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Des données probantes à l’impact : soutenir la prise de décision stratégique en Afrique

 

Lorsque les connaissances transcendent les frontières et que la collaboration s’ensuit, les décisions fondées sur des données probantes qui en résultent peuvent avoir une incidence significative sur l’atteinte des objectifs de développement durable (ODD).  

Telle est la mission du Center for Rapid Evidence Synthesis (ACRES), qui dirige l’Initiative régionale de synthèse des données probantes en Afrique de l’Est (EARESI) dans le cadre du partenariat Apprendre ensemble pour faire progresser les données probantes et l’équité dans l’élaboration des politiques pour atteindre les ODD (LEEPS). 

LEEPS, un partenariat de 9,2 millions de dollars canadiens dirigé par l’Afrique, est financé par le CRDI, la Fondation William et Flora Hewlett et la Fondation Robert Bosch Stiftung. Il rassemble des organisations de recherche de premier plan de toute l’Afrique afin qu’elles apprennent les unes des autres, échangent leurs connaissances et leurs expériences et résolvent ensemble les défis alors qu’elles s’efforcent d’accélérer les progrès vers l’atteinte des ODD. Le LEEPS, qui en est à sa deuxième année, soutient l’élaboration de politiques dans les domaines de la santé reproductive et de la transition vers des économies à faible émission de carbone, dans le but primordial de renforcer la façon dont les données probantes sont produites, traduites et utilisées en Afrique subsaharienne grâce à la fourniture de données de haute qualité, des données probantes synthétisées et opportunes pour la prise de décisions. 

Pour atteindre cet objectif, il faut déployer des efforts soutenus et stratégiques afin de créer une culture fondée sur les données probantes dans l’élaboration des politiques qui appuie l’utilisation optimale et la répartition équitable des ressources et veille à ce que les décisions soient crédibles et étayées par des données probantes. L’EARESI est une initiative qui met ces objectifs en pratique. 

Collaboration et fertilisation croisée en Afrique de l’Est 

L’EARESI est axée sur le renforcement des capacités techniques et la promotion de l’engagement politique dans la prise de décision fondée sur des données probantes, ce qui comprend la détermination, l’évaluation et la mobilisation des meilleures données probantes disponibles pour des politiques et des programmes sûrs et efficaces.   

L’équipe de l’EARESI aide les décisionnaires avec des données probantes et des synthèses de recherche, en forgeant de nouvelles relations ciblées avec les décisionnaires et la société civile dans les domaines suivants : 

  • Éthiopie pour l’égalité des genres et les questions féminines 
  • Malawi pour la santé, l’énergie et l’environnement 
  • Tanzanie pour la santé et le gouvernement local 
  • Ouganda pour l’énergie propre, l’eau, l’environnement et la santé 

« Cette collaboration permet une fertilisation croisée des idées et de l’impact au niveau de l’élaboration des politiques », a expliqué Edward Kayongo, chercheur principal à l’ACRES. « Nous avons réuni des courtiers en connaissances de toute l’Afrique au sein d’une équipe – l’Éthiopie, le Malawi, la Tanzanie et l’Ouganda, par exemple – pour répondre aux problèmes auxquels un pays peut faire face, comme une question de politique énergétique. » 

L’utilisation réussie des données probantes nécessite une solide compréhension des besoins, des capacités, de la rapidité et de la pertinence des données probantes utilisées pour la prise de décisions. Par conséquent, l’EARESI a mené une évaluation de la disponibilité des services afin de déterminer les forces des diverses équipes nationales et les lacunes qui doivent être comblées, puis a élaboré et dispensé une formation sur la prise de décision fondée sur des données probantes afin de renforcer les capacités.

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Les apprenants échangent des idées lors de l'atelier d'Entebbe, février 2025.
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Les apprenantes et les apprenants de la première cohorte du programme de formation des données probantes aux politiques échangent des idées lors d’un atelier de synthèse tenu à Entebbe, en Ouganda (février 2025).

La complémentarité et la fertilisation croisée sont également essentielles pour accélérer le développement des compétences et promouvoir une utilisation efficace des données probantes. « L’équipe tanzanienne est solide dans le domaine de la science de la mise en œuvre, tandis que l’équipe du Malawi possède une expertise dans la recherche primaire, ainsi qu’un engagement important dans l’espace politique », a déclaré M. Kayongo. « L’outil de ressources que nous avons développé nous a aidés à planifier de manière critique les améliorations et les besoins en capacité des différentes équipes. »  

Base de données probante pour les décisionnaires 

Dans le cadre de ses travaux sur le LEEPS, l’EARESI a créé une base de données consultable sur 12 ans de recherche en santé existante à l’intention des décisionnaires d’Afrique de l’Est. 

« Nous avons compilé des données sur la santé et des preuves pour l’Ouganda, et nous intégrons maintenant des recherches en Éthiopie, au Malawi et en Tanzanie », a déclaré M. Kayongo. « Un décisionnaire à la recherche de données probantes sur l’impact des contraceptifs sur le contrôle des grossesses chez les adolescentes en Ouganda, par exemple, peut entrer des mots-clés et récupérer une liste de documents de recherche pertinents. Nous intégrons un robot conversationnel d’intelligence artificielle pour synthétiser les résultats, ce qui permet aux personnes utilisatrices de gagner un temps précieux. » 

La prochaine phase intégrera les recherches d’un plus grand nombre de pays concernant les répercussions des ressources naturelles, de la dégradation, des changements climatiques et de la santé environnementale. 

Intégration de la sexospécificité dans l’élaboration des politiques 

L’équité entre les genres est la pierre angulaire de l’initiative LEEPS. L’EARESI s’est efforcé de veiller à ce que le genre, l’équité et l’inclusion soient une priorité lorsqu’il fournit des données synthétisées aux décisionnaires. Ils ont demandé à la School of Women and Gender Studies de l’Université Makerere en Ouganda de recommander les meilleures façons d’appliquer une perspective sexospécifique à la recherche et à la ventilation des données, en veillant à ce que les décisionnaires comprennent les incidences sexospécifiques de leurs décisions.   

L’intérêt de cette approche est devenu évident lorsqu’une épidémie de mpox a frappé la République démocratique du Congo en novembre 2023 et s’est ensuite propagée dans les villes frontalières de l’Ouganda et dans la capitale, Kampala. L’équipe de l’EARESI a soutenu le ministère ougandais de la Santé en analysant des données épidémiologiques, qui ont montré que les hommes étaient plus à risque de contracter le mpox à l’extérieur de la maison, tandis que les femmes – qui s’occupent de membres de la famille malades – étaient les plus à risque à la maison. 

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Membres du hub EARESI lors du lancement de Africa LEEPS, Kampala, avril 2024.
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Les membres du pôle EARSI se sont réunis à Kampala, en Ouganda, pour lancer le projet Africa LEEPS (avril 2024)

« Nous avons apporté cette conclusion sexospécifique aux décisionnaires ougandais et les avons aidés à comprendre que les interventions à domicile devraient être différentes pour les femmes que pour les hommes », a expliqué M. Kayongo. 

Bâtir un réseau panafricain pour l’avenir 

Le succès de l’EARESI démontre l’importance de l’instauration d’un climat de confiance entre les chercheuses, les chercheurs et les décisionnaires. 

En ce qui concerne les prochaines étapes, M. Kayongo a déclaré que l’EARESI espère créer une plateforme de pair à pair en personne et en ligne pour réunir les décisionnaires, les courtières et courtiers en connaissances et les chercheuses et chercheurs, leur permettant de communiquer les résultats et les pratiques et de continuer à renforcer les capacités d’utilisation des données probantes dans la prise de décisions. 

« Nous prévoyons que LEEPS deviendra une plaque tournante africaine spécialisée, où les courtières et courtiers en connaissances, et les chercheuses et chercheurs discutent de questions politiques pertinentes », a expliqué M. Kayonga. « Cet effort multinational visant à communiquer les résultats synthétisés et à engager des conversations répondra aux besoins en matière de politiques et continuera de renforcer les capacités d’utilisation des données probantes dans la prise de décision », a-t-il ajouté.