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Égalité des genres

 
22 avril 2020

Un homme et une femme se dirigent vers une petite mine en Afrique centrale pour leur journée de travail. Leurs chemins se séparent à leur arrivée – l’homme disparaît sous terre pour creuser, tandis que la femme se dirige vers la zone où les femmes transforment le minerai. Il gagnera des salaires beaucoup plus élevés et son emploi est plus sûr, mais elle ne pourra jamais le rejoindre à la mine. Sa communauté croit que les femmes ne peuvent pas être de « vraies » mineuses.

Ce n’est là qu’un exemple de la façon dont les normes et les attitudes sexospécifiques enracinées dans la culture de nombreuses régions du monde peuvent dicter les activités que les femmes sont « autorisées » à faire, ou considérées comme « acceptables » pour elles. Les normes et les attitudes n’influent pas seulement sur les possibilités économiques; elles peuvent aussi influer sur la mobilité, la sécurité, la sûreté, la santé et de nombreux autres aspects de la vie des femmes.

L’égalité entre les sexes – et la façon dont les gens la vivent au sein des ménages, des organisations et des communautés – découle de la façon dont les différents systèmes et structures de la société sont conçus, négociés et mis en oeuvre. Si l’on souhaite provoquer un changement positif dans ces domaines, il ne faut pas se borner à déterminer les inégalités.

Le soutien pratique, les services et la formation peuvent grandement contribuer à améliorer les possibilités offertes aux femmes. Toutefois, pour rendre ces possibilités durables et les ancrer dans les réalités locales, nous devons nous attaquer aux normes et aux systèmes sous-jacents qui sont à l’origine des inégalités entre les sexes. Ce n’est qu’à ce moment-là que nous instaurerons des changements durables et significatifs qui transformeront les relations entre les sexes.

Partout dans le monde, on reconnaît de plus en plus qu’il ne suffit pas d’être « sensibilisé à la sexospécificité » et qu’un changement significatif et durable exige des transformations institutionnelles et systémiques. Dans cet esprit, l’objectif 5 du Programme de développement durable de l’ONU préconise des mesures visant à réduire l’inégalité entre les sexes et à autonomiser les femmes. Les projets se consacrant à ce type de changement fondamental sont souvent qualifiés de sexotransformateurs.

La recherche sexotransformatrice favorise l’autonomisation des femmes, notamment le contrôle partagé des ressources et la prise de décision commune. Elle brosse le portrait des inégalités sociales, donne aux femmes, aux hommes et aux personnes de genre non binaire un espace pour apprendre, et mobilise l’ensemble de l’éventail socio-économique pour changer les normes qui permettent les inégalités.

Un projet de recherche est « sexotransformateur » si ces aspects figurent dans sa justification et sa méthodologie et s’il comprend une analyse rigoureuse des causes profondes, des relations de pouvoir entre les sexes et de l’intersectionnalité (vulnérabilités multiples vécues par des individus ou des groupes, liées à la race, la classe, l’orientation sexuelle et l’ethnicité, en plus du genre). Cette approche de la recherche est importante parce qu’elle s’attaque aux inégalités d’une manière qui reflète les expériences vécues par des personnes réelles et qu’elle favorise des solutions durables qui s’attaquent aux causes profondes.

Lire Transformer les relations entre les sexes : observations tirées de la recherche du Centre de recherches pour le développement international (CRDI)

 

Le CRDI a récemment demandé à un groupe international d’experts-conseils appelé Sisters Ink d’évaluer et de passer en revue dix années de programmes sur la sexospécificité au CRDI (de 2008 à 2018) avant de procéder à une étude plus approfondie des projets de recherche axés sur la sexospécificité menés au cours de la dernière décennie.

Un processus d’échantillonnage a permis de proposer 219 projets de recherche, dont 42 ont été sélectionnés au hasard, puis évalués quant à leur capacité à remettre en question et à modifier les normes sociales, culturelles et sexospécifiques. Les experts-conseils ont qualifié 16 de ces projets de sexotransformateurs et en ont choisi six pour une étude plus approfondie. Ils ont exploré les objectifs, les justifications, les méthodologies et les résultats de ces projets afin de dégager des tendances, des conclusions et des leçons communes.

Les six projets, présentés en détail dans Transformer les relations entre les sexes, ont exploré les défis de l’inégalité entre les sexes dans différentes régions, différents secteurs et par différents groupes.

En se fondant sur l’analyse de ces six études de cas, l’étude a permis de conclure que la recherche sexotransformatrice partageait quatre qualités clés :

  • elle s’attaque aux causes profondes de l’inégalité;
  • elle reconnaît les vulnérabilités et les identités multiples (puisque le genre peut recouper la race, l’origine ethnique, la capacité, l’âge, la religion, la caste et d’autres facteurs);
  • elle renforce la confiance et donne un sens à la participation des parties prenantes;
  • elle tire parti des leaders d’opinion et des institutions locales et amplifie leurs voix.

Les organismes subventionnaires de la recherche cherchant à faire une différence durable en matière d’égalité entre les sexes pourront retenir les éléments de recherche suivants.

1. Avoir un mandat ambitieux.

Pour soutenir un projet de recherche sexotransformatrice, il faut s’appuyer sur des valeurs profondes et savoir clairement ce qu’implique la recherche. Il s’agit de bien comprendre les types de normes, de structures et de comportements qui contribuent aux différentes possibilités et aux différents résultats.

2. Expliquer clairement la signification de la recherche sexotransformatrice.

Des termes comme équité, égalité et inclusion n’ont pas la même signification pour tout le monde dans toutes les disciplines. Il est important de clarifier la signification des termes afin d’aligner la programmation et l’application de la recherche.

3. Adopter une approche à long terme.

L’évolution des dynamiques structurelles sexospécifiques est un long chemin parsemé d’obstacles et de compromis. Pour réussir, il faut engager les bons acteurs dans les discussions et les dialogues. Il faut prévoir suffisamment de temps pour l’engagement, l’établissement de la confiance et l’intégration du travail dans le contexte local.

4. Planifier la mesure du rendement à long terme.

Les normes sociales sexospécifiques et les changements structurels exigent un processus de suivi et d’apprentissage à plus long terme, afin de faciliter le processus d’apprentissage et de permettre un dialogue et une pratique plus vastes.

5. Renforcer les capacités individuelles et organisationnelles.

La recherche sexotransformatrice exige un ensemble complexe de compétences, de capacités et d’expertise. Elle implique en outre le recours constant à celles-ci, une réflexion poussée et un effort continu de bien faire les choses. Certaines des compétences requises comprennent la pensée systémique, l’analyse des parties prenantes et le dialogue délibératif, ainsi que la capacité de tirer parti de méthodologies mixtes, de créer des partenariats efficaces et de positionner la recherche aux fins d’une utilisation pratique.

Les six projets sexotransformateurs qui ont été analysés nous apprennent que le fait de pousser les perceptions, les normes et les institutions vers une plus grande égalité des sexes est un processus complexe et de longue haleine qui peut être abordé de divers points de vue. Cependant, le processus repose en fin de compte sur l’examen, la remise en question et l’élimination des normes sexospécifiques rigides et des déséquilibres de pouvoir au moyen de processus communautaires et participatifs. Le CRDI a de solides assises dans ce domaine et espère continuer à forger de nouveaux territoires et à inspirer l’expérimentation, la recherche et les partenariats avec des organismes aux vues similaires pour atteindre l’objectif de développement durable no5 à l’échelle mondiale.

Ces projets visent à examiner de quelle manière les travaux de recherche financés par le CRDI promeuvent l’égalité entre les sexes et contribuent au bout du compte aux objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU. En présentant les efforts déployés en vue d’assurer l’autonomisation des femmes, le CRDI contribue à une conversation mondiale essentielle qui aidera à faire de l’égalité entre les sexes une réalité à l’échelle mondiale.

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