Un rôle clé pour les think tanks en matière de développement au Myanmar
La République de l’Union du Myanmar a fait des progrès considérables en matière de modernisation et d’ouverture depuis l’époque où il était isolé du monde occidental. Néanmoins, le pays occupe encore un rang élevé — au-dessus du Pakistan et de la Corée du Nord — dans l’indice des États fragiles de 2019.
Alors que la transition se poursuit, il est devenu évident que l’un des plus grands défis pour le gouvernement civil consiste à équilibrer les intérêts de nombreux groupes, représentant les 53 millions de personnes et plus de cent groupes ethniques du pays. Les ministres et les députés du Myanmar sont extrêmement sollicités : ils doivent proposer de nouvelles lois, offrir de meilleurs services publics, chercher à mettre fin au plus long conflit du monde et élaborer des politiques susceptibles d’obtenir des résultats positifs et durables. Un article récent de The Asia Foundation, Managing Change: Executive Policymaking in Myanmar, recommande des données et des analyses complètes et de haute qualité pour aider à alléger la pression exercée sur les décideurs politiques pour qu’ils résolvent les problèmes économiques et sociaux du pays.
Mais où trouver ces données et analyses ? Les think tanks peuvent fournir ces conseils indispensables et devenir une ressource efficace pour les gouvernements. Selon le 2018 Global Go To Think Tank Index, l’Asie abrite aujourd’hui environ un cinquième des think tanks du monde. Les think tanks du Myanmar s’imposent désormais comme un complément actif. Le soutien des bailleurs de fonds à ce segment de la société civile peut apporter une contribution solide pour garantir la prestation de conseils fondés sur des données probantes aux fins d’élaboration des politiques. Les investissements dans des think tanks locaux pourraient contribuer à produire des options politiques efficaces et adaptées au contexte complexe du Myanmar.
La perception des think tanks locaux
Les résultats de l’innovante enquête auprès du milieu des politiques de 2018 au Myanmarmontrent que les think tanks au Myanmar doivent s’améliorer pour que les fonctionnaires aient facilement accès à des renseignements précis pour la formulation des politiques nationales. Seuls 29 % des décideurs politiques du pays ont recherché des renseignements et des analyses auprès d’instituts de recherche gouvernementaux ou indépendants du pays. La même enquête menée dans cinq pays d’Asie du Sud a révélé que 60 % des personnes interrogées dans cette région se sont tournées vers leurs think tanks pour leurs besoins d’information. Les résultats pour les universités sont encore plus surprenants : 42 % des personnes interrogées en Asie du Sud ont recherché des renseignements auprès d’instituts universitaires nationaux, alors que seulement 7 % des personnes interrogées au Myanmar l’ont fait. Ce résultat suggère une très faible confiance dans la recherche produite par les universités du pays après des décennies de négligence systématique.
Pour que les think tanks locaux deviennent la source privilégiée de données et de preuves et jouent ainsi un plus grand rôle dans le développement du Myanmar, l’enquête recommande qu’ils se concentrent sur l’amélioration de la qualité de la recherche, l’augmentation de la disponibilité de personnel expérimenté et formé, et une plus grande sensibilisation à leurs services. Bien qu’elle ne soit pas représentative des opinions de l’ensemble du milieu politique du pays, l’enquête rassemble des perceptions précieuses des participants de haut niveau afin de comprendre les forces et les faiblesses des think tanks locaux.
De la place pour plus
Malgré cette faible confiance dans les think tanks en général, une poignée d’institutions qui ont de bonnes relations avec le gouvernement et un accès à celui-ci sont confrontées à une surcharge de la demande. Deux think tanks bien connus répondant aux besoins de l’administration actuelle sont le Renaissance Institute à Yangon et le Myanmar Development Institute dans la capitale du pays, Nay Pyi Taw. Comme les capacités d’élaboration et de mise en oeuvre des politiques du gouvernement du Myanmar sont encore en évolution, il existe un fort intérêt pour le travail de ces deux institutions.
L’utilisation d’une approche factuelle de l’élaboration des politiques au Myanmar reste relativement nouvelle et de nombreuses institutions sont encore en train de s’établir. L’attitude des décideurs politiques à l’égard des conseils extérieurs varie en fonction du décideur et du niveau de gouvernement : un directeur général expérimenté dans un ministère influent de Nay Pyi Taw aura probablement une perspective très différente de celle d’un député d’un des États ou d’une des régions ayant moins d’expérience dans l’élaboration des politiques, qui peut simplement ne pas comprendre la recherche et les données probantes.
Les petits think tanks ont la possibilité de fournir des conseils. Il existe une occasion de créer une demande de la part des décideurs politiques si les think tanks proposent des moyens innovants d’offrir des renseignements utiles et accessibles. Au Myanmar, les think tanks se sont multipliés, malgré la contrainte d’opérer dans un espace politique restreint. Il est nécessaire d’élargir cet espace afin de mieux utiliser la recherche et les données probantes pour soutenir le débat public avec de nouvelles idées provenant de think tanks indépendants. Des articles de presse dans Myanmar Times et Frontier ont plaidé pour un rôle de la société civile sous l’administration civile. Cela est d’autant plus urgent que les prochaines élections prévues fin 2020 approchent et que le débat public s’intensifie. La question clé pour les bailleurs de fonds, à l’approche d’un nouveau cycle électoral, est de savoir quel soutien est nécessaire pour qu’un plus grand nombre de think tanks puissent développer des capacités de recherche pertinentes pour les politiques.
Évaluer les besoins des think tanks
Malgré cette faible confiance dans les think tanks en général, une poignée d’institutions qui ont de bonnes relations avec le gouvernement et un accès à celui-ci sont confrontées à une surcharge de la demande. Deux think tanks bien connus répondant aux besoins de l’administration actuelle sont le Renaissance Institute à Yangon et le Myanmar Development Institute dans la capitale du pays, Nay Pyi Taw. Comme les capacités d’élaboration et de mise en oeuvre des politiques du gouvernement du Myanmar sont encore en évolution, il existe un fort intérêt pour le travail de ces deux institutions.
L’utilisation d’une approche factuelle de l’élaboration des politiques au Myanmar reste relativement nouvelle et de nombreuses institutions sont encore en train de s’établir. L’attitude des décideurs politiques à l’égard des conseils extérieurs varie en fonction du décideur et du niveau de gouvernement : un directeur général expérimenté dans un ministère influent de Nay Pyi Taw aura probablement une perspective très différente de celle d’un député d’un des États ou d’une des régions ayant moins d’expérience dans l’élaboration des politiques, qui peut simplement ne pas comprendre la recherche et les données probantes.
Les petits think tanks ont la possibilité de fournir des conseils. Il existe une occasion de créer une demande de la part des décideurs politiques si les think tanks proposent des moyens innovants d’offrir des renseignements utiles et accessibles. Au Myanmar, les think tanks se sont multipliés, malgré la contrainte d’opérer dans un espace politique restreint. Il est nécessaire d’élargir cet espace afin de mieux utiliser la recherche et les données probantes pour soutenir le débat public avec de nouvelles idées provenant de think tanks indépendants. Des articles de presse dans Myanmar Times et Frontier ont plaidé pour un rôle de la société civile sous l’administration civile. Cela est d’autant plus urgent que les prochaines élections prévues fin 2020 approchent et que le débat public s’intensifie. La question clé pour les bailleurs de fonds, à l’approche d’un nouveau cycle électoral, est de savoir quel soutien est nécessaire pour qu’un plus grand nombre de think tanks puissent développer des capacités de recherche pertinentes pour les politiques.
Évaluer les besoins des think tanks
Alors que la transition du Myanmar se poursuit, les think tanks nouvellement établis luttent pour recevoir le soutien dont ils ont besoin pour devenir efficaces et durables. Le paysage des think tanks au Myanmar va changer rapidement, certaines organisations étant florissantes, tandis que d’autres ne parviennent pas à atteindre une stabilité à long terme. Cette situation doit être perçue comme saine, mais elle présente des risques pour les bailleurs de fonds qui cherchent à apporter un soutien important à des institutions jeunes et moins établies. Le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) et Kivu International ont entrepris une évaluation des besoins pour se préparer à cette tâche, en trouvant de nombreux domaines à développer qui sont communs à tous les think tanks :
- Fonctions institutionnelles de base telles que les finances et les ressources humaines
- Capacité à recruter et à intégrer de nouveaux membres du personnel
- Soutien aux dirigeants
- Compétences en communication
- Collecte de fonds
- Méthodes de recherche
- Élaboration des politiques
Un système d’enseignement supérieur solide pourrait contribuer à répondre à ces besoins et le Myanmar commence à s’attaquer à la réforme de ce secteur. Il faudra des décennies pour créer une communauté dynamique et résiliente de chercheurs et de conseillers politiques locaux et indépendants. En attendant, les think tanks constituent un moyen efficace, sinon la seule solution, de reconstruire une société mieux à même de fournir une contribution réfléchie et rapide pour relever les nombreux défis en matière de développement auxquels le pays est confronté. Les bailleurs de fonds devraient prendre note du fait qu’investir dans des think tanks naissants pourrait être l’un des meilleurs investissements qu’ils puissent faire pour soutenir les systèmes politiques en transition dans le monde – le Myanmar en est un exemple probant.
Le CRDI et Affaires mondiales Canada aident à renforcer la capacité des institutions de recherche à produire des recherches pertinentes pour les politiques par le biais de l'initiative du savoir au service de la démocratie au Myanmar.
Cet article a été adapté d’un billet de blogue qui est apparu pour la première fois dans The Tea Circle.
Pour en savoir plus sur le soutien de l’initiative du savoir au service de la démocratie au Myanmar :
Capacité émergente des think tanks au Myanmar avec Kivu International