La participation accrue des femmes au marché du travail en Amérique latine a considérablement transformé cette sphère au cours des 30 dernières années. Il n'en reste pas moins que cette participation demeure bien inférieure à celle des hommes et que son taux de croissance a quelque peu diminué.
En dépit d'une forte croissance économique, d'une réduction des inégalités de revenu et de l'augmentation du niveau d'instruction des femmes, les travailleuses continuent d'être désavantagées par rapport aux hommes en ce qui concerne les occasions d'emploi et les conditions de travail. Ces inégalités révèlent que les femmes doivent composer avec des contraintes sexospécifiques. Celles-ci peuvent découler de règles, de coutumes, de croyances et de valeurs; elles peuvent également être attribuables au fait que les institutions les entretiennent. Par ailleurs, on observe également des écarts importants au sein même de la population féminine : les femmes pauvres et sans formation occupent un emploi rémunéré dans une proportion moindre que les autres femmes.
On a tenté de résoudre les disparités entre les sexes au moyen de diverses politiques. Des politiques ont misé sur la promotion de l'entrepreneuriat au moyen de mesures de soutien aux micro-entreprises en vue de stimuler l'emploi. Or, une importante lacune demeure : les politiques visant à améliorer la qualité des emplois offerts aux femmes déjà sur le marché du travail sont rares et leurs retombées, incertaines. Bien que les programmes de protection sociale aient été élargis dans la région, la façon dont ils favorisent l'autonomisation économique des femmes et leur participation au marché du travail est source de débats. Certains estiment que ces programmes renforcent les rôles traditionnels de la femme, alors que d'autres sont d'avis qu'ils accroissent l'indépendance et l'autonomisation des femmes.
Le présent projet a pour objectif d'explorer ces enjeux, et en particulier les déterminants de la participation des femmes au marché du travail. Les chercheurs examineront les contraintes qui expliquent la ségrégation professionnelle (c'est-à-dire les domaines où les emplois sont principalement ou entièrement occupés par des femmes), le caractère précaire du travail et la faiblesse des revenus. Ils analyseront leurs répercussions sur la pauvreté, les inégalités et la croissance. Ils recourront à un mélange novateur de méthodologies de recherche et d'analyse afin de sonder la façon dont les contraintes sexospécifiques s'opèrent dans différents contextes et les mesures qu'il convient d'instaurer pour les transformer. Le projet contribuera à renforcer les compétences et les connaissances des responsables des politiques, des jeunes chercheurs et des ONG de défense des droits des femmes en ce qui concerne l'analyse et l'évaluation des politiques touchant les sexospécificités, le marché du travail et le domaine social.
Le projet englobe huit études de cas nationales, des études régionales et comparatives ainsi qu'un appel à propositions pour la réalisation d'évaluations d'impact, de séances de formation et d'activités de diffusion. Les constatations permettront d'améliorer l'efficacité des politiques en place pour ce qui est de promouvoir l'égalité des sexes sur le marché du travail et d'offrir de meilleures possibilités économiques aux femmes. La direction du projet sera assurée par le Centro Interdisciplinario de Estudios sobre el Desarrollo, en Uruguay, en collaboration avec le Centro de Estudios Distributivos Laborales y Sociales de l'Universidad Nacional de La Plata.