Une récolte abondante pour le Canada et les pays du Sud

Le défi de la sécurité alimentaire mondiale
D’ici 2050, on prévoit que la population mondiale atteindra dix milliards d’individus. Nous faisons face à un défi incontournable, mais de taille : nourrir la population mondiale dans un contexte de croissance démographique rapide. Il n’est plus seulement question de fournir des quantités suffisantes de nourriture, car la malnutrition se fait de plus en plus complexe. Faisant face à ce qu’on appelle souvent un « triple fardeau », des pays doivent composer simultanément avec la malnutrition (nombre insuffisant de calories), les carences en oligo-éléments (nombre insuffisant de vitamines et de minéraux) et l’obésité (nombre excessif de calories).
Nul pays ne peut ni ne devrait affronter seul ces énormes défis. À l’instar d’autres pays, le Canada a approuvé les objectifs de développement durable des Nations Unies, ou les ODD, tels qu’ils sont définis dans le Programme 2030. Le deuxième objectif de développement durable invite les États membres à s’engager à éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable à l’échelle mondiale.
Le Canada a beaucoup à offrir et à gagner dans le cadre d’une collaboration internationale visant à s’attaquer aux défis nationaux et mondiaux en matière de sécurité alimentaire. Les progrès scientifiques et technologiques ne font pas que renforcer notre sécurité alimentaire nationale; ils offrent au Canada la possibilité d’apporter sa contribution à l’échelle mondiale et de venir en aide aux pays du Sud.
Les activités de recherche et développement du Canada dans le domaine de l’agriculture sont vitales pour l’économie mondiale
Ayant grandi sur une ferme au Manitoba, j’ai appris à assumer des tâches dès l’âge de quatre ans, à maîtriser la conduite manuelle à onze ans et, dès ma jeune adolescence, à participer aux semences et aux récoltes. La vie à la ferme m’a inculqué de nombreux enseignements, notamment une forte éthique du travail, l’amour du plein air et un savoir-faire dans la culture des aliments.
Toutefois, le Canadien moyen n’a pas besoin d’entretenir un tel rapport avec le monde agricole, ni même d’être un fin gourmet pour comprendre que l’agriculture est essentielle à l’économie canadienne. Elle constitue en effet l’une des cinq plus importantes industries canadiennes, avec un effectif de 2,1 millions de Canadiens (agriculteurs, fournisseurs, transformateurs, transporteurs, épiciers et employés de la restauration).
Les emplois sont des éléments tangibles dont nous connaissons les bénéfices directs. Mais quel est l’avantage pour les Canadiens de soutenir la recherche et le développement en agriculture dans les pays du Sud ?
En se maintenant à l’avant-garde de la recherche en agriculture, le Canada protège sa propre sécurité alimentaire, crée de nouveaux marchés pour de nouveaux produits, et maintient sa force de frappe commerciale sur les marchés régionaux et internationaux. Pour être en mesure de relever de nouveaux défis, les scientifiques doivent continuer d’innover – trouver des façons d’améliorer les variétés de cultures existantes de façon à ce qu’elles résistent mieux aux maladies et à la sécheresse, maintenir la santé des animaux à l’aide de vaccins, d’une meilleure alimentation ou de meilleures pratiques agricoles, et assurer que nos aliments demeurent sécuritaires, abordables et nutritifs.
Résoudre des problèmes épineux grâce à l’innovation : le Fonds canadien de recherche sur la sécurité alimentaire internationale (FCRSAI)
De telles préoccupations et d’autres semblables sont à la source d’une initiative canadienne unique et novatrice : un programme de financement visant à soutenir l’agriculture canadienne et celle des pays du Sud, de même qu’à investir dans des partenariats de recherche liés à la nutrition.
Je participe à ce programme – le Fonds canadien de recherche sur la sécurité alimentaire internationale (FCRSAI), depuis son lancement. Fruit d’un partenariat entre Affaires mondiales Canada et le Centre de recherches pour le développement international, le FCRSAI se base sur la conviction absolue que ce type de collaboration peut mener à des innovations pouvant aider les ménages pauvres et vivant dans l’insécurité alimentaire, et renforce les alliances et les programmes concernant l’agriculture et la sécurité alimentaire au pays et à l’étranger.
De 2009 à 2018, le Canada a investi 124 millions de CAD dans le Fonds canadien de recherche sur la sécurité alimentaire internationale (FCRSAI), un investissement financé par le CRDI et Affaires mondiales Canada et découlant de l’engagement pris par le Canada à l’égard de l’Initiative du G8 de L’Aquila sur la sécurité alimentaire. Mis en oeuvre en deux phases, le FCRSAI a réuni le meilleur des secteurs public, privé et à but non lucratif. Le Fonds a été conçu pour accroître la collaboration entre les spécialistes de la recherche du Canada et des pays en développement, et pour régler des problèmes mondiaux d’insécurité alimentaire et nutritionnelle au moyen de la recherche concertée appliquée.
Pendant la première phase, plus de 144 innovations fondées sur des données probantes liées à la sécurité alimentaire – semences, technologies, machinerie, méthodes, modèles, de même que recommandations de politiques – ont été mises au point et mises à l’essai sur le terrain, et ont produit des résultats initiaux prometteurs. Nombre de ces innovations ont eu des effets positifs considérables sur la sécurité alimentaire lors d’essais pilotes. Pendant la deuxième phase, les innovations les plus prometteuses ont été appliquées à plus grande échelle, de façon à profiter à un plus grand nombre de petits agriculteurs (en particulier des femmes) et de consommateurs, et à contribuer à la sécurité alimentaire et nutritionnelle mondiale.
L’avenir du FCRSAI
Pour demeurer à l’avant-garde et continuer de s’adapter aux marchés et à la demande des consommateurs en évolution rapide, les fermes canadiennes se diversifient et s’appuient sur un large éventail de progrès technologiques. Le fait d’adopter des innovations permet d’accroître le rendement des fermes, ce qui aide le Canada à maintenir son rang de premier exportateur mondial de produits agricoles.
La recherche et l’innovation demeurent primordiales pour l’économie canadienne. Cela a été clairement souligné par le gouvernement du Canada dans le budget de 2018, qui prévoyait l’investissement le plus important de l’histoire du pays dans la recherche fondamentale.
Les résultats indiquent que le FCRSAI a des effets positifs sur le quotidien des petits agriculteurs et des consommateurs, et contribue à satisfaire les besoins en sécurité alimentaire des populations vulnérables du Sud. L’expertise canadienne a grandement participé à l’atteinte de ces résultats (pour connaître les résultats et les répercussions de la recherche, prière de consulter http://www.crdi.ca/fcrsai).
Et les Canadiens en bénéficient.
Les innovations soutenues par le FCRSAI aident à solutionner les problèmes liés à la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans les pays du Sud. Ces innovations soutiennent l’environnement et l’économie du Canada, et varient de nouveaux vaccins et cultures plus résistants à de nouvelles pratiques agricoles qui réduisent les besoins en engrais synthétiques et en eau. Par ailleurs, les collaborations avec des chercheurs du monde entier ont renforcé la réputation du Canada en tant que chef de file de la recherche, tout en formant une nouvelle génération de chercheurs et de leaders canadiens en leur fournissant la perspective mondiale dont elle a besoin pour réussir.
Le programme prend fin cette année, mais je demeure convaincue que le Canada a besoin d’encore plus de recherche menée en collaboration, car celle-ci nous aide à trouver des solutions mondiales aux problèmes mondiaux.
Wendy Manchur est administratrice de programme pour le Fonds canadien de recherche sur la sécurité alimentaire internationale au CRDI.