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Campagnes radiophoniques et cellulaires améliorent les pratiques agricoles au Ghana

 
17 janvier 2019

Il est urgent d’accroître l’accès des petits exploitants agricoles, particulièrement des femmes, à des services consultatifs et de vulgarisation agricole. Malheureusement, le système public au Ghana, tout comme dans de nombreux pays africains, est devenu non viable financièrement et de tels services ne sont pas offerts à grande échelle. Le manque de ces services empêche des millions de petits exploitants agricoles d’apprendre et d’appliquer des pratiques agricoles efficaces pour accroître la productivité et la sécurité alimentaire des ménages.

Des experts au Canada et au Ghana ont élaboré et mis à l’essai de nouvelles solutions pilotées par le monde des affaires pour remédier à ce manque de services. Des plateformes numériques – notamment des téléphones mobiles, une radio participative et des tutoriels vidéo – ont permis aux agriculteurs d’accéder rapidement à de l’information à des ressources, à des marchés et à des services financiers fiables. Le modèle prévoit un plus grand rôle pour le secteur privé, incluant des agents de terrain ayant accès aux technologies de l’information et de la communication qui recherchent des fournisseurs de produits pour de grandes agroentreprises et offrent des services sur mesure comme des prêts personnels et des services de crédit à accès rapide et sans exigence de garantie.

Habiliter les agents de terrain et les exploitants agricoles

La plateforme consultative AgroTech intègre une plateforme numérique et des émissions de radio interactives afin d’élargir la portée de l’information agronomique, d’accroître le nombre d’agents de terrain et d’améliorer l’adoption de bonnes pratiques agricoles. Une application logicielle appelée SmartEx, développée par la Grameen Foundation, permet aux agents de terrain équipés de tablettes électroniques d’atteindre un plus grand nombre d’agriculteurs grâce à un ensemble unique de services agroalimentaires et de mentorat personnalisé qui ne sont généralement pas offerts.

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Une émission de radio destinée aux agriculteurs animée par Kingsley est diffusée sur les ondes de la station Atoobu Community FM dans la région de Brong-Ahafo, au Ghana.
GRAMEEN FOUNDATION GHANA / ALFRED YEBOAH

L’application SmartEx a permis aux agents de terrain de comprendre et d’analyser rapidement les besoins et l’historique des récoltes des agriculteurs, de créer des plans de gestion agricole sur mesure, de fournir des conseils agricoles et d’aider les agriculteurs à obtenir des prêts. Grâce à cette technologie, les agriculteurs ont été en mesure d’acquérir de nouvelles compétences et connaissances pour maximiser leur rendement et produire du riz et du maïs de qualité. « Avant que je commence à travailler avec les agriculteurs, la plupart d’entre eux ne tenaient pas de dossiers, explique Rachel Derchie, agente de terrain. Ils ne connaissaient pas les variétés résistantes à la sécheresse, mais ils essaient maintenant de les adopter et la plupart tiennent correctement leurs dossiers. » En plus de remplacer la tenue des dossiers à la main par des dossiers électroniques sur des tablettes, l’application offre aussi un soutien pour mesurer le nombre d’exploitations agricoles qui recourent à un GPS, utilisent des semences améliorées et des engrais appropriés et améliorent leurs techniques de récolte et d’entreposage.

Globalement, la plateforme consultative AgroTech a permis de rejoindre plus de 500 000 agriculteurs (dont 34,8 % de femmes). De ce nombre, 174 821 agriculteurs ont adopté des technologies ou des pratiques de gestion améliorées, notamment pour la production du maïs, qui a augmenté de 229,9 % chez les agriculteurs participants.

La puissance de la radio interactive

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Une émission de radio destinée aux agriculteurs animée par Kingsley est diffusée sur les ondes de la station Atoobu Community FM dans la région de Brong-Ahafo, au Ghana.
FARM RADIO GHANA

Les émissions de radio de la plateforme ont mis l’accent sur l’amélioration des connaissances des agriculteurs et le changement des attitudes, en plus d’encourager les agriculteurs à prendre des décisions éclairées en adoptant des méthodes et des techniques agricoles améliorées. Coanimées par une femme et un homme, les émissions ont mis à profit le système agricole existant du Ghana en invitant des agents du ministère de l’Alimentation et de l’Agriculture. Le contenu éducatif des émissions a été complété par des segments de questions et réponses en direct, au cours desquels des agriculteurs ont exposé leurs idées et des experts ont insisté sur l’importance et la facilité d’adopter certaines pratiques et technologies. La portion radiophonique du projet s’est avérée particulièrement efficace pour rejoindre les femmes, qui sont moins susceptibles de posséder ou d’avoir accès à un téléphone, ainsi que les agriculteurs âgés, qui sont moins enclins à utiliser un téléphone mobile. Des groupes d’écoute communautaires composés uniquement de femmes ont aussi été créés pour accroître l’accès aux émissions de radio.

Prochaines étapes

Quatre documents stratégiques ont été remis au gouvernement du Ghana. Ces documents comprenaient des recommandations pour que les services consultatifs et de vulgarisation agricole soient offerts par un fournisseur de services moderne et responsable, piloté par le secteur privé, axé sur l’exploitation des entreprises et régi par la demande. « Nous avons besoin de solutions similaires à AgroTech qui fournissent des données et des connaissances bien gérées sur les agriculteurs et les exploitations agricoles afin de cerner la nature des difficultés auxquelles sont confrontés les agriculteurs et les solutions à ces difficultés », explique John Abaka-Quansah, agent agricole supérieur.

Jusqu’à maintenant, les services consultatifs agricoles et l’information destinés aux petits exploitants agricoles de denrées vivrières ont été largement financés par le gouvernement et ne répondaient pas à la demande des agriculteurs. Toutefois, en guise de première étape pour élargir les services offerts par le secteur privé, le gouvernement du Ghana a créé un registre national des fournisseurs de services de vulgarisation privés. Les prochaines étapes incluent le transfert de la plateforme technologique à un exploitant privé et le soutien au ministère de l’Alimentation et de l’Agriculture pour promouvoir l’utilisation de services consultatifs et de vulgarisation reposant sur les technologies de l’information et de la communication comme AgroTech.

Il reste du travail à accomplir pour que le modèle SmartEx prenne davantage en compte le genre (par exemple, en reliant les rôles et les responsabilités aux sexes tout au long de la chaîne de valeur). L’élargissement de la portée du modèle AgroTech nécessitera de mettre davantage l’accent sur deux éléments : améliorer l’accès aux marchés pour les agriculteurs et leur offrir des modalités plus souples pour payer les agents d’AgroTech. D’autres études devront également être réalisées à propos des effets des services de vulgarisation reposant sur les technologies de l’information et de la communication sur le rendement et la rentabilité des cultures.

Le Fonds canadien de recherche sur la sécurité alimentaire internationale est financé conjointement par le Centre de recherches pour le développement international et Affaires mondiales Canada.

Détails sur le projet et ses résultats.