Aider les producteurs et productrices de sorgho à prospérer malgré les défis climatiques

Les producteurs et productrices de sorgho des basses terres arides de l’Afrique subsaharienne souffrent des changements climatiques. Le sorgho est une culture résiliente qui est largement cultivée, mais de faibles rendements, une mauvaise transformation et un stockage inadéquat réduisent les revenus des agriculteurs et agricultrices. Le CRDI se fait le champion d’une initiative visant à fournir des technologies de transformation révolutionnaires – entre autres interventions – afin d’aider les producteurs et productrices de sorgho de l’Éthiopie à faire face aux changements climatiques.
La sécheresse n’est pas rare en Éthiopie, mais son intensité et sa fréquence augmentent. Les périodes de récupération sont également de plus en plus rares, voire inexistantes, ce qui nuit à la capacité des agriculteurs à faire face. En 2022, des millions de personnes dans la Corne de l’Afrique seront confrontées à des pénuries alimentaires en raison de la pire sécheresse depuis 40 ans et de la hausse des prix alimentaires mondiaux.
Pour renforcer la résilience des agriculteurs et agricultrices face aux changements climatiques et améliorer la production de sorgho, le CRDI, en partenariat avec l’Australian Centre for International Agricultural Research (ACIAR), appuie le projet Interventions adaptées aux changements climatiques pour les petits exploitants agricoles en Éthiopie. L’équipe du projet a adopté plusieurs approches clés pour optimiser les rendements, notamment en fournissant des variétés de cultures à maturation précoce et résistantes à la sécheresse, et en offrant aux agriculteurs et agricultrices une formation sur les périodes optimales de plantation, la fertilité des sols et la gestion de l’eau.
Les batteuses facilitent la tâche après la récolte
Le sorgho est une culture de base nutritive cultivée par plus de cinq millions de ménages dans les basses terres de l’Éthiopie. La culture est particulièrement adaptée aux sols secs et pauvres, mais ce grain n’est pas à l’abri des effets de la sécheresse et des températures élevées.
« Nous mettons au point des technologies et des interventions intelligentes face au climat et faisons la promotion des technologies disponibles afin d’accroître la demande et l’utilisation des technologies et d’améliorer la productivité du sorgho », a expliqué Taye Tadesse, du projet financé par le CRDI-ACIAR, qui fait partie du fonds Cultiver l’avenir de l’Afrique. « Jusqu’à présent, nous avons joint environ 8 850 agriculteurs grâce à des démonstrations et à la mise à l’échelle des technologies. »
L’introduction de la technologie de battage après récolte a changé la donne, en particulier pour les femmes, qui sont généralement chargées de transformer le grain à la main, un exercice laborieux et fastidieux. En outre, « environ 30 % des récoltes sont perdues après la récolte en raison de mauvaises technologies de stockage et de traitement », a expliqué M. Tadesse.
Lancé en collaboration avec l’Institut éthiopien de recherche agricole, l’équipement de battage enlève le grain de la panicule, une tâche qui est autrement effectuée à la main ou à l’aide de bœufs. Grâce à ces machines, « les agricultrices et agriculteurs rapportent qu’elles et ils sont capables de battre un demi-hectare de grain de sorgho en une heure », a déclaré M. Tadesse. « Auparavant, cela prenait une journée entière à toute la maisonnée. Cela a fait une énorme impression sur les agricultrices et agriculteurs. » Les femmes ont maintenant plus de temps pour se consacrer à d’autres emplois qui assurent un soutien du revenu, et les enfants sont moins susceptibles de manquer l’école.
Le projet a également démontré que l’utilisation de variétés améliorées de sorgho à maturation précoce (comme Argity, Fedis et Melkam) et de meilleures pratiques agricoles améliorent la productivité. Les rendements ont considérablement augmenté, passant de 2,7 tonnes à 4,2 tonnes par hectare.
Il s’agit là d’une bonne nouvelle. Cependant, les avantages sont perdus s’il n’y a aucun endroit où stocker le grain en toute sécurité. Pour remédier à cela, le projet a introduit les sacs Purdue pour le stockage amélioré des récoltes. Ces sacs à trois couches empêchent l’oxygène d’atteindre le sorgho récolté, de sorte que le grain peut être stocké (sans insecticide) jusqu’à six mois sans réduction de sa qualité.
Non seulement cette solution évite le gaspillage, mais elle permet aux agricultrices et agriculteurs de vendre leur récolte quand elles ou ils le souhaitent à un coût plus élevé, plutôt que d’être obligés de vendre immédiatement après la récolte au moment où la concurrence est élevée et où les prix sont plus bas.

Améliorer les moyens de subsistance des agricultrices et agriculteurs
Pour aider les agricultrices et agriculteurs à tirer parti de leur productivité accrue, le projet vise également à développer les marchés du sorgho. À l’heure actuelle, 70 % du sorgho est consommé par les ménages qui le cultivent, mais « la création de marchés pour le sorgho donnera aux agricultrices et agriculteurs la confiance nécessaire pour produire davantage, vendre les céréales et obtenir de meilleurs revenus », a noté M. Tadesse.
Un marché potentiel concerne l’injera, un pain plat traditionnel qui est largement consommé en Éthiopie. Cet aliment est généralement fabriqué avec de la farine de teff, mais l’utilisation d’un mélange de teff et de sorgho permet aux agricultrices et agriculteurs de « produire une farine d’injera d’excellente qualité au meilleur prix du marché », a souligné M. Tadesse.
De plus, en utilisant de la farine qui comprend du sorgho moins cher à la place du teff plus cher, les productrices et producteurs d’injera peuvent économiser de l’argent. La combinaison de ces facteurs, a déclaré M. Tadesse, « a poussé les agricultrices et agriculteurs à réclamer des technologies de production améliorées de même que l’intégration du grain de sorgho dans la chaîne de valeur de l’injera ».
Le projet a déjà entraîné des changements et amélioré les moyens de subsistance de milliers d’agriculteurs en Éthiopie, en particulier les femmes. Alors que les changements climatiques évoluent et continuent de créer de plus en plus de défis pour les acteurs et actrices du secteur agricole, il est impératif que des mesures de soutien axées sur la technologie, comme celles introduites dans le cadre de ce projet financé par le CRDI-ACIAR, soient offertes au plus grand nombre de ménages agricoles possible pour optimiser leur résilience.
En savoir plus sur le fonds Cultiver l’avenir de l’Afrique