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Augmentation de la production de légumes indigènes en Afrique de l’Ouest avec le microdosage des engrais

 

Les petits exploitants agricoles des régions rurales du Bénin et du Nigeria, en particulier les femmes, utilisent les légumes indigènes chargés de vitamines et d’éléments nutritifs essentiels pour compléter l’alimentation quotidienne de leur famille. Toutefois, la mauvaise fertilité des sols, la dégradation des terres et la rareté de l’eau ont concouru à donner de faibles rendements et une piètre qualité, ce qui limite les possibilités économiques et menace la sécurité alimentaire.

Deux projets antérieurs appuyés par le FCRSAI ont permis d’élaborer plusieurs solutions abordables et adaptées aux besoins des agriculteurs, notamment de nouvelles technologies pour améliorer les pratiques agricoles, la manutention des légumes après récolte, et la transformation des aliments et des innovations à valeur ajoutée qui créent de nouvelles possibilités économiques pour les populations rurales. Cependant, ce qu’il manquait était une approche éprouvée pour accélérer l’adoption à grande échelle de ces solutions afin d’améliorer la production, la commercialisation et la consommation de légumes indigènes sains.

Le projet incluait la participation de près de 340 000 agriculteurs pour démontrer que la coopération avec divers acteurs dans la chaîne de valeur est le moyen le plus efficace de développer l’utilisation de technologies et d’approches simples et abordables pour augmenter les rendements, les revenus et la consommation de légumes indigènes. Ce modèle de plateforme d’innovation répondait aux difficultés qui préoccupent le plus les agriculteurs, notamment les agricultrices : une production faible ou inexistante pendant la saison sèche, une absence de semences de haute qualité, un accès difficile à la terre, un réseau de transport inadapté, des problèmes de parasites et de maladies, et un approvisionnement en engrais insuffisant. Des solutions telles que le microdosage des engrais (application locale de petites quantités d’engrais) et la gestion de l’eau, ainsi qu’une meilleure commercialisation, ont démontré que les légumes indigènes peuvent être produits, transformés et commercialisés de façon économique et durable afin d’améliorer la diversité des aliments et la nutrition, ainsi que les revenus pour les agriculteurs ayant des ressources limitées, leur famille et les communautés rurales en Afrique de l’Ouest.

Technologies et pratiques agricoles nouvelles et améliorées

On a observé que le microdosage des engrais, lorsqu’il est combiné au fumier organique, génère suffisamment de macronutriments dans le sol pour produire des légumes de façon durable. Plusieurs pratiques améliorées, telles que la gestion des doses d’engrais et de l’eau, ont démontré un rendement optimal de légumes. Un ensemble technologique de production de semences a été diffusé, et un système novateur d’irrigation par capillarité a été élaboré et a permis d’économiser des millions de litres d’eau par hectare chaque saison de croissance, tout en améliorant la germination et la production précoce de semences.

« L’éducation est une bonne chose », déclare Bourin’doro Derou, une productrice de légumes de 74 ans du Bénin. « Ce n’est pas seulement en classe que les gens apprennent de nouvelles choses. On apprend de nouvelles choses dans nos fermes ici. Je n’aurais jamais cru que l’on pouvait utiliser si peu d’engrais pour produire de très bonnes cultures de légumes. Les scientifiques nous ont enseigné les méthodes, et réduire le coût de la production et améliorer les profits se font comme par magie. »

Développement des solutions éprouvées          

L’intensification de l’adoption de ces techniques a impliqué la coordination et la coopération entre les agriculteurs, les distributeurs, les transformateurs, les vendeurs d’intrants, les transporteurs, les agents de vulgarisation, les décideurs et les institutions financières. Des campagnes de promotion réussies ont permis d’accroître la demande de légumes et ont conduit 338 000 agriculteurs (51 % de femmes) à utiliser ces techniques agricoles. La mobilisation des chefs traditionnels a aidé les agriculteurs à obtenir plus de terres, et les terres consacrées à ces cultures ont été multipliées par huit en trois ans (passant de 10 090 hectares à 81 686 hectares). Ce sont principalement des femmes (72 %) qui ont dirigé la commercialisation de légumes indigènes dans les deux pays, et le succès de leur commercialisation a augmenté les revenus d’environ 120 % au Nigeria et de 90 % au Bénin.

Des Young Vegetable Scientists Clubs (YVSC) [clubs des jeunes horticulteurs] ont été lancés dans 124 écoles du Nigeria et 57 écoles du Bénin. En tout, 112 870 membres d’YVSC membres ont été formés à l’horticulture et aux technologies de production, et les 181 écoles ont depuis lors adopté les YVSC comme politique dans leur programme d’activités. « Je pensais que les légumes indigènes n’étaient pas importants sur le plan économique, je n’ai donc jamais envisagé de les cultiver... », indique Olu Oyeleke, un enseignant du secondaire au Nigeria. « Nous avons commencé sans enthousiasme à planter ces légumes dans le jardin de notre école. Maintenant, notre école a un revenu quotidien et offre des légumes nutritifs au public, comme par magie. C’est plus qu’incroyable. »

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Un jeune scientifique au Bénin vend un bouquet d’amarante provenant des cultures expérimentales.
CRDI / BARTAY

Le projet a facilité l’accès à des semences améliorées pour divers légumes indigènes au Nigeria et au Bénin, et un système a été élaboré avec les agriculteurs, les universités et le secteur privé pour s’assurer que la production de semences de qualité continue. En outre, un programme de microfinancement avec des conditions de remboursement avantageuses et de faibles taux d’intérêt a été élaboré au Nigeria pour proposer des petits prêts aux producteurs de légumes.

Augmentation de la valeur nutritionnelle et économique des légumes indigènes

Le projet a également permis d’élaborer des méthodes à valeur ajoutée visant à accroître la consommation de légumes indigènes nutritifs. Un protocole a été élaboré pour extraire et produire du polyphénol à partir de légumes-feuilles. Dans les essais sur les animaux, on observe que les concentrés de polyphénol réduisent la tension artérielle, inhibent les enzymes digestives en lien avec l’obésité et le diabète, et montrent un potentiel de lutte contre les infections virales telles que la grippe et la diarrhée. Le concentré séché a été utilisé avec succès pour enrichir les aliments, les jus et les produits de pâtisserie locaux. Le « pain vert » et le jus d’ananas enrichis ont été particulièrement populaires chez les consommateurs, et ces produits enrichis aux légumes génèrent de nouveaux débouchés commerciaux, surtout pour les femmes entrepreneures. Des organismes gouvernementaux aident à explorer le potentiel d’exportation. L’équipe a également révélé des possibilités de nouveaux produits dans l’industrie nutraceutique basés sur des extraits de légumes.

Et ensuite?

L’équipe de projet cherche à obtenir un nouveau financement pour certifier et former plus de producteurs de semences, mener des recherches scientifiques sur les polyphénols, y compris des essais chez les humaines, et faire le suivi de la production de légumes et de la qualité de l’eau à long terme.

Un processus a été enclenché avec la Standards Organization of Nigeria afin d’établir la Norme nigériane pour les produits de pâtisserie verts, ainsi qu’une politique visant à accélérer la certification de ces produits. Au Bénin, le projet a permis d’établir un partenariat avec la Direction de l’Alimentation et de la Nutrition Appliquée pour commencer à certifier les produits à valeur ajoutée.

Le Fonds canadien de recherche sur la sécurité alimentaire internationale est financé conjointement par le Centre de recherches pour le développement international et Affaires mondiales Canada.

Détails sur le projet et ses résultats.