Autonomiser les jeunes en vue de la transition vers une économie verte
Au cœur de l’essor des énergies renouvelables en Afrique du Sud, la petite ville de Loeriesfontein, dans la province du Cap-Nord, est un exemple marquant des défis auxquels font face les jeunes de la région en créant des moyens de subsistance durables. Le bourdonnement des éoliennes au loin était synonyme de promesses et de possibilités, mais pour de nombreux membres de la communauté, ces perspectives ne se sont pas révélées à la hauteur des attentes. Les emplois dans les parcs éoliens se sont avérés être à court terme, mal rémunérés et non qualifiés, offrant peu de formation significative ou d’avancement professionnel à long terme. À mesure que les projets d’énergie renouvelable appartenant à des sociétés étrangères prenaient de l’ampleur, la nécessité du perfectionnement de véritables compétences et de l’appropriation locale a été soulignée. La communauté aspirait à une approche différente à l’égard de l’énergie durable qui autonomise ceux qui ont longtemps été marginalisés.
Dans le cadre de la transition vers une économie à faibles émissions de carbone et de la transition vers une énergie propre, l’économie verte est devenue un concept central dans les discussions sur le développement durable. Les propositions concernant l’économie verte nécessitent souvent de remplacer les processus de production traditionnels par des processus plus économes en ressources et plus respectueux de l’environnement, un changement qui pourrait ne pas conduire immédiatement à la création d’emplois et, à l’inverse, qui pourrait entraîner des pertes d’emplois. Dans cette perspective émerge le concept d’une transition juste : rendre l’économie plus verte d’une manière aussi inclusive que possible, créer des emplois décents et veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte.
Les recherches financées par le CRDI ont porté sur une meilleure compréhension des possibilités offertes aux jeunes qui émergent de la transition vers une économie à faibles émissions de carbone, ainsi que des défis et des obstacles systémiques qui empêchent les jeunes de profiter des avantages d’une économie verte. Des recherches menées au Nigéria, en Afrique du Sud et sur tout le continent africain examinent les compétences professionnelles dont les jeunes ont besoin sur le marché du travail et produisent des résultats qui peuvent aider les décisionnaires politiques à répondre aux besoins de ces jeunes tout en faisant la transition vers un avenir à faibles émissions de carbone.
Renforcer les capacités des jeunes entrepreneures et entrepreneurs
Le monde est aux prises avec une augmentation du taux de chômage chez les jeunes et du nombre de problèmes sociaux systémiques de longue date et d’inégalités qui touchent les jeunes de manière disproportionnée. Ces problèmes, qui étaient auparavant abordés de manière inadéquate, se sont aggravés en raison de la crise climatique mondiale, plaçant les jeunes dans des conditions encore plus difficiles. Les jeunes femmes font face à des défis particuliers, comme les pressions de la société de fonder une famille malgré le manque d’infrastructures socioéconomiques pour réduire et redistribuer le travail de soins non rémunéré. Le passage à une économie verte pour relever les défis de la pauvreté, des inégalités et du développement durable doit créer des emplois afin de soutenir le nombre croissant de personnes à la recherche d’un emploi. Dans le monde, environ 33 000 jeunes devraient intégrer le marché du travail chaque jour d’ici 2050. L’intégration réussie de cette génération dans le marché du travail sera la clé de la transition vers une économie verte.
Une transition verte qui accorde la priorité aux jeunes peut se concentrer sur trois aspects principaux : augmenter l’emploi des jeunes en les faisant participer au marché du travail dans le cadre d’une économie verte, accroître l’employabilité des jeunes en améliorant leurs qualifications pour un tel marché et promouvoir l’entrepreneuriat des jeunes afin de leur donner les moyens de créer conjointement une économie verte, ainsi que des possibilités de travail pour eux-mêmes et pour les autres.
L’histoire de la ville de Loeriesfontein a été élucidée grâce à un projet financé par le CRDI et dirigé par INCLUDE, une plateforme de connaissances sur les politiques de développement inclusives. INCLUDE a élaboré des études de cas, ainsi que des recommandations clés, pour soutenir une transition juste au Nigeria et en Afrique du Sud, éclairées par des dialogues multipartites avec des parties prenantes clés du secteur de l’énergie à faibles émissions de carbone. En Afrique du Sud, l’une de ces recommandations suggérait que les politiques publiques devraient soutenir l’économie informelle en réduisant les obstacles bureaucratiques et la formalisation inutile, tout en assurant la protection de la main-d’œuvre, afin de créer un environnement favorable pour les micro, petites et moyennes entreprises du secteur vert qui sont essentielles pour les jeunes. Pour combler l’écart de compétences, l’équipe de recherche a souligné que les établissements d’enseignement et de formation techniques et professionnels devraient s’associer au secteur de l’énergie verte pour élaborer des programmes complets qui dotent les jeunes des compétences pratiques nécessaires dans les industries émergentes à faibles émissions de carbone.
Les jeunes sont souvent attirés par les entreprises en raison d’un manque d’emplois dans le secteur formel ou de possibilités d’éducation, mais ils font face à des obstacles tels que le manque d’accès au capital et à l’expérience des affaires. La formation aux compétences en entrepreneuriat est essentielle pour surmonter ces obstacles et libérer leur potentiel.
Avec le soutien du CRDI, l’Université des Nations Unies met sur pied un programme panafricain d’incubation, de formation, d’entrepreneuriat et d’accélération pour les jeunes entrepreneurs, leur offrant une assistance technique pour les aider à développer des possibilités commerciales novatrices et transformatrices dans les secteurs verts. Une analyse des lacunes en matière de compétences dans les pays africains a permis de cerner les compétences entrepreneuriales clés dans cinq secteurs verts : les énergies renouvelables, l’agriculture intelligente, la gestion des déchets, la gestion de l’eau et les technologies bleues, qui font référence aux technologies novatrices qui favorisent l’économie marine tout en protégeant les ressources océaniques et hydriques. Des ressources en ligne ont été recueillies et contextualisées, et un programme d’apprentissage mixte de huit mois a été élaboré, ce qui améliorera les possibilités de travail grâce au renforcement des capacités des entrepreneures et entrepreneurs verts.
Alors que le monde navigue vers des technologies à faibles émissions de carbone, il est essentiel de se concentrer sur la promotion de l’emploi des jeunes. La recherche et les initiatives financées par le CRDI s’orientent vers une voie prometteuse : la création d’emplois verts inclusifs, l’amélioration des parcours scolaires et l’autonomisation des jeunes entrepreneures et entrepreneurs grâce à une formation et à un soutien ciblés. En éliminant les obstacles systémiques et en accordant la priorité aux besoins locaux, nous pouvons nous assurer que les avantages d’une économie verte sont largement partagés, en particulier parmi les jeunes, ouvrant ainsi la voie à un avenir plus durable et plus équitable.
Faits saillants
- Des études de cas au Nigeria et en Afrique du Sud mettent en évidence le manque de possibilités pour les jeunes dans les efforts de transition vers une énergie à faibles émissions de carbone.
- Éclairées par des dialogues multipartites, les principales recommandations proposent des voies vers une transition juste, y compris la représentation des jeunes dans les discussions sur les politiques énergétiques à faibles émissions de carbone.
- Un nouveau programme de soutien comble l’écart entre les jeunes de l’Afrique qui sont attirés par les activités entrepreneuriales dans les secteurs verts.