Donner la parole aux communautés déplacées pour améliorer les résultats de réinstallation planifiée en raison des changements climatiques
Les changements climatiques et les phénomènes météorologiques extrêmes perturbent considérablement les conditions de vie et les moyens de subsistance. L’un des défis les plus pressants est le déplacement interne de personnes.
Le sort de ceux qui ne sont pas en mesure de quitter les régions qui se détériorent en raison d’un manque de ressources est tout aussi préoccupant. Cela soulève des questions cruciales sur les responsabilités des gouvernements locaux et nationaux pour ce qui est de faciliter la réinstallation planifiée sûre et équitable des populations vulnérables.
Faits saillants
- Au moyen de sa Stratégie nationale de gestion des déplacements internes, le Bangladesh cherche à s’attaquer aux complexités des déplacements induits par le climat tout en protégeant les droits et le bien-être des populations touchées.
- Les méthodes participatives visuelles aident les chercheuses et chercheurs à examiner les résultats des programmes de réinstallation planifiée.
- Le déploiement juste et équitable de nouvelles infrastructures de logement et le développement de moyens de subsistance peuvent soutenir le bien-être des communautés déplacées.
Le Bangladesh, l’un des pays les plus exposés aux risques liés au climat, reconnaît depuis longtemps la nécessité d’une réinstallation planifiée en tant que stratégie d’atténuation. Compte tenu de la vulnérabilité du pays face aux inondations, à l’érosion des rivières et à l’élévation du niveau de la mer, la réinstallation planifiée est devenue vitale pour protéger les populations à risque, en particulier dans les régions côtières et riveraines dépendant fortement de l’agriculture et de la pêche.
Utiliser la recherche pour découvrir l’expérience vécue par les personnes déplacées au Bangladesh
De nombreux défis se posent dans le cadre des efforts de réinstallation planifiée : des questions de justice et de résistance potentielle de la part des communautés touchées, des complexités logistiques et une difficulté à assurer la durabilité à long terme des nouveaux villages. Le succès de ces initiatives dépend de la prise en compte, dans la conception et la mise en œuvre, de l’incidence psychosociale et des vulnérabilités socio-économiques des populations déplacées dans un contexte de réinstallation.
En réponse à ces défis, un projet de recherche financé par le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) visait à découvrir les expériences des personnes déplacées afin de mieux éclairer l’équité, la résilience et la durabilité de la Stratégie nationale de gestion des déplacements internes (en anglais seulement) du Bangladesh.
Les chercheuses et chercheurs ont examiné trois programmes de réinstallation planifiée et ont mené des discussions de groupe avec des personnes déplacées afin d’évaluer et d’éclairer l’efficacité des efforts de réinstallation.
Trois hommes et trois femmes de chaque lieu de réinstallation ont été sélectionnés pour participer à une méthode participative visuelle appelée « PhotoVoice ». Dans le cadre de la méthode PhotoVoice, on a demandé aux participantes et aux participants de prendre des photos pendant deux semaines pour représenter leur expérience de réinstallation planifiée et montrer les répercussions sur leur vie.
Par la suite, des entrevues ont été menées avec chaque participante et participant en utilisant leurs meilleures photos afin de mieux comprendre les répercussions les plus marquantes, à la fois positives et négatives, de la réinstallation planifiée.
« Cette méthode a permis aux participantes et participants de réfléchir à leurs expériences vécues et de cerner les aspects importants de leur vie qui ont été les plus touchés par la réinstallation planifiée, au lieu d’utiliser une liste prédéterminée d’aspects distributifs », a déclaré Ricardo Safra De Campos, le chercheur principal du projet.
Les personnes déplacées interrogées ont révélé des problèmes liés au logement et à l’infrastructure; les opinions sur ces questions divergeaient selon l’emplacement et d’un programme à l’autre, ce qui a aidé les chercheuses et chercheurs à mieux comprendre les expériences des personnes interrogées.
Logements dans les villages où la réinstallation est prévue
Les personnes déplacées se concentrent souvent sur les aspects négatifs de leur nouvelle maison, soulignant les améliorations nécessaires. Un consensus s’est dégagé sur le fait qu’après la réinstallation, il n’y a pas eu d’interventions du gouvernement local pour entretenir ou améliorer les logements. Cependant, les personnes déplacées ont convenu que les nouvelles maisons ont amélioré leur vie puisque, avant la réinstallation, beaucoup d’entre elles étaient sans-abri, vivaient dans la maison d’autres membres de la famille ou étaient locataires. Grâce à la réinstallation planifiée, elles sont devenues propriétaires, ce qui leur a permis d’augmenter leur revenu disponible et de commencer à améliorer leurs moyens de subsistance, avec un plus grand pouvoir d’achat pour la nourriture, les soins de santé et l’éducation.
Oana Stefancu, une chercheuse postdoctorale du projet, a expliqué que la recherche a également montré à quel point les types de logements variaient, passant d’une petite maison construite en tôles d’aluminium sans espace extérieur à une maison de deux pièces avec un jardin et un espace de cuisine extérieur. Là où des espaces extérieurs étaient fournis, les gens pouvaient planter des légumes et des arbres fruitiers, élever des animaux ou même effectuer de la pisciculture à petite échelle. Cela a considérablement amélioré leur sécurité alimentaire et leur qualité de vie, car beaucoup ont pu vendre des produits excédentaires au marché.
Parcourez certaines des photos prises par les personnes déplacées montrant des logements typiques trouvés dans leurs villages de réinstallation.
Défis en matière d’infrastructure dans les nouveaux villages
Les personnes déplacées ont montré que les routes reliant les villages où la réinstallation est prévue à des routes plus importantes et à d’autres villages ne sont pas asphaltées et donc difficiles à utiliser pendant la mousson. Étant donné que la plupart des hommes de ces villages comptent sur la conduite de pousse-pousse comme principale source de revenus, il leur est difficile de gagner leur vie à cette période de l’année. Les mauvaises conditions routières limitent également l’accès de la population à d’autres sources de revenus et aux services publics qui ne sont pas disponibles dans les nouveaux villages, comme les écoles et les centres médicaux.
Les habitantes et habitants ont également souligné que l’infrastructure d’approvisionnement en eau est médiocre dans leurs villages. Il n’y a pas assez de puits pour le nombre de résidentes et résidents, et l’eau est souvent saline. Les bassins sont rares et mal construits, sans murs de sécurité, ce qui augmente le risque que des enfants et des animaux y tombent et se noient. En outre, l’eau des bassins est sale à cause des ordures, car il n’y a pas de collecte des ordures dans les villages déplacés.
Dans l’ensemble, l’étude a montré que le bien-être des personnes déplacées s’est amélioré lors des réinstallations planifiées. Elle a également démontré qu’il y a des lacunes importantes dans les programmes de réinstallation planifiée.