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Des voix plus fortes, des choix plus sains : Accès, capacité d’agir et autonomie corporelle pour la santé sexuelle et reproductive

 

Les conflits, les déplacements et les crises humanitaires mettent les femmes et les filles réfugiées en danger dans le monde entier à un rythme alarmant. La région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) assume une grande partie de ce fardeau. L’apparition de la détresse des personnes réfugiées et migrantes peut survenir soudainement, mais elle est de plus en plus devenue une réalité chronique et bien ancrée, qui dure des années, voire des décennies. 

Dans ces contextes, les femmes et les filles ont un accès limité aux soins de santé, en plus de voir leur santé et leurs droits sexuels et reproductifs réduits. Elles sont systématiquement mal desservies, leurs besoins en matière de santé sont mal compris et ne sont satisfaits, ce qui entraîne le désespoir et la détresse. Le problème est encore amplifié par la pauvreté, les normes culturelles et sexospécifiques traditionnelles, les mariages précoces, les grossesses fréquentes et compliquées, ainsi que les lacunes dans les programmes pour les populations réfugiées. Passer du désespoir à l’espoir nécessite des solutions qui répondent aux besoins locaux et aux normes sociales et culturelles courantes; cela nécessite également des efforts concertés, y compris ceux déployés par les subventionnaires de la recherche en santé. 

Recherche de résultats positifs et changement de politique 

Grâce aux projets financés par le CRDI, des membres de l’équipe de recherche locale de la région MENA travaillent avec les collectivités pour trouver des solutions créatives, percutantes et acceptables afin de résoudre les problèmes importants concernant la santé et les droits sexuels et reproductifs, notamment : 

  • Violence fondée sur le genre et droits reproductifs 
  • Facteurs et conséquences du mariage précoce 
  • Besoins en éducation à la santé reproductive dans les camps de réfugiés 

Suppression des droits : Violence et discrimination fondées sur le genre 

Au Liban, un projet examine le lien entre la violence fondée sur le genre et la santé et les droits sexuels et reproductifs chez les réfugiées syriennes, en capturant les expériences vécues par les femmes dans leur propre voix. Ces femmes ont signalé la peur, l’intimidation et la violence, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la maison. Le stress d’être déraciné en raison de la guerre, d’être aux prises avec la pauvreté à long terme et d’avoir un accès limité aux possibilités offertes aux personnes réfugiées peut exacerber les tensions à la maison et au sein de la collectivité. 

À la maison, les tensions sont encore exacerbées par les relations de pouvoir inégales entre les genres. Comme l’a déclaré Samah, l’une des participantes à un groupe de discussion : « Lorsque quelque chose de mauvais survient, il me bat, il déverse toute sa colère sur moi. Douze jours après l’accouchement, il me bat toujours. » 

Lorsqu’elles quittent la maison, de nombreuses réfugiées syriennes sont victimes de harcèlement en public, dans les taxis et dans les transports en commun. Bien que les obstacles liés au transport et les obstacles financiers puissent entraver leur accès aux soins de santé, lorsqu’elles sollicitent des services de santé, bon nombre d’entre elles font face à la discrimination et au manque de respect. Une réfugiée syrienne a déclaré qu’elle s’était sentie réduite au silence par sa médecin : « [Ma médecin] m’a dit : "Je vais vous faire une ligature des trompes pour que vous arrêtiez d’avoir des enfants! Vos [autres] enfants sont dans la rue à vendre des mouchoirs en papier et à mendier." Je lui ai dit que ce n’était pas vrai, que c’était la volonté de Dieu si je tombais enceinte ou non […] Je n’aimais pas la façon dont elle me parlait. » 

Ces témoignages personnels représentent la réalité des expériences vécues par les réfugiées syriennes en matière de harcèlement en public, de perte d’autonomie corporelle, de droits reproductifs non respectés, de refus de soins respectueux et de diverses formes de violence subie régulièrement. Ils soulignent également l’importance d’un accès rapide, respectueux et équitable aux soins de santé pour ce groupe en situation de vulnérabilité. 

Les résultats de l’étude soulignent le pouvoir de créer des espaces sûrs où les femmes peuvent échanger leurs expériences. Une femme impliquée dans l’étude a déclaré : « [C]e projet de recherche a changé ma vie, et il m’a montré comment les femmes peuvent être autonomisées et changer leur destin. » Les conclusions de l’équipe de recherche, y compris les histoires personnelles de femmes et de filles, sont présentées dans le livre électronique, intitulé Sexual and Reproductive Health Rights in Times of Conflict

Research highlights

  • To strengthen the agency of refugee women and girls, programs must help destigmatize, organize and educate them. Research designed for and by refugee and displaced populations can support women and girls in boosting their agency and using it improve their access to rights, services and opportunities. 
  • For women and girls to become change agents, they must be actively engaged in their sexual and reproductive health. Their voices and involvement can help alter gender norms and improve access to healthcare. 
  • To empower women and girls to assert their sexual and reproductive health and rights, awareness, counselling and education are essential tools for change.  
  • For refugee women and girls seeking support from healthcare providers, staff in NGOs and healthcare institutions need training, especially in how to support survivors of gender-based violence. 
  • To improve the programs and systems supporting refugee girls, future work on early marriage and the sexual and reproductive health of adolescents should be undertaken with a clear focus on their mental health and well-being. 

La force par la solidarité : Exprimer son plein gré et exercer son autonomie corporelle 

Dans la région MENA, plusieurs femmes et filles réfugiées manquent de libre arbitre et d’autonomie corporelle. Cela signifie qu’elles ont un contrôle limité sur leurs possibilités, leurs décisions et leurs actions – de ce qu’elles mangent, à qui elles se marient ou si elles vont à l’école. En ce qui concerne leurs droits sexuels et reproductifs, les femmes et les filles ont peu de contrôle sur leur santé et leur corps. Comme l’a déclaré une réfugiée syrienne au Liban : « Vous avez l’impression de ne pas être un être humain. Parfois, il ne me laisse pas porter de nouveaux vêtements ou même acheter la nourriture que j’aime. » Elles sont souvent habituées à manquer de libre arbitre dès leur plus jeune âge. La violence parentale et les mariages forcés, y compris les mariages précoces, sont courants et normalisés. 

Un projet financé par le CRDI a créé un mouvement pour le changement et un sentiment de solidarité chez les adolescentes vivant dans des camps de réfugiés en Cisjordanie et Gaza. L’équipe de recherche a élaboré conjointement avec les filles et la collectivité un programme de sensibilisation et d’éducation qui s’est inspiré de la créativité des filles et de leur vision de la capacité d’agir dans leur avenir. Les filles ont développé un site Web interactif qui explore les problèmes liés à la santé et aux droits sexuels et reproductifs chez la population adolescente d’une manière accessible et adaptée à la culture. Le contenu localisé comprend des renseignements pertinents sur le plan culturel qui mobilisent les jeunes filles de manière accueillante. Par exemple, la plateforme, mise à l’essai auprès de 300 filles, a organisé des discussions hebdomadaires en direct avec des adolescentes, des conseillères, des infirmières et des éducatrices. Il est prévu de mettre à niveau la technologie et d’étendre le projet une fois que les fonds seront disponibles. 

L’équipe de recherche a également travaillé avec les étudiantes pour traduire leurs résultats dans une application interactive et des bandes dessinées portant sur les thèmes de la santé mentale, de la nutrition et des menstruations. Des concours d’improvisation ont été organisés dans les camps de réfugiés afin de permettre aux filles de devenir des leaders et des créatrices. Sur la base des résultats de ce projet pilote inclusif et réussi, le ministère de l’Éducation de Palestine et l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine ont adopté et adapté le programme d’études créé dans le cadre de ce projet. 

L’autonomisation par l’éducation : Améliorer l’accès à l’information et aux services de santé 

Il est tout aussi important que les adolescentes puissent accéder à des renseignements sur la santé sexuelle et reproductive pour aider à déstigmatiser la puberté et à engager des conversations sur des sujets, tels que le mariage précoce. Une équipe de projet au Liban a créé un programme éducatif de huit semaines sur la santé et les droits sexuels et reproductifs pour les adolescentes vivant dans les camps de réfugiés syriens et leurs familles. 

Le programme a doté les adolescentes d’aptitudes essentielles à la vie quotidienne, comme la communication affirmée et la confiance en soi. Il a également fourni des renseignements sur le genre et les droits de la personne, y compris le mariage précoce. Comme l'a signalé une participante : « J'étais faible. J’avais peur en marchant dans la rue… Même ma mère est maintenant surprise de voir à quel point j’ai changé. » Le programme comprenait des jeux compétitifs et des activités de groupe pour encourager la résolution collective de problèmes. L’équipe de recherche a contextualisé le contenu pour tenir compte de leurs réalités socioculturelles et a traduit le programme dans le dialecte arabe utilisé par les participantes. 

Le projet comprenait huit séances pour les mères, afin de leur permettre de discuter ouvertement des défis liés aux adolescentes et au mariage précoce, en mettant l’accent sur les normes fondées sur le genre, le dialogue mère-fille et la communication intergénérationnelle. La réponse des mères a été positive : « J’aimerais que quelqu’un me fournisse des renseignements sur les changements en matière de santé sexuelle et reproductive avant que j’atteigne la puberté. Maintenant, je suis prête à ne pas répéter cette expérience avec mes enfants. » 

Vers un avenir meilleur 

Les tendances de déplacement, à court et à long terme, qu’elles soient dues à des conflits, au climat ou à d’autres facteurs, sont à la hausse dans le monde entier. Ces projets démontrent le besoin de recherche et de solutions qui répondront aux besoins de santé des populations réfugiées et déplacées. Les investissements dans la recherche, les réseaux et les institutions représentent une approche intégrée pour tirer parti des efforts de recherche en santé localisés et propres au contexte. Cette approche autonomise les personnes réfugiées et déplacées grâce à des innovations adaptées à leurs réalités. 

Dans tous les projets, une leçon est claire : les solutions doivent être localisées, inclusives, habilitantes, à long terme et à l’échelle du système afin de véritablement répondre aux besoins en matière de santé et de droits sexuels et reproductifs des femmes et des filles réfugiées et déplacées.