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Exploiter le potentiel de transformation d’inclusion financière des femmes

 

Les gouvernements et les acteurs du secteur privé intensifient les efforts pour favoriser l’inclusion financière en Afrique subsaharienne. Les avancées technologiques dans les services financiers, principalement l’argent mobile, ont entraîné une augmentation du nombre de propriétaires de comptes officiels, passant de 24 % de la population subsaharienne en 2011 à 34 % en 2014, d’après les données Findex de la Banque mondiale.

Il reste toutefois beaucoup à faire pour combler les écarts entre les sexes. Par exemple, 70 % des femmes restent exclues financièrement, par rapport à 61 % des hommes. Même si l’on pense que l’inclusion financière est essentielle à l’autonomisation économique des femmes, seulement améliorer l’accès aux produits et services financiers peut ne pas avoir une incidence significative sur leur vie. Au lieu de concentrer les efforts seulement sur l’accès, il faut adopter une approche plus transformatrice à l’inclusion financière qui implique la déconstruction des normes socioculturelles et des obstacles sexospécifiques sous-jacents dans les marchés financiers.

Le CRDI a financé divers documents d’information pour étudier dans quelles conditions, le cas échéant, la technologie financière, les interventions comportementales et les normes sociales peuvent entraîner un changement transformateur.

Incidence de la technologie financière sur les femmes

Les nouvelles technologies numériques révolutionnent l’industrie des services financiers partout dans le monde. L’Afrique a été un centre d’innovation dans ce domaine en raison de son adoption rapide des réseaux de télécommunications mobiles. L’activité bancaire évolue donc avec l’arrivée de nouveaux acteurs qui viennent perturber les modes financiers traditionnels pour créer un service innovant.

Le document d’orientation Exploring fintech solutions for women détermine cinq raisons pour lesquelles les femmes ont moins accès aux services financiers :

  • Absence d’un revenu stable
  • Niveaux inférieurs d’alphabétisation financière
  • Restrictions juridiques et sociales
  • Faible nombre de propriétaires de téléphones mobiles
  • Manque de pouvoir décisionnel au sein du ménage

L’innovation financière sur la technologie peut combler les écarts entre les sexes en ciblant les femmes avec d’autres produits. Ces solutions incluent notamment les produits qui combinent un compte de micro-épargne à portefeuille mobile avec une assurance maladie pour augmenter l’accès des femmes aux services de santé. Il existe également un grand potentiel d’innovation dans le renforcement des institutions dont dépendent les femmes – les coopératives, les groupes d’épargne et les institutions de microcrédit – en proposant des systèmes de technologie de l’information et de gestion de l’information que ces plus petits acteurs du système financier peuvent utiliser pour améliorer leurs affaires.

Jusqu’à maintenant, la plupart des innovations technologiques financières dans la région n’ont pas tenu compte du sexe, dans le sens où peu d’entre elles ont ciblé précisément les femmes. À l’avenir, l’accent devrait être mis davantage sur la résolution des problèmes dans les secteurs et les services essentiels pour les femmes.

Utiliser les sciences comportementales pour influencer les décisions financières des femmes

L’une des façons de combler les écarts entre les sexes dans l’inclusion financière est de comprendre et d’influencer la façon dont les femmes interagissent avec les fournisseurs de services financiers et leurs produits.

L’examen « What can behavioural science tell us about the financial decisions of women? », appuyé par le CRDI, détermine comment la conception des produits financiers peut influencer les décisions des femmes. Les fournisseurs de services financiers peuvent encourager certains comportements, en proposant notamment des paramètres par défaut pour les produits financiers, comme les dépôts automatiques dans un compte d’épargne, à moins que la cliente refuse cette option. Cette conception a un effet progressif et positif sur le montant épargné par les femmes.

L’engagement est un autre domaine d’intervention qui peut influencer les décisions financières des femmes. Le simple fait de demander aux femmes quel est leur objectif, comment elles comptent atteindre cet objectif ou quand elles comptent effectuer un paiement en vue de cet objectif aide à préciser les intentions des clientes et augmente la probabilité qu’elles atteignent leur objectif.

La communication avec la clientèle (alertes, rappels par message texte) peut aussi influencer les décisions des femmes. La communication suscitant des réactions émotionnelles peut façonner la manière dont les gens agissent. Par exemple, un feuilleton en Afrique du Sud avec un scénario sur la gestion financière et la façon d’éviter les pièges d’endettement (p. ex., jeux d’argent et achats à tempérament) a entraîné une hausse des emprunts de 9 % auprès d’une banque officielle chez les personnes qui l’ont regardé.

Les fournisseurs de services financiers peuvent aussi varier les tarifs et les avantages financiers pour augmenter l’utilisation de comptes bancaires par les femmes. Les rabais et les incitatifs, y compris l’élimination des frais et des soldes minimums, se sont avérés efficaces pour attirer des clientes.

Il existe suffisamment de preuves justifiant que les interventions comportementales, dans de nombreux cas, n’ont pas une incidence égale sur les décisions financières des hommes et des femmes. Ces interventions peuvent élargir ou réduire l’écart entre l’utilisation des produits financiers par les hommes et par les femmes. De futures recherches sont nécessaires sur la façon de structurer et de concevoir les services financiers pour répondre aux besoins des femmes, y compris celles des populations mal desservies.

Étudier les services financiers du point de vue des femmes

Un troisième examen, Demand-side review of financial inclusion for women in entrepreneurship and smallholder agriculture, s’intéresse de plus près aux raisons pour lesquelles l’inclusion financière n’arrive pas à améliorer considérablement la productivité, la croissance des revenus et l’autonomisation des femmes.

L’examen conclut que les femmes dans le secteur agricole et l’entrepreneuriat sont plus concernées que les hommes par les obligations familiales, le manque de temps, les droits juridiques limités, les inquiétudes concernant la sécurité physique, le plus faible niveau d’éducation et l’accès limité à l’information. Les femmes dans ce secteur font face à plus d’obstacles à la productivité que leurs homologues masculins en raison de droits fonciers moins protégés, d’un temps personnel inférieur pour la main-d’oeuvre, d’un accès plus restreint à la main-d’oeuvre d’autres personnes, de plus faibles apports comme les semences et les engrais pour faire le travail, et de contraintes de mobilité. Même si l’entrepreneuriat offre des options plus attrayantes pour certaines femmes, il a ses contraintes propres, notamment le fait que les femmes ont moins d’expérience en affaires, se concentrent dans les secteurs ayant de faibles coûts de démarrage, et ont moins accès aux services financiers de base, tels que le crédit, l’épargne et l’assurance, que les hommes.

Ces obstacles visent en grande partie les normes socioculturelles sous-jacentes qui réglementent comment et où les hommes et les femmes se placent dans la structure sociale. Les femmes sont généralement moins disposées et moins aptes à faire des investissements risqués dans les affaires ou l’agriculture, et elles sont moins susceptibles de réussir dans leurs projets d’affaires ou agricoles. Pour que les femmes utilisent des produits financiers de façon continue, elles doivent faire concorder leurs revenus faibles et instables avec leur propension à investir dans les besoins du ménage, tels que la santé et l’éducation.

En plus des questions d’accessibilité, les programmes d’inclusion financière doivent comprendre d’autres méthodes, telles que des programmes de formation financière et d’éducation. La technologie offre la possibilité d’accéder aux femmes à moindre coût et plus efficacement – leur permettant d’accéder à des produits à partir de leurs téléphones mobiles et leur offrant plus de flexibilité quant au format et à la gamme du produit. Bien qu’il y ait des avancées prometteuses, d’autres recherches sont nécessaires sur la façon dont les services financiers peuvent être conçus afin de répondre aux besoins des femmes non seulement en fonction des questions d’accès, mais surtout en fonction des difficultés sous-jacentes et systématiques qui restreignent l’accès et l’utilisation en premier lieu.

Veuillez consulter les documents d’information pour en savoir plus :

Veuillez lire l’article connexe Transformer les relations entre les sexes pour réaliser l’inclusion financière.