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Des solutions d’IA qui améliorent la santé sexuelle et reproductive dans les pays du Sud

 

Les pôles d’innovation des pays du Sud élaborent des solutions qui tiennent la promesse d’une intelligence artificielle (IA) responsable pour améliorer la santé sexuelle et reproductive. Ces pôles sont financés par le CRDI et recevront bientôt un soutien financier supplémentaire dans le cadre d’un nouveau partenariat avec le Foreign, Commonwealth and Development Office (FCDO) du Royaume-Uni.

Trente et un projets répartis dans quatre pôles en Amérique latine et dans les Caraïbes, en Afrique subsaharienne, en Asie, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord répondent aux besoins locaux en matière de santé sexuelle et reproductive (SSR) grâce à des innovations fondées sur l’IA qui sont éthiques, inclusives et durables dans leur conception et leur mise en œuvre. L’accent mis sur ces principes d’une IA responsable est au cœur de ces pôles, qui visent à combler des lacunes régionales précises en matière d’équité en santé et à corriger les causes profondes du manque d’accès à la santé sexuelle et aux droits reproductifs.

Chacun des quatre pôles offre un soutien technique et financier, ainsi que des possibilités de mentorat et de réseautage, à leurs bénéficiaires de subventions. De plus, les pôles sont connectés entre les régions et établissent des réflexions et des synthèses interrégionales dans le cadre de l’initiative IA pour la santé mondiale et du programme plus vaste d’IA au service du développement du CRDI.

Afrique

Le Hub for Artificial Intelligence in Maternal Sexual and Reproductive Health (HASH) soutient 10 projets dans sept pays (Ghana, Éthiopie, Kenya, Namibie, Nigéria, Tanzanie et Ouganda). Chaque initiative répond à un ou plusieurs des besoins prioritaires en matière de SSR définis pour l’Afrique subsaharienne : santé maternelle, infections sexuellement transmissibles (IST), VIH et SSR chez les adolescents.

Le réseau HASH, qui est fondé sur ces projets innovants, est une plateforme dynamique favorisant le sentiment d'appartenance, la collaboration et l’apprentissage. Avec plus de 100 membres et une croissance continue, le réseau vise à rassembler divers intervenants qui s’intéressent au domaine en développement rapide de l’IA et qui souhaitent explorer son application en SSR. 

Un projet HASH au Nigeria, appelé mDoc : Exploiter le pouvoir de l’intelligence artificielle pour augmenter les connaissances, la compréhension et les comportements des patients en ce qui concerne les infections sexuellement transmissibles, a utilisé son financement pour transformer un modèle de chatbot d’IA basé sur des règles (Kem) en un modèle qui utilise de grands modèles de langage. Ce changement améliore la capacité de Kem à fournir des réponses personnalisées aux questions sur les IST, en tenant compte du sexe et de l’âge de l’utilisateur. La nouvelle version comprend du contenu en pidgin, yoruba, igbo et haoussa, en plus de l’anglais. 

HASH est un consortium multidisciplinaire entre l’Institut des maladies infectieuses et l’IA Lab de l’Université Makerere et Sunbird AI en Ouganda.

Amérique latine et Caraïbes 

Le Centro de Inteligencia Artificial y Salud para América Latina y El Caribe (CLIAS) soutient sept projets visant à améliorer les résultats en matière de SSR pour les populations vulnérables d’Amérique latine et des Caraïbes. Les projets, basés en Colombie, au Guatemala et en Argentine, portent sur des priorités régionales précises en matière de SSR telles que les grossesses non désirées chez les adolescentes, la prééclampsie, la morbidité maternelle, la SSR et le cancer du col de l’utérus. Des groupes mal desservis précis, tels que les adolescents et les personnes handicapées, sont au cœur de ces initiatives.

Par exemple, la Faculté des sciences exactes et naturelles de l’Université de Buenos Aires en Argentine élabore la première analyse de faisabilité pour l’utilisation d’outils d’IA dans le diagnostic du cancer du col de l’utérus à partir de données nationales. L’équipe crée une vaste banque d’images numérisées d’échantillons biologiques fondée sur la numérisation rétrospective d’échantillons déjà disponibles en format physique, qui servira à former le modèle d’apprentissage. En examinant parallèlement d’autres informations pertinentes sur les patientes, y compris l’âge et les contrôles antérieurs, l’objectif est d’améliorer les résultats en matière de santé.

Le CLIAS a produit des documents techniques sur des questions telles que les principes éthiques de l’IA dans les soins de santé, l’examen des expériences d’utilisation de l’IA pour la SSR dans la région et les défis et occasions quant à l’utilisation de l’IA pour la santé et les droits sexuels et reproductifs dans la région. Le CLIAS est dirigé par le Center for Implementation and Innovation in Health Policies de l’Institute of Clinical and Health Effectiveness, en Argentine.

Asie 

AI-Sarosh (IA pour la santé sexuelle, reproductive et maternelle en Asie du Sud) soutient neuf projets dans quatre pays : le Bangladesh, le Népal, le Pakistan et le Sri Lanka. Ces projets, individuellement et collectivement, répondent aux besoins propres à la région en matière de SSR en ce qui concerne la santé maternelle, la planification familiale et la participation des partenaires masculins, la SSR chez les adolescents, la santé mentale maternelle et l’amélioration des conseils et des services pour les IST et la contraception.

Fonctionnant comme un pôle central de réseautage et d’innovation, AI-Sarosh assume la responsabilité de coordonner les activités, de cerner les occasions, de superviser les projets et de favoriser l'échange de connaissances entre les pays de la région. L’accent mis sur la santé mentale au sein de ce pôle est une caractéristique remarquable, trois des neuf projets ayant choisi de se concentrer sur ce domaine de préoccupation croissant en matière de SSR.

Media
Une femme passe un examen prénatal dans le district de Lasbela, au Pakistan.
PHC GLOBAL
Une femme enceinte passe un examen prénatal dans un camp de soins de santé mis en place par PHC Global dans le district de Lasbela, au Pakistan, pour répondre aux besoins de soins de santé des personnes touchées par les inondations.

La santé mentale des femmes enceintes et des nouvelles mères est une préoccupation croissante en Asie du Sud. Au Pakistan, la prévalence de la dépression postnatale serait de 37 %, soit l’une des plus élevées des pays asiatiques. Ce problème important et souvent passé sous silence chez les femmes nécessite des solutions fondées sur des données probantes pour la prévention et le traitement. Zahid Memon, de l’Université Aga Khan au Pakistan, dirige un projet visant à combler les lacunes en matière de détection et d’intervention précoces grâce au développement et à l’évaluation d’un modèle prédictif basé sur l’IA pour la dépression postnatale.

AI-Sarosh est un partenariat codirigé par PHC Global au Pakistan et la GTA Foundation au Népal.

Moyen-Orient et Afrique du Nord

Le Réseau mondial de santé et d’intelligence artificielle dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (GHAIN MENA) soutient six projets au Liban, au Maroc, en Cisjordanie et à Gaza, au Qatar, en Turquie et en Jordanie. Ces projets portent sur les priorités régionales en matière de SSR telles que la planification familiale, la promotion de la participation des partenaires, la SSR des adolescents, le renforcement du personnel de santé et la violence sexiste, en mettant l’accent sur les établissements de soins de santé primaires. En plus d’offrir des sous-subventions à d’autres bénéficiaires de subventions, GHAIN MENA est bien placé pour contribuer activement à l’adoption responsable de l’IA et soutenir la création et le renforcement d’un réseau de chercheurs qui s’intéressent à l’IA dans la santé mondiale ou travaillent dans ce domaine.

Le projet GHAIN MENA au Maroc, intitulé Saving Mothers’ Lives using Artificial Intelligence in Rural Areas in Marrakech, met actuellement au point une application basée sur l’IA qui peut diagnostiquer avec précision et prévenir les problèmes de santé maternelle à haut risque dans 12 centres ruraux de soins de santé primaires. L’objectif du projet est de réduire le taux de mortalité maternelle en améliorant la précision des diagnostics cliniques et en facilitant l’orientation rapide des femmes enceintes à l’aide du modèle d’IA utilisé.

GHAIN MENA est mis en œuvre par un consortium dirigé par le Global Health Institute de l’Université américaine de Beyrouth, en partenariat avec la Jordan University of Science and Technology et le Réseau de santé publique de la Méditerranée orientale

Que nous réserve l'avenir? 

Ces quatre pôles d’innovation dirigés par les pays du Sud ouvrent de nouvelles voies pour améliorer l'équité quant aux résultats en matière de SSR pour tous grâce à des solutions d’IA responsables . Ces pôles ont été conçus dans le but d’améliorer les résultats en matière de santé en soutenant l’innovation, le mentorat, l’apprentissage entre pairs et les échanges, tout en fournissant des données probantes solides et accessibles. Les connexions au sein des pôles et entre ceux-ci jettent les bases pour accélérer la réalisation des ODD 3 (sur la santé) et 5 (sur l’égalité des genres) en démontrant la meilleure façon de développer, de déployer, de gouverner et d’évaluer des solutions d’IA responsables d’une manière significative et respectueuse relativement à la diversité des contextes dans les pays du Sud. 

En savoir plus :

Collaborateurs : Chaitali Sinha, spécialiste principale de programme, CRDI; Cintia Cejas, coordonnatrice, Institute for Clinical Effectiveness and Health Policy (Argentine); Elizabeth Oseku, coordonnatrice de projet, Makerere University (Ouganda); Nour El Arnaout, directrice, Université américaine de Beyrouth (Liban) ; et Mohammad Imram, directeur exécutif, PHC Global (Pakistan).