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Centre de ressources communautaires Nganyi : une station radiophonique communautaire diffuse des prévisions météorologiques et des nouvelles sur le changement climatique aux agriculteurs du Kenya

 
4 mai 2016

Afin de souligner la Journée météorologique mondiale, qui a eu lieu le 23 mars 2015, le Kenya Meteorological Services (KMS) a lancé un centre de ressources et une station radiophonique dans l’ouest du pays, qui communiquera de l’information sur les conditions météorologiques et climatiques.

En 2006, le Centre de prédictions climatiques et d’action de l’IGAD (ICPAC) a dirigé un projet dans le cadre du programme Adaptation aux changements climatiques en Afrique (financé conjointement par CRDI et le Department for International Development du Royaume-Uni), qui a permis de rallier les collectivités, les établissements et les gens du comté de Vihiga, dans l’ouest du Kenya, afin de renforcer leur capacité en matière de gestion des risques climatiques. Le centre de ressources est un résultat de l’initiative.

Radiodiffuser des prévisions afin d’aider les agriculteurs à déterminer le moment idéal pour la plantation

Grâce à la station radiophonique communautaire qui diffuse des prévisions précises et opportunes, les agriculteurs peuvent mieux déterminer le bon moment pour planter leurs cultures. La station Nganyi RANET, créée par KMS dans des régions vulnérables aux phénomènes climatiques extrêmes, diffuse des prévisions pendant plus de neuf mois et dans un rayon de 25-30 km.

Ces prévisions permettent à Enos Matende de savoir que cette année, la saison des pluies est repoussée et qu’il ne pourra pas commencer la plantation avant la fin mars. « Les pluies commenceront vers le 22 mars et non en février; je peux donc commencer à planter mes cultures à partir du 23 mars », indique-t-il.

« Nous recrutons des membres d’une certaine collectivité et les formons à notre siège social. Nous leurs envoyons les prévisions météorologiques par courriel et messagerie texte à partir de notre siège social », précise Hannah Kimani, météorologiste principal chez KMS. Les membres recrutés peuvent ensuite diffuser ces prévisions dans la langue locale.

Au carrefour des traditions et de la science

Le clan Nganyi est réputé pour son don en matière de prévision des précipitations. Cependant, il a récemment connu des difficultés à communiquer des prévisions précises, probablement en raison des changements climatiques rapides. Conséquemment, la population a perdu confiance en ses capacités. 

« Nous nous sommes rendu compte que les collectivités, comme celle du clan Nganyi, misaient sur leurs connaissances indigènes depuis des décennies pour prédire les conditions météorologiques, ce qui semble avoir bien fonctionné pour eux pendant des années. Mais de plus en plus, on nous signalait que certains des indicateurs qu'ils utilisaient avaient commencé à changer », explique Evans Kituyi, spécialiste de programmes principal de l'Initiative de recherche concertée sur l’adaptation en Afrique et en Asie du CRDI.

Parallèlement, les collectivités locales n’avaient pas confiance dans les prévisions du service de météorologie puisqu’elles n’étaient pas toujours exactes.

Le projet a permis aux Nganyi et aux scientifiques de collaborer en vue d’établir une approche visant à prédire les conditions météorologiques jusqu’à trois mois et de communiquer l’information efficacement. Ils ont coopéré à l’établissement des prévisions; le fruit de leur travail a été ensuite transformé en avis à diffuser. Les messages sont transmis au moyen d’une station radiophonique qui diffuse des émissions populaires et dramatiques. 

Quelque 20 personnes ont été embauchées et formées afin d’assurer l’exécution des tâches quotidiennes à la station radiophonique. Pour améliorer l’accès à la radiodiffusion, KMS a remis des combinés radio dotés d’une pile intégrée à énergie solaire et a aussi déployé le système jusqu’aux collectivités visées.

Le directeur adjoint principal de KMS, Samuel Mwangi, affirme que la radiodiffusion a eu des répercussions importantes dans les collectivités.

« Nous élargissons notre portée. Les membres de la collectivité des Nganyi devaient transmettre l’information par le bouche-à-oreille, mais dorénavant, grâce à la station radiophonique, nous sommes en mesure de diffuser à un plus large auditoire. Nous informons un plus grand nombre de gens, plus rapidement et plus clairement qu’auparavant. De plus, grâce à l’approche intégrée, nous pouvons inspirer le changement et le développement dans la région », mentionne M. Mwangi.

Communication des résultats à une plus vaste population

De leur côté, les Nganyi sont heureux que leurs connaissances indigènes soient maintenant à la disposition du monde, par l’intermédiaire de la radiodiffusion et d’un ouvrage récemment publié et intitulé Coping with local disasters using indigenous knowledge: Experiences from Nganyi community of Western Kenya

Hezekiah Musungu explique que les autres Nganyi et lui se sont rendus en Égypte et à Zanzibar pour discuter de la prévision des précipitations et du changement climatique. « La répercussion la plus importante est que nous nous sommes éloignés des anciennes méthodes. Nous siégeons dorénavant à une table. Nous discutons. »

L’agrométéorologue Jasper Mwesigwa a traduit l’information sur les prévisions météorologiques en avis agricoles, par l’intermédiaire de l’ICPAC. Il indique que maintenant, les agriculteurs améliorent le rendement de leurs cultures et réduisent les différends à la maison. « En utilisant cette information, les agriculteurs ont augmenté le rendement de leurs cultures de trois à quatre fois plus. Par exemple, auparavant, ils produisaient un sac de maïs alors que maintenant, ils en produisent quatre. De même, ils produisaient avant deux sacs de sorgho, ils en produisent maintenant huit et même plus », explique M. Mwesigwa.

Au cours de la cérémonie d’ouverture du centre de ressources, la secrétaire de l’Environnement, Alice Kaudia, a louangé le centre pour son ingéniosité pour exploiter les connaissances et les données climatiques qui permettront aux gens de prendre les mesures nécessaires. « Il est impossible de prendre des mesures sans détenir l’information requise. Et grâce au financement du CRDI et du Department for International Development du Royaume-Uni, nous pouvons célébrer ce que nous célébrons aujourd’hui » 

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