Améliorer le système mondial d’aide aux réfugiés
De la Syrie au Venezuela, de l’Afrique aux îles du Pacifique, il y a plus de personnes déplacées de force aujourd’hui qu’à l’époque de la Seconde Guerre mondiale. Plus de 68 millions de personnes vivent en tant que réfugiés, sont déplacées à l’intérieur de leur propre pays ou sont en demande d’asile. Ces migrants doivent affronter de rudes épreuves pour échapper à la violence, à la persécution, aux privations économiques et aux catastrophes naturelles.
Faits saillants
- La recherche recueille des données sur les facteurs conduisant au déplacement des femmes et des enfants au Guatemala et dans le sud du Mexique, et sur les risques qu’ils courent lorsqu’ils deviennent migrants.
- Un projet d’apprentissage numérique au Liban développe la pensée critique et la capacité de résolution de problèmes tout en favorisant la collaboration entre les étudiants des populations déplacées et des communautés d’accueil.
- Un institut au Liban se spécialise dans les questions de santé liées aux réfugiés et aux zones de conflit afin de trouver des solutions aux défis que pose le déplacement des personnes.
Le Conseil mondial pour les réfugiés (CMR), qui réunit des leaders d’opinion, des praticiens et des innovateurs du monde entier dans le but de promouvoir la coopération internationale et le partage des responsabilités en ce qui concerne les réfugiés, a été mis sur pied par le Centre pour l’innovation dans la gouvernance internationale (CIGI) en mai 2017. Son rapport, Appel à l’action : Transformer le système mondial d’aide aux réfugiés, déclare que le système international existant n’est plus en mesure d’absorber le nombre croissant de migrants. Il propose une série de recommandations concrètes destinées à susciter une action mondiale et à mettre en place des mécanismes permettant de prévenir les déplacements forcés de personnes à l’échelle mondiale, et d’y réagir. Ces appels à l’action répondent spécifiquement aux besoins en matière de reddition de comptes, de responsabilité partagée, de financement fiable, de gouvernance, de soutien à grande échelle, de technologie et de protection pour les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDIP).
Lors d’un événement organisé conjointement par le CRDI et le CIGI le 10 avril 2019, Lloyd Axworthy, président du CMR, a souligné que le rapport étant lancé, le défi consistait à en faire un programme d’action et à mettre les recommandations en pratique. Le CRDI est fier d’appuyer le travail du CMR et d’autres efforts de recherche qui s’inscrivent dans le droit fil des appels à l’action du Conseil et qui les soutiennent. Voici seulement quelques exemples de ces recherches :
Lutte contre la violence sexuelle à l’égard des femmes migrantes en Amérique centrale
Parmi les migrants qui fuient la violence et les difficultés économiques en Amérique centrale, on compte des dizaines de milliers de femmes et de mineurs non accompagnés. Selon les estimations, six femmes et jeunes filles sur dix en chemin vers le Mexique et la frontière américaine sont victimes de violence sexuelle. Les personnes déplacées sont particulièrement vulnérables à la violence perpétrée par les autorités gouvernementales et par les criminels, ainsi que par leurs partenaires intimes.
Étant donné que les mécanismes de signalement des attaques sont difficiles d’accès (ou inexistants) et que les victimes sont souvent menacées et intimidées afin de garder le silence, on en sait peu sur la situation. Le CRDI appuie les recherches d’Equipo de Estudios Comunitarios y Acción Psicosocial (Équipe d’études communautaires et d’action psychosociale), du Centro de Derechos Humanos Fray Matías de Córdova A.C (Centre des droits humains Fray Matías de Córdova) et de Voces Mesoamericanas (l’association civile Voix méso-américaines) visant à recueillir des données sur les facteurs provoquant le déplacement des femmes et des enfants au Guatemala et au sud du Mexique et les risques auxquels ils sont exposés une fois qu’ils deviennent migrants.
Citant ce projet appuyé par le CRDI, le CMR demande que des mesures soient prises pour prévenir l’exploitation et les abus sexuels, dans le cadre des engagements de responsabilisation à l’égard des réfugiés, des personnes déplacées et des communautés d’accueil. Les données générées par la recherche sur les circonstances contribuant à la victimisation aideront à cerner les pratiques et à orienter les politiques permettant de protéger les droits et la sécurité des femmes migrantes en Amérique centrale.
Offrir des occasions d’apprentissage novatrices aux réfugiés syriens
Le rapport du CMR préconise le recours à la technologie pour favoriser l’aide aux réfugiés et aux personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays. Cela met en lumière un autre exemple de soutien apporté par le CRDI en Syrie.
Le conflit syrien a déplacé des millions de personnes, dont des centaines de milliers d’enfants. En Jordanie et au Liban, plus de 300 000 enfants ne peuvent pas aller à l’école. Et dans le cas de ceux qui la fréquentent, l’afflux massif de réfugiés syriens met à rude épreuve les systèmes éducatifs des pays d’accueil. La capacité d’enseignement et des salles de classe de même que les ressources pédagogiques ne parviennent pas à satisfaire la demande. L’absence de possibilités d’éducation et de formation pourrait conduire à des perspectives économiques et sociales peu réjouissantes pour la majorité des enfants syriens déplacés et accroître les risques de conflit et d’instabilité sociale dans les pays d’accueil.
En 2016, le CRDI et l’International Education Association ont lancé le projet d’innovations en matière d’apprentissage numérique Coder-Maker dans 41 écoles publiques du Liban. Le projet se sert de la technologie pour améliorer l’accès des réfugiés syriens ainsi que des communautés d’accueil à des occasions d’apprentissage de qualité. Grâce au projet Coder-Maker, les étudiants apprennent la réflexion conceptuelle et la programmation informatique pour résoudre des problèmes de la vie réelle. Par exemple, une équipe d’étudiants a conçu, codé et installé des feux de circulation pour améliorer la circulation locale. Il est important de noter qu’en plus d’enseigner la résolution de problèmes, la pensée critique et le travail d’équipe, le projet favorise l’apprentissage social et la collaboration entre élèves libanais et réfugiés.
Améliorer l’accès aux soins des personnes déplacées
Le rapport du CMR appelle également au renforcement du rôle des organisations régionales dans l’allégement du sort des réfugiés. Depuis 2017, l’Institut mondial de la santé de l’Université américaine de Beyrouth s’occupe des questions de santé liées aux réfugiés et aux zones de conflit, telles que l’accès aux soins médicaux de base. Avec l’appui du CRDI, l’Institut développe des ressources et mène des recherches visant à renforcer les capacités nécessaires pour répondre aux besoins médicaux des personnes déplacées et des populations des pays d’accueil au Moyen-Orient.
Dans le contexte de la guerre en Syrie, le Programme de santé des réfugiés examine l’impact des conflits prolongés sur la santé et le bien-être. Les responsables du programme ont déjà rédigé un exposé de politique proposant des recommandations visant à réduire les obstacles qui empêchent les professionnels de la santé syriens déplacés de travailler légalement au Liban, où leur expertise gaspillée serait grandement nécessaire.
Un autre projet de l’Institut mondial de la santé consiste à mettre au point un dossier médical personnel électronique mobile destiné aux réfugiés syriens qui ont perdu des informations importantes sur leur santé dans le chaos et la destruction entraînés par la guerre.
Dans les décennies à venir, en raison des changements climatiques auxquels s’ajouteront conflits et persécutions, le nombre de réfugiés, de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays et de chercheurs d’asile dans le monde grimpera en flèche. Les initiatives de recherche novatrices, telles que les travaux de recherche appuyés par le CRDI dont il est question ici, sont essentielles pour transformer le système mondial d’aide aux réfugiés afin qu’il soit en mesure de répondre à la demande croissante des personnes déplacées et d’améliorer leur situation.
Visionnez la courte vidéo du CMR proposant des solutions concrètes pour transformer le système mondial d'aide aux réfugiés.
Visionnez la bande-annonce et l’enregistrement intégral de l’événement du 10 avril 2019, portant sur le rapport du CMR.