Déployer des technologies améliorées de culture des légumineuses en Tanzanie

L’augmentation du rendement des légumineuses est une façon économique et abordable d’améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition, les moyens de subsistance et la fertilité des sols. Toutefois, malgré les avantages bien établis des technologies améliorées de culture des légumineuses, les agriculteurs sont lents à les adopter. Le manque d’information des agriculteurs, de même que l’absence de service national de vulgarisation efficace et de système de fourniture d’intrants, étaient quelques-uns des principaux obstacles.
Parmi les besoins des agriculteurs figurait la disponibilité de semences, d’engrais et d’inoculants de rhizobium pour le soya (processus naturel qui améliore la fixation biologique de l’azote) de grande qualité et abordables en temps opportun. Un effort collaboratif a été mené pour soutenir plus efficacement les agriculteurs au moyen de connaissances et ressources partagées, de politiques et de règlements, ainsi que d’un renforcement de la capacité des systèmes nationaux afin d’améliorer leur accès aux semences, aux intrants et aux marchés.

Plus les ménages agricoles disposent de sources d’information, plus ils sont susceptibles d’adopter de nouvelles technologies. Dans le cadre de ce projet, les agriculteurs ont entendu des messages uniformes au sujet des avantages des technologies améliorées de culture des légumineuses, qui provenaient de canaux d’information (p. ex. documents imprimés et émissions radio interactives), de méthodes traditionnelles de vulgarisation (p. ex. parcelles témoins, journées de formation) et de renseignements adaptés aux jeunes, aux personnes âgées, aux hommes et aux femmes (p. ex. bandes dessinées, groupes d’écoute de la radio). Sous l’effet de cette approche, les fournisseurs ont été plus réceptifs aux besoins des agriculteurs et une réforme pragmatique des politiques a été menée afin de réduire de coût des intrants et d’homologuer plus rapidement les variétés de semences que les agriculteurs veulent. Toutes ces mesures ont amélioré l’adoption des technologies et accéléré le passage à grande échelle sur le marché de nouvelles semences à haut rendement et résistant aux maladies.
Approches multimédias pour atteindre davantage d’agriculteur
D’après les estimations, les campagnes multimédias ont permis de communiquer directement de l’information sur les technologies améliorées de culture des légumineuses à 655 662 membres de familles d’agriculteurs, le public combiné potentiel étant de huit millions de personnes. Les campagnes à la radio se sont avérées les plus efficaces pour cibler de vastes publics. Une série d’émissions radio interactives (avec sondages et interventions d’auditeurs) a été lancée sur quatre stations dans deux régions. Ces émissions ont donné lieu à des dizaines de milliers de SMS et d’interactions au moyen des téléphones mobiles lors des sondages hebdomadaires. Au total, six séries d’émissions radio ont permis d’atteindre à elles seules quelque 508 000 membres de familles d’agriculteurs. Des groupes communautaires d’écoute de la radio, qui étaient particulièrement efficaces pour toucher les femmes et les jeunes, ont été créés, les auditeurs ayant la possibilité de remettre en cause l’information et d’en discuter.

Une bande dessinée intitulée Shujaaz a été élaborée et distribuée dans tout le pays afin d’atteindre les jeunes des familles d’agriculteurs cultivant les haricots dans les zones visées. En 2017, 23 % de l’ensemble des jeunes vivant en Tanzanie avaient reçu la bande dessinée. Des documents d’appui à la vulgarisation qui promeuvent les bonnes pratiques agronomiques ont également été élaborés, et 11 000 exemplaires ont été imprimés et distribués aux agriculteurs, aux agents de vulgarisation, aux négociants agricoles et à d’autres intermédiaires.
D’après les estimations, les campagnes multimédias ont amené 128 589 membres de familles d’agriculteurs à commencer à utiliser au moins l’une des technologies améliorées de culture des légumineuses (p. ex. semences améliorées, écartement des rangs, fertilisation, désherbage et entreposage). Au total, 11,8 tonnes de semences de soya et 8 tonnes de semences de haricot commun ont été produites.
Améliorer l’accès aux marchés et aux intrants
L’Agence des semences agricoles (ASA) a modifié notablement son modèle d’affaires en entreposant à la fois des semences de soya et de haricot commun, et les producteurs de semences du secteur privé lui ont emboîté le pas. ASA a créé un réseau qui a formé 75 négociants agricoles à la gestion opérationnelle des intrants.
Au total, 1 682 agriculteurs ont participé aux journées de formation sur 32 parcelles témoins, et 20 000 autres ont été influencés, d’après les estimations. Les parcelles témoins et les journées sur le terrain ont encouragé les femmes et les jeunes agriculteurs à participer, en plus de renforcer l’adoption des innovations.

Les deux réunions organisées sur la politique en matière de semences ont donné lieu à une modification de la politique dans sept secteurs clés, notamment pour homologuer les variétés de semences plus rapidement, réduire les coûts des intrants et permettre l’ajout de nouvelles variétés aux systèmes de semences communautaires.
Prochaines étapes
L’Institut international d’agriculture tropicale crée actuellement des canaux de distribution pour les inoculants et les semences dans le nord et le sud de la Tanzanie, tandis que les agriculteurs continuent à se montrer intéressés par ces intrants. Il reste du travail à accomplir pour s’assurer que les agriculteurs sont organisés et continuent de commercialiser les cultures de rapport en établissant des relations avec des négociants fiables. L’agence de régulation des communications de la Tanzanie souhaiterait utiliser les données du projet pour étudier de quelles façons les politiques et les règlements peuvent améliorer encore l’accès à l’information pour les agriculteurs. L’équipe du projet espère reproduire cette approche dans d’autres régions.
Le Fonds canadien de recherche sur la sécurité alimentaire internationale est financé conjointement par le Centre de recherches pour le développement international et Affaires mondiales Canada.