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Douze chaires de recherche pour générer des connaissances locales sur les déplacements forcés

 

À la mi-2022, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés a signalé que 103 millions de personnes dans le monde avaient été contraintes de fuir leur foyer. L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés a également révélé que les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire hébergeaient 74 % de ces populations.   

Les pays du Sud ont toujours joué un rôle central dans l’accueil des populations déplacées, en particulier des pays voisins. Bien que leurs politiques et leurs pratiques régissent la vie des personnes déplacées, les pays du Sud ont des connaissances limitées sur lesquelles ils peuvent s’appuyer pour améliorer leurs réponses, car la plupart des recherches sur les déplacements forcés proviennent d’institutions du Nord.

Depuis 2021, le CRDI a investi 7,5 millions de dollars canadiens pour soutenir la création de 12 nouvelles chaires de recherche sur trois continents, qui dirigeront la localisation des connaissances sur les déplacements forcés. À l’aide d’un processus concurrentiel, le CRDI a choisi 12 universités pour créer et doter les chaires de recherche. Les titulaires de chaires se réunissent pour la première fois à Dar es-Salaam, en Tanzanie, du 30 mai au 1er juin 2023 pour échanger leur travail et les activités prévues, ainsi que pour faire le point sur les déplacements dans le contexte de leurs régions respectives. Elles ont également établi un réseau de collaboration continue facilité par le Local Engagement Refugee Research Network (LERRN) à l’Université Carleton, au Canada. 

Réseau des chaires de recherche du CRDI sur les déplacements forcés

Énoncé de mission

Le Réseau des chaires de recherche du CRDI sur les déplacements forcés est une communauté de douze chercheuses et chercheurs travaillant dans des universités de pays aux prises avec des déplacements de masse. Ensemble, ils redéfinissent le récit des déplacements forcés et transforment le domaine des études sur les migrations forcées pour intégrer les perspectives des pays du Sud à l’aide de recherches et d’analyses fondées sur des données probantes. En centrant les besoins, les demandes, les voix et les valeurs des personnes déplacées et de leurs communautés dans un climat de coopération et de compréhension mutuelles entre toutes les parties prenantes, les chercheuses et chercheurs sont en quête d’un changement de paradigme dans le discours et la pratique des politiques mondiales.

Travaillant en étroite collaboration avec les initiatives dirigées par les populations réfugiées et les communautés touchées, chaque chaire de recherche dirigera des approches interdisciplinaires et multisectorielles pour développer le domaine d’étude sur le déplacement forcé du point de vue des pays du Sud. Elles rechercheront des innovations qui transforment les relations inégales entre les genres et adapteront la recherche pour éclairer les politiques et les pratiques. Les chaires encadreront et superviseront également les chercheuses et les chercheurs en début de carrière, amplifieront la voix des réfugiés et plaideront auprès des parties prenantes en matière de politiques, afin de renforcer le lien entre la recherche et les politiques. Dans l’ensemble, l’initiative des chaires de recherche vise à intégrer les priorités locales dans les programmes mondiaux et à renforcer la participation et la voix des populations déplacées de force dans la prise de décisions politiques.   

Présentation des chaires de recherche du CRDI sur les déplacements forcés 

Les chaires de recherche suivantes produiront des recherches novatrices sur les problèmes urgents liés aux déplacements forcés.   

Hiram Ángel est professeur à l’Université de Guadalajara, au Mexique. En tant que titulaire de la chaire de recherche du CRDI, il examinera les déplacements forcés d’autres pays vers le Mexique. Il coordonnera les résultats et les présentera à la société civile mexicaine, regroupera les programmes collectifs, créera des espaces de dialogue et fournira un soutien économique aux jeunes chercheuses et chercheurs et aux étudiantes et étudiants de troisième cycle. Il a aussi été coordonnateur de la maîtrise interinstitutionnelle en politiques publiques et consultant pour la Banque interaméricaine de développement ainsi que pour différentes organisations et entreprises privées évaluant les gouvernements infranationaux au Mexique. 

Fouad M. Fouad est professeur agrégé de pratique en santé publique à l’Université américaine de Beyrouth au Liban. Il a quitté la Syrie en 2012 en raison d’un conflit et a depuis travaillé sur les questions de santé mondiale et de déplacement forcé. En tant que titulaire de la chaire de recherche du CRDI, il dirigera un programme de recherche axé sur l’exploration du lien juridique-politique-santé pour les populations migrantes vulnérables au Moyen-Orient, la compréhension de la subjectivité des soins aux personnes déplacées de force par les routes migratoires et la lutte contre l’injustice et l’inégalité auxquelles font face les femmes déplacées. Il créera également un diplôme d’études supérieures sur les déplacements forcés et les migrations au Liban.  

Abebaw Minaye est professeur agrégé de psychologie sociale à l’Université d’Addis-Abeba, en Éthiopie, avec 20 ans d’expérience dans l’enseignement et 24 articles publiés sur des sujets comme la traite des populations rapatriés, la santé mentale des populations migrantes et les prédicteurs de la migration transfrontalière. Il a mené plus de 20 études de conseil pour diverses organisations et élaboré des manuels de formation et du matériel pédagogique sur la migration et le déplacement. En tant que titulaire de la chaire de recherche du CRDI, il vise à faire de l’Université un centre d’excellence pour les études sur les déplacements forcés et les migrations, en produisant des connaissances de pointe, en influant sur les pratiques, en influençant les politiques et en s’engageant auprès des communautés de la Corne et de l’Afrique de l’Est.

Luisa Feline Freier de Ferrari est professeure à l’Universidad del Pacifico, au Pérou. En tant que titulaire d’une chaire de recherche du CRDI, elle a pour objectif d’élaborer un programme de recherche durable sur les migrations et les déplacements forcés en Amérique du Sud en mettant en relation les principaux acteurs du domaine, tels que les universitaires, les décisionnaires politiques, les agences de coopération, la société civile et les populations migrantes. Ce programme vise à contribuer aux débats mondiaux sur les politiques migratoires en se concentrant sur la protection et le respect des droits de la personne des populations migrantes et réfugiées, en particulier en Amérique du Sud, qui a connu plusieurs crises de déplacements forcés de masse ces dernières années, ainsi que des politiques migratoires de plus en plus restrictives.  

Nyi Nyi Kyaw, professeur à l’Université de Chiang Mai en Thaïlande, se concentrera sur deux projets en tant que titulaire d’une chaire de recherche du CRDI. Le premier examine la position des équipes de recherche des pays du Sud concernant les déplacements forcés, tandis que le second examine les conflits et les déplacements, au cas par cas, en mettant l’accent sur la crise du Myanmar et les schémas de déplacement en Asie du Sud-Est. L’objectif est de contribuer aux études sur les quartiers et les déplacements forcés Sud-Sud et d’éclairer les débats sur les politiques.    

Houwayda Matta Bou Ramia est professeure à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, au Liban. Les recherches menées à l’École libanaise de formation sociale se concentreront sur la dynamique interculturelle, le bien-être et les droits sociaux des personnes réfugiées. Cela comprend la coexistence pacifique, le bien-être et les droits sociaux des enfants et des jeunes réfugiés, des membres de la communauté LGBTQIA+ et la préparation du mouvement de retour. Deux axes empiriques de la recherche comprennent un projet de recherche-action sur la migration clandestine par mer et une étude exploratoire sur les interventions des travailleuses et des travailleurs sociaux auprès des réfugiés syriens à l’aide d’une analyse multiculturelle. 

Desiree Del Rosario Sosa, de l’Instituto Tecnológico de Santo Domingo (INTEC) en République dominicaine, est la coordonnatrice actuelle du centre affecté au domaine des sciences sociales et humaines, en plus d’être professeure titulaire à l’Université depuis plus de 15 ans. En tant que titulaire de la chaire de recherche du CRDI, elle se concentrera sur la formation des membres de la communauté universitaire sur les sujets et les enjeux de la migration forcée en République dominicaine et établira un réseau de soutien universitaire pour les personnes réfugiées et celles qui demandent l’asile. 

Opportuna Kweka, maîtresse de conférences à l’Université de Dar es-Salaam en Tanzanie, dirigera le projet « Renforcer les connaissances et le leadership dans les pays du Sud sur le déplacement forcé : l’Afrique de l’Est en ligne de mire ». En tant que titulaire d’une chaire de recherche du CRDI, ses recherches porteront sur les capacités d’adaptation des personnes déplacées et les systèmes économiques et sociaux résilients, en étudiant comment les réseaux de personnes déplacées les aident à s’adapter et en exhortant les décisionnaires à soutenir ces efforts. Le projet compte 32 membres de différentes disciplines qui travaillent sur les problèmes des personnes réfugiées et des personnes déplacées à l’intérieur du pays, résultant de circonstances induites par le climat, les catastrophes et le développement en Afrique de l’Est.  

Paula Banerjee est nommée titulaire d’une chaire de recherche du CRDI et directrice du Centre on Gender and Forced Displacement à l’Asian Institute of Technology en Thaïlande. Avec des recherches et des publications approfondies sur le genre et les déplacements forcés, elle vise à collaborer avec des universités, des centres de recherche et des organisations de la société civile pour éclairer les politiques et le discours mondial. De plus, Monira Ahsan, une candidate postdoctorale soutenue par le CRDI, se concentrera sur une analyse intersectionnelle des genres misant sur les politiques de santé pour les populations déplacées en Asie du Sud et du Sud-Est.  

Amal El Ouassif, présidente par intérim de l’Université Mohammed VI Polytechnique du Maroc, se concentre sur les questions de déplacement forcé en Afrique du Nord et au Maroc, en mettant l’accent sur la lutte contre la discrimination fondée sur le genre et l’exclusion. Le programme créera une communauté de scientifiques, de décisionnaires et de bénéficiaires, et développera les capacités de recherche dans la région. Elle est spécialiste des relations internationales au Policy Center for the New South et doctorante à la Faculté de gouvernance et des sciences sociales de l’UM6P-Rabat et au Conservatoire national des arts et métiers de Paris. 

Mary Boatemaa Setrana est la directrice du Center for Migration Studies à l’Université du Ghana. Elle s’est concentrée sur la façon dont le genre recoupe les facteurs de déplacement, les possibilités de subsistance et comment celles-ci peuvent être soutenues, le niveau d’accès des populations déplacées aux services existants et la façon dont les systèmes de gouvernance, les cadres juridiques et les mécanismes existants peuvent être renforcés pour promouvoir les services aux populations déplacées en Afrique de l’Ouest. En tant que titulaire d’une chaire de recherche du CRDI, elle établira un ensemble de connaissances localisées afin de proposer des solutions transformatrices en matière de genre afin d’influencer les processus d’élaboration des politiques dans diverses communautés d’Afrique de l’Ouest.  

Alain Tiga Ouedraogo, maître de conférences à l’Université Joseph Ki-Zerbo au Burkina Faso, se concentre sur la contribution à l’amélioration des solutions et des pratiques pour le relèvement et la réintégration socio-économique des personnes déplacées de force et des membres des communautés d’accueil en tenant compte du genre au Burkina Faso et dans le Sahel. En tant que titulaire d’une chaire de recherche du CRDI, il établira un lien entre la recherche et les communautés d’accueil et les personnes déplacées de force et fera participer aux travaux de la chaire des praticiens des politiques ainsi que des personnes déplacées à l’intérieur du pays et leurs hôtes à l'échelle locale, nationale et sous-régionale.