemment, sur les mesures d’atténuation. Les résultats des projets successifs ont montré qu’il est essentiel de comprendre comment les risques liés aux changements climatiques, les vulnérabilités et les options de réponse diffèrent entre les hommes et les femmes, entre les différents groupes sociaux, et entre les moyens de subsistance, pour soutenir l’action climatique.
Le genre recoupe d’autres facteurs sociaux pour façonner les vulnérabilités et les options.
Le genre à lui seul ne façonne pas les vulnérabilités et les capacités d’adaptation. Les recherches sur l’adaptation dans les régions semi-arides ont montré que le genre n’est qu’un des nombreux facteurs (y compris les capacités, l’âge, l’éducation, l’origine ethnique, la composition du ménage et le statut socioéconomique) qui sont indispensables pour comprendre les vulnérabilités. Il est essentiel d’examiner comment ces facteurs interagissent : l’application d’un cadre intersectionnel révèle comment le genre et d’autres facteurs interagissent pour façonner les vulnérabilités et influencer les réponses des gens aux changements climatiques.
L’adaptation peut transformer les normes sociales et sexospécifiques.
Les recherches financées par le CRDI ont mis en évidence le potentiel de l’adaptation aux changements climatiques à transformer le genre, en créant de nouvelles possibilités pour les hommes et les femmes d’exercer leur rôle au-delà des rôles traditionnels. De ce point de vue, les différences sociales et de genre ne sont pas seulement des vulnérabilités, mais des sources potentielles de résilience.
Les femmes ont beaucoup à apporter à l’action climatique et à la résilience.
Un examen des vulnérabilités sexospécifiques dans les régions semi-arides d’Afrique et d’Asie a remis en question l’idée que les femmes sont des victimes impuissantes des changements climatiques. Des recherches menées au Kenya, par exemple, ont montré comment l’autonomisation des femmes entrepreneures peut contribuer de manière significative à la résilience des communautés. Il est essentiel de renforcer la capacité d’action des femmes et des autres groupes vulnérables, tout en remettant en question les structures sociales et les facteurs environnementaux qui les rendent vulnérables en premier lieu pour renforcer la résilience.
Le CRDI s’est concentré sur l’autonomisation des femmes dans de nombreux domaines de l’action climatique. Dans le cadre de l’initiative Soutien d’experts de l’African Group of Negotiators (AGNES), de l’Institut africain des sciences mathématiques Next Einstein Initiative Fellowships for Women in Climate Change Science, et de la formation du Climate and Development Knowledge Network (CDKN) pour les points focaux sur le genre et les changements climatiques, le CRDI a renforcé la capacité des femmes en tant que négociatrices, chercheuses et dirigeantes en matière de climat à divers niveaux.
Dans le cadre de l’initiative de spécialisation en leadership, changements climatiques et villes, 102 jeunes leaders urbains d’Amérique latine et des Caraïbes – dont plus des deux tiers sont des femmes – ont reçu une formation postdoctorale et l’occasion de contribuer à l’action climatique. Sur la base des études qu’ils ont produites sur les changements climatiques et les conflits connexes dans les zones urbaines, un financement de démarrage a été fourni à des interventions locales sélectionnées dans des domaines tels que le cyclisme, l’écologisation des villes et la restauration de corridors écologiques. Cet apprentissage expérientiel a renforcé l’adaptation locale tout en créant un cadre de leaders émergents.
Comment le CRDI appuie-t-il une recherche plus inclusive
Les changements climatiques et les inégalités sont abordés comme deux défis dans la Stratégie 2030 du CRDI. Nous exigeons des bénéficiaires de subventions qu’ils intègrent des objectifs et des approches en matière d’égalité des genres et d’inclusion sociale dans leur travail et nous investissons massivement dans le renforcement des capacités des bénéficiaires de subventions dans ces domaines. Les programmes successifs ont offert un mélange de formation, d’apprentissage par les pairs et d’accompagnement d’experts afin de renforcer ces dimensions de la recherche sur les changements climatiques.
De 2019 à 2022, nous avons soutenu un effort d’apprentissage par l’action avec des équipes de projet dans six pays afin de renforcer leur capacité à entreprendre des recherches transformatrices de genre afin d’accélérer l’action climatique. Accompagnées de Gender at Work, les équipes ont constaté que l’application d’approches transformatrices implique bien plus que l’intégration de la dimension de genre dans les questions et les méthodes de recherche : cela signifie un fonctionnement plus équitable des équipes, le renforcement de la voix des femmes au sein de l’équipe de recherche elle-même et une plus grande concentration sur l’apprentissage dans communautés afin de permettre aux femmes de diverses origines de participer à la prise de décisions, aux discussions sur les politiques et à l’apprentissage personnel.
Les équipes de projet ont appliqué ces nouvelles connaissances à leur travail. Au Bénin, par exemple, l’équipe a adapté un outil d’évaluation de la vulnérabilité existant afin de mieux saisir les considérations de genre. En utilisant une approche intersectionnelle, ils ont ensuite utilisé l’outil pour renforcer la planification de l’adaptation communautaire afin de mieux répondre aux besoins et aux intérêts des femmes, des personnes âgées, des personnes en situation de handicap et d’autres groupes vulnérables.
Perspectives d’avenir : investir dans le lien entre genre et action climatique
Le genre et l’inclusion sociale sont essentiels à une nouvelle série d’initiatives de recherche soutenues par le CRDI :
- Adaptation aux changements climatiques et résilience (CLARE) est un partenariat entre le CRDI et le Foreign, Commonwealth and Development Office du Royaume-Uni. L’égalité des genres et l’inclusion sont intégrées dans CLARE, soutenues par le renforcement des capacités et le suivi, l’évaluation et l’apprentissage transversaux. Les équipes de recherche financées doivent disposer d’un plan crédible pour surveiller la façon dont elles s’engagent auprès des différents groupes sociaux et les affectent.
- L’Égalité des genres dans un monde à faible émission de carbone (GLOW) place le leadership des femmes au cœur des stratégies de transition à faible émission de carbone. La recherche-action menée dans 17 pays explore les innovations qui stimulent le progrès économique des femmes et favorisent l’action climatique.
- Soutenir le pastoralisme et l’agriculture dans les crises récurrentes et prolongées (SPARC) vise à renforcer la résilience des éleveurs et des agriculteurs dans les régions fragiles de l’Afrique et du Moyen-Orient qui connaissent des changements climatiques, des conflits armés et une mauvaise gouvernance. En mettant l’accent sur les femmes, les jeunes et les personnes en situation de handicap, le CRDI appuie la recherche SPARC au Nigéria et au Soudan du Sud qui adopte une approche intersectionnelle pour bâtir des moyens de subsistance plus inclusifs et des systèmes alimentaires plus résilients aux changements climatiques.
- Changement radical, un nouveau partenariat de 28,6 millions de dollars canadiens entre le CRDI et le ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas mobilisera les connaissances en action et renforcera le leadership et les capacités en matière de climat afin de faire progresser un développement résilient au climat qui tient compte des sexospécificités et socialement inclusif.
En savoir plus :
Développer une résilience inclusive aux changements climatiques et aux catastrophes au Bénin
Faire progresser l’égalité des genres dans les systèmes alimentaires fragiles en Afrique de l’Ouest
Renforcer le leadership des villes d’Amérique latine et des Caraïbes dans un climat changeant
Accélérateur de connaissances du CDKN pour un développement compatible avec le climat
Research highlights
Le genre à lui seul ne façonne pas les vulnérabilités et les capacités d’adaptation. Il est essentiel d’examiner des facteurs tels que les capacités, l’âge, l’éducation, l’origine ethnique, la composition du ménage et le statut socioéconomique pour comprendre les vulnérabilités.
- Les différences de genre et les différences sociales ne sont pas seulement des vulnérabilités, mais des sources potentielles de résilience.
- L’autonomisation des femmes entrepreneures peut contribuer de manière significative à la résilience des communautés. Il est essentiel de renforcer la capacité d’action des femmes et des autres groupes vulnérables, tout en remettant en question les structures sociales et les facteurs environnementaux qui les rendent vulnérables en premier lieu, pour renforcer la résilience.