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Des données probantes révèlent de meilleures façons de protéger les moyens de subsistance et les droits en cas d’urgence mondiale

 

En 2020, le CRDI s’est mobilisé pour soutenir la recherche en réponse à la pandémie de COVID-19. Sa principale initiative en ce sens, Réponses à la COVID-19 pour l’équité, visait à comprendre les impacts socioéconomiques de la pandémie, à proposer de meilleures politiques pour favoriser la relance, et à renforcer la résilience face aux futurs chocs et urgences mondiaux.

Partout dans le monde, la pandémie a eu de graves répercussions sur les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire, les filets de sécurité sociale et économique, la dynamique du pouvoir entre les sexes, les droits et la santé. Elle a souligné de manière dramatique les faiblesses et les inégalités dans les systèmes de protection sociale, la production et la distribution alimentaire, la sécurité de l’emploi, les politiques économiques et l’accès à l’information et aux services. L’initiative Réponses à la COVID-19 pour l’équité a produit des recommandations et des solutions pour faire face à ces impacts.

Les résultats des 21 projets de l’initiative, couvrant 42 pays à faible et moyen revenus, ont des répercussions profondes sur la préparation et la réponse aux pandémies dans les pays du Sud. La recherche a cerné les politiques économiques et sociales nécessaires pour mettre en place des systèmes de protection sociale inclusifs, cibler les plus vulnérables au moyen de mesures fiscales et utiliser la politique macroéconomique pour promouvoir l’égalité des genres.

Les solutions et les recommandations comprennent, par exemple, le soutien aux cuisines gérées par la communauté au Pérou pour faire face aux pénuries alimentaires aiguës et des mesures de secours pour les travailleuses et travailleurs migrants en Inde. Ces solutions sont fondées sur les expériences vécues des communautés les plus difficiles à atteindre, et sur une modélisation et une analyse macroéconomique rigoureuses.

Principales constatations et recommandations

Un récent rapport publié par l’Institute of Development Studies (IDS) résume les principales conclusions et recommandations issues de l’initiative Réponses à la COVID-19 pour l’équité. L’IDS soutient les équipes de recherche à optimiser l’apprentissage généré dans l’ensemble du portefeuille de recherche et à approfondir l’engagement avec les gouvernements, la société civile et la communauté scientifique.

Voici quelques points saillants des enseignements tirés de l’initiative :

Faits saillants

  • Les réformes du système alimentaire doivent cibler les femmes et les jeunes
  • Les systèmes de protection sociale doivent devenir plus inclusifs et plus flexibles
  • Des politiques économiques équitables sont essentielles à une réponse plus efficace aux pandémies
  • Une gouvernance collaborative est nécessaire pour répondre aux urgences sanitaires

Les réformes du système alimentaire doivent cibler les femmes et les jeunes

La COVID-19 a eu un impact majeur sur la production des ménages et sur l’accès à des aliments nutritifs et de qualité. Cela est dû aux pertes de revenus combinées à l’augmentation des prix des denrées alimentaires et aux restrictions temporaires imposées à la circulation des personnes et des produits. La recherche a également mis en évidence la situation difficile des personnes travaillant dans le secteur informel, en particulier les femmes, y compris les travailleurs migrants, les ramasseurs de déchets, les travailleurs du sexe et les vendeurs de rue.

Les recommandations visant à lutter contre les effets de la COVID-19 sur les groupes marginalisés comprennent des politiques visant à soutenir les parties vulnérables de la chaîne alimentaire pendant les crises et des mesures de protection sociale adaptatives qui ciblent les femmes et les jeunes dans les secteurs informels.

À Lima, au Pérou, la recherche s’est concentrée sur les cuisines communautaires qui ont émergé pendant la pandémie pour fournir des aliments abordables et subventionnés dans les quartiers urbains pauvres. Le Groupe pour l’analyse du développement, un centre de recherche connu sous le nom de GRADE, a renforcé ces organisations informelles en élaborant avec la municipalité un programme de formation sur les pratiques de nutrition, de gestion et de santé qui est devenu une stratégie nationale d’élimination de la faim. La même équipe s’est associée à l’Association des banques péruviennes et aux administrations locales pour favoriser le recours à la monnaie numérique dans les marchés alimentaires afin de réduire le risque de propagation de la COVID-19 et de maintenir l’activité de ces sources alimentaires locales. Des travaux sont en cours pour créer une plateforme de commerce électronique destinée aux vendeuses et vendeurs de produits alimentaires.

Ce type de réforme du système alimentaire fondée sur des données probantes soutient la relance à long terme et renforce la résilience face aux chocs futurs.

Media
Trois femmes et un homme, portant des masques de protection, sont debout devant une cuisine communautaire située sur une colline qui domine la ville de Lima, au Pérou.
GRADE
Un appui aux cuisines communautaires qui ont été créées durant la pandémie à Lima, au Pérou s’est transformé en stratégie nationale de « Faim zéro ».

Les systèmes de protection sociale doivent devenir plus inclusifs et plus flexibles

Une grande partie des recherches publiées dans le cadre de cette initiative font mention de l’impact de la COVID-19 sur les groupes exclus des régimes de protection sociale. La pandémie a exacerbé les faiblesses préexistantes des filets de protection sociale dans toutes les régions.

N’ayant pas accès à leurs réseaux familiaux pour faire face aux crises, les travailleuses et travailleurs migrants constituent un groupe vulnérable important. Des chercheurs et chercheuses du Quantum Hub et de l’International Center for Research on Women ont analysé un programme de logements locatifs pour les migrantes et migrants en Inde. Leurs recommandations comprennent la tenue de consultations pour fixer un plafond de loyer abordable, l’utilisation de données sur les travailleuses et travailleurs migrants pour garantir une capacité de logement adéquate et l’inclusion de dispositions pour les femmes célibataires, les personnes handicapées et les veuves.

Dans de nombreux pays, la COVID-19 a suscité un intérêt pour les politiques menant à un revenu de base universel. Un document de recherche de l’Arab Reform Initiative a exploré le concept dans le contexte du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, ses avantages et ses inconvénients et les difficultés liées à son financement.

D’autres études recommandent des approches plus inclusives et adaptatives de la protection sociale, qui sont essentielles à la préparation aux futures urgences sanitaires et économiques.

Des politiques économiques équitables sont essentielles à une réponse plus efficace aux pandémies

Les gouvernements ont dû réagir de toute urgence par des politiques monétaires et budgétaires afin d’atténuer les répercussions socioéconomiques de la pandémie de COVID-19, en particulier pour les groupes les plus vulnérables de la société. Les décideuses et décideurs politiques ont jonglé avec les priorités consistant à maintenir les entreprises à flot et à fournir des secours en espèces et en nourriture aux particuliers, tout en luttant contre l’inflation et en gérant la dette publique.

Dans un projet dirigé par l’Institut sud-africain des affaires internationales, les chercheuses et chercheurs ont découvert qu’une combinaison de politiques en Ouganda aidait à atténuer les impacts économiques négatifs de la pandémie. La réponse comprenait des réductions des taux d’intérêt du marché afin d’encourager l’investissement du secteur privé et la consommation des ménages. Les politiques ont soutenu la stabilité en modérant les risques de liquidité, d’adéquation des fonds propres et de crédit sur les marchés financiers. Les allégements fiscaux ont fourni un bouclier de liquidité temporaire aux petites entreprises confrontées à une baisse de la demande et à des créancières et créanciers plus réfractaires au risque.

Il est difficile de cerner les effets sexospécifiques des politiques macroéconomiques, car les expériences des femmes varient en fonction du niveau de revenu, du statut migratoire, de l’âge, de l’orientation sexuelle et du fait qu’elles ont ou non des enfants. Bien que davantage de données ventilées par genre soient nécessaires, les recommandations en matière de politique macroéconomique visant à améliorer l’égalité des genres comprennent l’identification et le ciblage des secteurs à prédominance féminine tels que l’industrie du vêtement ou l’agriculture, l’allégement des responsabilités familiales non rémunérées et le soutien aux entreprises appartenant à des femmes, en particulier dans le secteur informel.

Une gouvernance collaborative est nécessaire pour répondre aux urgences sanitaires

La pandémie a à la fois mobilisé les citoyennes et citoyens pour soutenir les personnes dans le besoin et généré une violente réaction contre les groupes marginalisés. La recherche a permis de trouver des exemples d’actions vigoureuses de la société civile qui peuvent être exploitées par différents ordres de gouvernement pour soutenir une réponse plus efficace aux pandémies.

Au Liban, un groupe de citoyennes et citoyens s’est formé pour cerner les lacunes dans les réponses du gouvernement à la pandémie. Dans son rapport, le groupe a recommandé notamment des communications publiques plus fortes et une meilleure coordination avec les autorités locales. Des recherches menées en Tunisie ont également proposé une planification au niveau municipal, en particulier pour atteindre les personnes ayant des besoins spéciaux ou sans soutien familial et les femmes qui ont été victimes de violence.

Des groupes de la société civile ont également collaboré avec les gouvernements dans des domaines tels que la recherche des contacts et l’acheminement de l’aide alimentaire.

Par ailleurs, certaines études ont mis en évidence la violence du secteur de la sécurité et les réponses militarisées de l’État, sous-tendues par la panique et des différends politiques de longue date. Une équipe de recherche en Afrique du Sud, par exemple, a appelé à la professionnalisation et à la démilitarisation des forces de police, tout en soulignant la nécessité de reconnaître les défis auxquels les personnes sont confrontées lors d’une catastrophe, et de favoriser la cohésion sociale et la coopération.

Protéger les plus vulnérables

En tant que corpus de recherche, les 21 projets fournissent des données probantes solides pour guider les investissements qui peuvent bénéficier à certains des groupes de population les plus vulnérables aux chocs, en particulier les ménages ruraux dirigés par des femmes, les travailleuses et travailleurs informels, les migrantes et migrants et les minorités raciales et ethniques. Ces groupes ont connu certains des pires impacts sociaux et économiques de la pandémie en raison d’inégalités profondément enracinées.

Les recommandations proposent de meilleurs moyens de mettre en place des systèmes alimentaires résilients, des systèmes de protection sociale inclusifs, des politiques économiques coordonnées et une gouvernance collaborative afin de protéger les plus vulnérables contre les chocs environnementaux et économiques.

Collaborateurs : Laura Bolton, agente de recherche, et James Georgalakis, directeur, Communications et impact à l’Institute for Development Studies, avec les spécialistes principaux de programme du CRDI, Arjan de Haan et Adrian Di Giovanni.

Ce texte a été adapté d’un article publié sur le site Web Réponses à la COVID-19 pour l’équité.

En savoir plus sur l’initiative Réponses à la COVID-19 pour l’équité :

Échoué dans une pandémie : les expériences des migrants et des réfugiés appellent à une gouvernance collaborative | CRDI - Centre de recherches pour le développement international

Positioning research for impact: Lessons from a funder during the COVID-19 pandemic | Bulletin de l'IDS