Puissances émergentes et gouvernance efficace dans les États fragiles
Les organismes de développement nouveaux et émergents fournissent de l'aide à des pays aux prises avec des tensions et des défis après des périodes de conflits. Cette recherche tentera de déterminer si leurs démarches d'aide au développement sont plus efficaces que celles des bailleurs de fonds traditionnels pour traiter les situations politiques et sociales des États fragiles.
De récentes données révèlent que de plus en plus de puissances émergentes interviennent dans des États fragiles. Leurs motifs varient selon le pays et avec le temps.
Les économies émergentes soutiennent que leur façon d'aborder le développement et la sécurité est différente parce qu'elles ont dû, récemment, relever des défis du même ordre. Leurs expériences nationales leur permettent de mieux comprendre les obstacles auxquels se heurtent les pays en développement, particulièrement en ce qui a trait au renforcement des institutions. Ces pays font valoir que leur approche de l'appropriation locale, qui tient compte de la souveraineté et du partenariat, se démarquent des relations classiques entre les bailleurs de fonds et les bénéficiaires.
Ces acteurs émergents ont suscité des réactions mitigées. Les gouvernements s'adressent à ces bailleurs de fonds pour obtenir des subventions de développement qui, soutiennent-ils, ne sont pas assorties de conditions restrictives. D'autre part, les citoyens de ces pays entretiennent certaines inquiétudes au sujet des effets des puissances émergentes sur leurs moyens de subsistance quotidiens. La présence de la Chine en Afrique, par exemple, a donné lieu à des manifestations dans certains pays africains, tels que la Zambie, la Sierra Leone et le Kenya.
Trois prémisses orienteront ce projet :
-Il peut survenir des tensions inévitables entre l'instauration de la confiance, la légitimité et le renforcement des institutions dans les États fragiles, particulièrement au début de la période de stabilisation qui suit un conflit.
-On peut gérer les tensions grâce à des efforts internationaux qui tiennent compte de la réalité des compromis et qui font appel à une démarche axée sur les règlements politiques pour édifier ou réformer les institutions.
-Les expériences des puissances émergentes peuvent être une précieuse source de connaissances sur l'analyse des règlements politiques et la conception des interventions visant à renforcer les institutions chargées de la sécurité et de la justice.
L'équipe du projet examinera la présence de l'Afrique du Sud en République démocratique du Congo et le rôle de la Turquie en Somalie, particulièrement dans l'optique de la sécurité et de la justice. Les chercheurs étudieront la façon dont les acteurs du développement qui interviennent dans des situations fragiles peuvent aider à accroître la légitimité, à appuyer des règlements politiques stables et efficaces, et à bâtir la confiance entre les parties de chacun des États. Ils se pencheront aussi sur les perceptions locales au sujet des nouvelles approches et sur leurs répercussions sur la vie quotidienne.
L'étude choisira un échantillon de bailleurs de fonds traditionnels qui sont profondément engagés dans ces pays afin d'établir une comparaison avec l'engagement des puissances émergentes.
Le projet permettra de mieux comprendre les approches efficaces. Il produira aussi de nouvelles connaissances sur la validité des hypothèses relatives à l'efficacité de ces approches.
On communiquera les constatations aux bailleurs de fonds traditionnels et émergents pour les aider à élaborer des programmes plus efficaces et adaptés au contexte, ainsi qu'à des responsables nationaux et régionaux des politiques et à des organisations de la société civile.