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Établir des bases solides pour les soins de santé destinés aux femmes enceintes au Nigéria

 

Le Nigeria affiche un taux de mortalité maternelle parmi les plus élevés au monde. Les 40 000 décès maternels annuels estimés du pays représentent environ 14 % du total mondial, d’après une fiche d’information du Centre de recherche sur la population et la santé en Afrique (CRPSA). L’une des principales raisons de ces décès est que de nombreuses femmes, notamment dans les zones rurales, ne se rendent pas dans les centres de soins de santé primaires pour recevoir des soins prénataux et postnataux, ou pour accoucher.

Le gouvernement du Nigéria a fait de la santé maternelle et infantile une priorité. Les 33 000 centres de soins de santé primaires du pays jouent un rôle pivot dans cette stratégie, étant donné qu’ils servent de passerelle vers l’ensemble du système de santé du Nigéria. En 2017, le gouvernement a lancé un plan de revitalisation de plus de 10 000 de ces centres, notamment dans les zones rurales.

La recherche financée dans le cadre de l’Innovation pour la santé des mères et des enfants d’Afrique (ISMEA) produit des données empiriques, lesquelles permettent de formuler des recommandations qui appuient cet effort de revitalisation. Une équipe composée de chercheurs du Women’s Health and Action Research Centre du Nigeria et de l’Université d’Ottawa cerne les obstacles empêchant les femmes enceintes d’utiliser ces centres dans deux zones de gouvernement local de l’État d’Edo : Esan Sud Est et Etsako Est. En collaboration avec l’agence chargée de la conception des soins de santé primaires de l’État d’Edo, l’équipe teste également des interventions novatrices dans les centres et à l’égard des membres de la collectivité en vue d’améliorer les soins maternels.

Faits saillants

  • Une enquête réalisée dans l'État d'Edo, au Nigéria, a révélé que 62 % des femmes enceintes recevaient des soins prénataux dans un centre de soins de santé primaires.
  • Parmi les femmes interrogées, 25 % avaient accouché chez elles ou avec une accoucheuse traditionnelle.
  • Les chercheurs mettent à l'essai des améliorations telles qu'une dotation appropriée, de nouveaux services de transport pour les femmes enceintes et une éducation à la santé afin de favoriser l'accès à la santé des mères et des enfants.
  • Ils s'emploient à définir des mesures précises que les gouvernements et les collectivités pourraient mettre en place concomitamment pour améliorer l'accès des femmes enceintes aux soins de santé primaires au Nigéria.

Données sur l’utilisation des centres de soins de santé primaires par les femmes

L’équipe a commencé par des « conversations communautaires » dans des collectivités choisies afin de recenser les obstacles à l’utilisation des centres de santé. Ces conversations ont été suivies de discussions en groupes de consultation avec des femmes et des hommes, ainsi que d’entrevues avec les intervenants clés. L’équipe de recherche a évalué les centres de soins de santé primaires dans les collectivités choisies et s’est entretenue avec les femmes qui avaient reçu des soins maternels afin de documenter l’expérience de ces dernières. Enfin, l’équipe a mené une enquête auprès de 1 408 femmes en âge de procréer choisies au hasard dans 20 collectivités.

L’enquête initiale a montré que la majorité des femmes, 62 %, recevaient des soins prénataux dans un centre de soins de santé primaires. Cependant, elle a également révélé que seules 47 % des femmes ayant accouché l’avaient fait dans un centre. D’autres (28 %) s’étaient rendues dans d’autres structures gouvernementales ou dans un hôpital privé. Le reste des femmes (25 %) avaient accouché chez elles ou avec l’aide d’une accoucheuse traditionnelle. Ce pourcentage est considéré comme trop élevé étant donné que le risque de décès maternel et périnatal augmente considérablement.

Contrairement à ce à quoi s’attendaient les chercheurs, les femmes n’ont pas mentionné de croyances culturelles ou religieuses les amenant à préférer un accouchement chez elles ou à refuser les soins prénataux prodigués dans les centres de santé.

Des résultats aux actes

Ces résultats et de nombreux autres ont été présentés aux représentants du gouvernement fédéral et des États, aux membres des collectivités et aux dignitaires locaux. Ensemble, ils ont passé en revue les interventions que l’équipe de recherche teste dans le cadre d’un essai contrôlé randomisé où les résultats des collectivités bénéficiant des améliorations seront comparés à ceux des collectivités où les services sont restés les mêmes.

Dans les centres de santé primaires, ces interventions sont notamment une dotation appropriée, un fonds de médicaments renouvelable, du matériel et des fournitures adaptés, de meilleures conditions de vie pour les fournisseurs de soins de santé, et une formation sur les soins respectueux, les protocoles et l’orientation des patients. Dans les collectivités, parmi les mesures mises en place figurent l’organisation du transport vers les centres de santé, l’éducation à la santé, des régimes d’assurance maladie communautaires, des tournées de bénévoles qui rendent visite aux femmes pour les encourager à utiliser les services des centres, et des programmes pour inciter les accoucheuses traditionnelles à orienter les femmes vers les centres.

Le soutien apporté à ces interventions par les collectivités est en hausse : il y a une forte participation aux initiatives communautaires, et les institutions et les dignitaires locaux ont pris un certain nombre d’engagements financiers pour ce qui est des réparations et des rénovations, du fonds de médicaments renouvelable et du transport. Le niveau élevé d’appropriation locale dans le cadre de ce projet montre que lorsqu’elles sont pleinement informées, les collectivités peuvent diriger les activités d’amélioration de la prestation des soins de santé primaires.

L’équipe de recherche redynamisera également les Comités de développement de quartier qui ont été lancés par le gouvernement nigérian en 2000 pour encourager la participation et l’accès des collectivités aux centres de santé primaires.

Les enquêtes communautaires à mi-parcours et à la fin de l’essai aideront à repérer toute modification de l’utilisation des soins de santé primaires. L’équipe déterminera en particulier les mesures que les gouvernements et les communautés locales de l’État d’Edo et d’autres parties du Nigéria pourraient mettre en place pour améliorer l’accès des femmes enceintes à ces centres. Ces solutions contribueront à améliorer la santé maternelle et infantile au Nigéria.

Initiative Innovation pour la santé des mères et des enfants d’Afrique

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