Au Pakistan, l'âge légal pour se marier est de 18 ans pour les garçons, et de 16 ans pour les filles dans toutes les provinces, sauf une. Une loi interdisant le mariage des filles âgées de moins de 16 ans existe depuis plus de cinquante ans, et pourtant, en 2014, lorsque Shirkat Gah, un organisme de recherche et de défense des droits des femmes, a mené un projet pilote dans le pays, il a découvert que peu de gens connaissaient l'existence de cette loi. Ceux qui toutefois savaient que la loi existait pouvaient la violer en toute impunité, notamment parce que les naissances ne sont généralement pas enregistrées, ce qui prive les registraires des mariages de données probantes pour empêcher les mariages précoces. La recherche a révélé que les mariages précoces constituent principalement une pratique ancestrale. Elle a également permis de constater l'émergence d'un nouveau facteur sous la forme d'un fondamentalisme religieux croissant promu par l'intermédiaire de madrasa, de mosquées et de plateformes religieuses.
Cette coutume contribue à maintenir encore davantage les jeunes femmes et les filles sous la coupe de leurs parents de sexe masculin, puisqu'on les retire de l'école, on les marie à un âge précoce, souvent sans leur consentement, et on les confine à leur domicile.
Le projet pilote a aussi permis de documenter le risque accru de discrimination et de violence de la part des maris et de la belle-famille à l'endroit des jeunes épouses. Le contrôle de la sexualité passe de la famille de naissance à la belle-famille, ce qui limite la mobilité des jeunes femmes et des filles, ainsi que leurs possibilités de croissance, notamment l'accès à l'éducation et à l'emploi.
L'étude interventionnelle Humsathi permettra d'obtenir un aperçu des moyens de prévenir les mariages précoces ou forcés, de renforcer la résilience et d'améliorer les interventions à l'égard de ce problème dans diverses communautés dans les quatre provinces du Pakistan. L'étude fournira des lignes directrices sur les meilleurs moyens de susciter des changements dans les communautés et les politiques, d'améliorer la mise en oeuvre des lois existantes, et de proposer les réformes requises. Le projet établira des partenariats avec de jeunes filles, des garçons et leur communauté en vue de transformer les attitudes eu égard aux mariages précoces ou forcés. Les résultats contribueront à l'application à grande échelle des interventions dans d'autres régions et pays.