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AfterAccess : Révéler les écarts entre les sexes

 

Les technologies numériques contribuent au développement socioéconomique de bien des façons. Les technologies de l’information et de la communication (TIC) en réseau peuvent réduire les coûts de transaction, faciliter la circulation de l’information et améliorer les résultats. Des éléments prouvent que l’accès à l’Internet à haut débit, par exemple, contribue à la création d’emplois et stimule la croissance économique en plus d’améliorer le bien-être des personnes connectées.

Toutefois, ces avantages ne sont pas les mêmes pour tous. Les données limitées disponibles au niveau mondial indiquent des différences importantes dans le volume, la fréquence et la qualité de l’accès aux TIC entre les hommes et les femmes, notamment dans les pays du Sud. Les femmes se heurtent souvent à des normes sociales discriminatoires bien ancrées et à des obstacles structurels persistants qui entravent leur accès aux TIC, limitant leurs perspectives socioéconomiques et leurs avantages pour le développement. L’exclusion numérique des femmes est d’autant plus inquiétante si l’on considère que la famille et la communauté au sens large d’une femme sont également plus susceptibles de manquer les avantages liés au développement si elle est exclue du numérique.

Enquêtes AfterAccess

AfterAccess est une initiative de collecte de données à grande échelle visant à compiler des indicateurs comparables sur les technologies de l’information et des communications pour les pays du Sud. Ces enquêtes constituent la base de données la plus complète des pays du Sud sur l’utilisation des cellulaires et d’Internet.

Entre autres, les enquêtes mesurent les écarts entre les sexes dans l’utilisation des cellulaires et d’Internet. Ces disparités révèlent un tableau consternant dans certains pays d’Asie et d’Afrique. Par exemple, en Inde, les femmes âgées de 15 à 65 ans sont à 46 % moins susceptibles que les hommes de posséder un cellulaire, tandis qu’au Bangladesh et au Rwanda, ces femmes sont à 62 % moins susceptibles d’utiliser Internet.

L’accent mis par l’équipe d’AfterAccess sur la sexospécificité est motivé par le manque de sources de données solides et représentatives au niveau national pouvant être ventilées pour mesurer l’écart entre les sexes dans les pays du Sud. Les enquêtes d’AfterAccess sont plus approfondies que les autres, car elles vont au-delà de l’écart entre les sexes pour montrer que même une fois que les femmes ont accès, leur expérience diffère considérablement de celle des hommes – par exemple, relativement aux niveaux et aux formes de harcèlement en ligne. Les expériences peuvent même varier considérablement d’une femme à l’autre, de sorte que les données mettent en évidence des disparités dans l’accès aux TIC en matière de revenus, d’éducation et d’autres aspects de la marginalisation. De telles données sont essentielles pour l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes en faveur de l’inclusion des femmes dans les technologies numériques.

Financées par le CRDI et menées conjointement par DIRSI, LIRNEasia et Research ICT Africa, les études d’AfterAccess recueillent des données sur l’accès aux TIC et l’utilisation de ces derniers au moyen d’enquêtes auprès des ménages et des particuliers dans 22 pays (échantillon de 38 000 personnes). La méthode d’échantillonnage permet une représentation avec une marge d’erreur de +-3 %, et la taille des échantillons est suffisamment grande pour permettre la ventilation par sexe des indicateurs recueillis.

Apporter des données probantes pour appuyer la formulation de politiques

Le travail sur le terrain s’est échelonné sur une période de deux ans et les données des 17 premiers pays ont déjà été largement utilisées pour alimenter de nombreux débats sur les politiques touchant les femmes et les filles, leur accès aux TIC et leur utilisation de celles-ci. Par exemple, les données sur l’utilisation des cellulaires, d’Internet et des médias sociaux de ces 17 pays ont été utilisées pour développer une boîte à outils pour intégrer la sexospécificité dans les projets TIC de la Banque mondiale fin 2017. Cette boîte à outils doit être largement utilisée au sein de la division TIC de la Banque pour s’assurer que les projets TIC qu’elle mène à l’échelle mondiale incluront la sexospécificité.

Les données constituent également la base d’un chapitre du prochain rapport inaugural du Groupe de recherche EQUALS sur les TIC de l’Université des Nations Unies, qui devrait être largement utilisé et mentionné par les principaux décideurs.

Les données ventilées par sexe ont également été utilisées pour fournir des points de données comparatifs rigoureux dans de multiples présentations sur l’accès, l’utilisation des médias sociaux, le harcèlement en ligne ou le travail en ligne lors de réunions avec des parties prenantes mondiales (Forum sur la gouvernance d’Internet, Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), RightsCon, GIZ).

Grâce à ces données, l’égalité des sexes a été mise à l’ordre du jour des politiques. Par exemple, peu après les présentations aux décideurs et la diffusion aux médias, le Département indien des télécommunications a exhorté son personnel à participer à un atelier sur la réduction de l’écart entre les sexes dans les communications mobiles.

Au fur et à mesure que les données seront recueillies, analysées et diffusées, on s’attend à ce que ces données comparatives et représentatives à l’échelle nationale fournissent des preuves quantitatives indispensables qui serviront de base à d’autres activités et décisions influençant directement les femmes et les filles.

Des recherches primées

Le 22 septembre 2018, AfterAccess s’est vu décerner le prix EQUALS in Tech 2018 pour la recherche, qui récompense les efforts visant à combler l’écart entre les sexes dans les TIC par la recherche. AfterAccess a été reconnu pour sa contribution à la lutte contre l’écart entre les sexes grâce à la collecte de données solides sur l’accès des femmes (par rapport aux hommes) aux TIC et leur utilisation des TIC pour mesurer l’écart entre les sexes, mais aussi pour son examen des nuances et des obstacles à l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes.

Le CRDI appuie depuis longtemps la recherche visant à élaborer des politiques inclusives en matière de TIC. L’incidence et la reconnaissance croissantes des idées d’AfterAccess soulignent la nécessité d’un financement et d’un soutien continus dans ce domaine.

En savoir plus sur AfterAccess.