Combattre le jaunissement mortel du cocotier

La Côte d’Ivoire étant l’un des 20 premiers producteurs de noix de coco au monde, son économie locale dépend largement de ce fruit comme source de nutrition, d’aliments pour les animaux et d’emplois, dont la plupart sont occupés par des femmes.
Lorsque le jaunissement mortel du cocotier a été détecté en Côte d’Ivoire, en 2014, il avait déjà tué plus de 8 % (plus de 400 hectares) des cocoteraies dans la région côtière de Grand-Lahou. Sans une intervention rapide, on prévoyait que la maladie décimerait les cocoteraies du pays d’ici 2020.
Faits saillants
- Découverte du phytoplasme, un parasite bactérien, qui cause le jaunissement mortel du cocotier. Les chercheurs ont également découvert une nouvelle cicadelle responsable de la propagation de la maladie parmi les cocotiers.
- Developed practical and environmentally friendly field practices to control the spread of the disease and increase coconut crop productivity and profitability.
- Élaboration de pratiques de culture concrètes et écologiques pour limiter la propagation de la maladie et améliorer la productivité et la rentabilité de la culture de la noix de coco.
- Approches sensibles à la sexospécificité pour faire participer les cultivateurs, les parties prenantes et les décideurs aux stratégies de gestion et de contrôle de la maladie.
- Nouvel outil pour prévoir les changements dans l’utilisation des sols et aider à réaffecter les zones dévastées par la maladie.
Une stratégie de recherche à deux volets
Lorsque les chercheurs ont découvert qu’un parasite bactérien, appelé phytoplasme, était lié au jaunissement mortel du cocotier dans tous les villages touchés, les agriculteurs de la région de Grand-Lahou ont enfin su pourquoi leurs cultures de noix de coco avaient été détruites. On s’est ensuite rapidement occupé de prévenir la propagation de la maladie.
La prévention de la propagation du jaunissement mortel du cocotier exigeait une stratégie de recherche à deux volets, d’abord pour comprendre et contrôler l’épidémie, puis pour diffuser continuellement de nouveaux renseignements afin que les autorités, les décideurs et les agriculteurs puissent prendre immédiatement des mesures de contrôle.
Une fois que le principal responsable de la propagation de la maladie eut été découvert, soit une cicadelle (Nedotepa curta) qui transmet du phytoplasme du jaunissement mortel aux cocotiers et à d’autres espèces végétales, les chercheurs ont examiné plusieurs solutions potentielles pour réduire les dommages causés aux cocotiers.
Ces solutions comprenaient le renforcement naturel des défenses des plantes contre le jaunissement mortel du cocotier au moyen des microbes présents dans les plantes (endophytes) et dans le sol, l’établissement de pratiques d’élimination des mauvaises herbes hôtes du phytoplasme associé au jaunissement, et la mise en place d’une technique ghanéenne consistant à abattre les arbres malades à un stade précoce. La méthode la plus efficace consistait toutefois à contrôler la prolifération des cicadelles. Une nouvelle espèce de parasitoïdes s’est avérée un outil pratique pour lutter contre le jaunissement mortel du cocotier, car ces minuscules insectes infestent et détruisent les oeufs de cicadelles. L’élevage de parasitoïdes est simple et rapide, et peut fournir aux agriculteurs une nouvelle source de revenus.
Une fois que le jaunissement mortel du cocotier a été découvert et que des méthodes ont été établies pour freiner sa propagation, l’attention s’est tournée vers la diffusion de ces nouveaux renseignements aux parties prenantes pour qu’elles puissent prendre immédiatement des mesures. Les agriculteurs disposaient des connaissances et des outils nécessaires pour détecter, identifier et contrôler la bactérie mortelle, assurer un approvisionnement en graines, noix saines, et générer des revenus au moyen d’autres cultures et de produits de la noix de coco pour compenser les pertes.
Planification à long terme
Ces nouveaux renseignements tirés de la recherche ont formé la base d’un plan de gestion du jaunissement mortel du cocotier, d’un plan triennal de réhabilitation, d’un plan environnemental et d’atténuation, d’un mini-guide de terrain pour les agriculteurs et d’exposés de politique. Les chercheurs ont transféré une nouvelle technologie de détection de la maladie à un stade précoce au Centre national de recherche agronomique et à l’Université Nangui Abrogoua de la Côte d’Ivoire.
Les responsables du projet ont mis sur pied dix écoles de terrain pour former 1 960 agriculteurs et 180 agents de vulgarisation sur la culture appropriée de la noix de coco, la mise en marché, la gestion des maladies et l’approvisionnement en semis. Les écoles de terrain ont également transmis des connaissances essentielles sur la création de pépinières de noix de coco, le contrôle de l’échange de semences et la gestion des essais de résistance. Les leçons comprenaient également des démonstrations sur la façon de pratiquer la culture intercalaire des noix de coco avec les bananes, d’épandre du fumier de volaille pour renforcer les cultures, et de vendre des produits de la noix de coco pour aider les agriculteurs, en particulier les femmes, à améliorer la productivité des cultures de noix de coco, la nutrition de leur famille et leurs revenus.
De plus, neuf cliniques sur les végétaux ont fourni à plus de 670 agriculteurs, villageois, producteurs et transformateurs de la formation et des conseils techniques. Pour la première fois, les productrices de noix de coco de Grand-Lahou se sont regroupées pour offrir de la formation sur la culture et l’entretien de la noix de coco, la préparation du sol, la transformation et la mise en marché. Grâce à l’initiative, plus de 300 femmes dans six villages ont planté du manioc dans les zones dévastées par la maladie afin de s’assurer une nouvelle source de revenus.
Un plan d’action a été mis au point pour continuer d’étendre ces activités jusqu’en 2020. Des essais sur le terrain en cours en Côte d’Ivoire et au Ghana continueront de cerner les variétés locales de cocotiers résistantes au jaunissement mortel du cocotier, ainsi que les meilleures approches pour soutenir la réhabilitation de l’industrie de la noix de coco en Côte d’Ivoire.
Le Fonds canadien de recherche sur la sécurité alimentaire internationale (FCRSAI) est financé par le CRDI et Affaires mondiales Canada.