Aller au contenu principal

Se servir des Objectifs de développement durable en tant qu’outil pour refléter notre recherche

 

Bruce Currie-Alder

Chef de programme

Georgina Cundill Kemp, une administratrice de programme principale pour l’Initiative de recherche concertée sur l’adaptation en Afrique et en Asie (IRCAAA), a rappelé les sages paroles de Nokwanele Mamkeli.

«Nous avons appris à écouter les autres afin de pouvoir leur parler dans un langage qu’ils peuvent comprendre» a mentionné la membre de l’équipe de recherche du projet financé par le CRDI dans la région du Cap-Oriental, en Afrique du Sud.

Ces sages paroles ont servi à rappeler aux participants à l’examen annuel de l’apprentissage de l’IRCAAA que tout dialogue commence par la reconnaissance de l’autre. Pour être entendus, nous devons connaître notre public, y compris les idées qui les intéressent et les mots qu’ils emploient pour les décrire. L’astuce, c’est de ne pas s’en tenir aux conclusions immédiates de la recherche et d’identifier des pistes d’actions publiques et privées, qu’il s’agisse des Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies, de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, de contributions nationales et de plans nationaux d’adaptation, ou simplement de stratégies de subsistance à l’intention des familles ou des entreprises.

L’application des recherches et les aspirations  

Lorsque les ODD ont été adoptés en 2015, les quatre consortiums de l’IRCAAA avaient déjà bien avancé. Outre les questions d’ordre temporel, ces ODD sont le fruit d’un compromis politique qui a rassemblé les éléments communs des visions de l’avenir de différentes sociétés. Tout comme les objectifs du Millénaire pour le développement qui l’ont précédé, le programme post-2015 est incomplet du point de vue épistémique : ambitieux, mais souffrant d’un manque de rigueur conceptuelle et analytique. Tout effort visant à mesurer et rendre compte des progrès sera partiel et assez subjectif, privilégiant certains indices plutôt que d’autres, en ignorant les liens et interdépendances entre les objectifs.

Du point de vue de la recherche, les ODD ne font aucune allusion à la théorie : ils décrivent ce qu’il faut faire, mais sans dire comment. Pour expliquer les phénomènes et leurs causes, on doit s’appuyer sur une gamme importante de sciences naturelles et sociales et sur les nouvelles pratiques créées pendant que les communautés et les personnes s’efforcent de survivre et de prospérer dans un monde en mutation.

Toutefois, le savoir et les connaissances générées au sein des consortiums ASSAR, DECCMA, HI-AWARE et PRISE sont particulièrement utiles pour cinq des 169 buts qui constituent les dix-sept ODD. Il est incontestable que notre recherche éclaire l’action sur le climat et les efforts de lutte anti-pauvreté. Lors de l’examen de l’apprentissage, nous avons entendu parler de l’intégration des sciences du climat dans la gestion des bassins hydrographiques; cet exemple renforce la résilience et la capacité adaptative aux dangers liés au climat (ODD 13.1). De plus, nous avons discuté de la planification de l’adaptation qui améliore la sécurité de l’eau et la sécurité alimentaire au Ghana, un exemple d’intégration de mesures sur les changements climatiques dans les politiques, les stratégies et la planification nationales (ODD 13.2). Par ailleurs, plusieurs exposés abordaient les façons de composer avec les canicules et les sécheresses, des exemples qui améliorent la résilience des personnes pauvres et réduisent leur exposition et leur vulnérabilité aux événements climatiques extrêmes (ODD 1.5).

Les résultats de l’IRCAAA permettent de mieux comprendre comment l’adaptation contribue à la migration et à la mobilité, à l’égalité des sexes et à la croissance économique. Les recherches menées par nos consortiums portent sur la facilitation d’une migration et d’une mobilité des personnes de façon ordonnée, sécuritaire, régulière et responsable (ODD 10.7) en Asie du Sud et en Afrique de l’Ouest. Elles traitent des réformes visant à donner aux femmes un accès égal aux ressources économiques (5.A) et expliquent comment améliorer les rendements économiques par la diversification (8.2).

Communiquer nos résultats en lien avec les ODD

Même si les ODD ne peuvent pas servir de base solide pour concevoir la recherche scientifique, notre programme est pertinent au regard de ceux-ci et nous pouvons aller plus loin pour diffuser le savoir. L’IRCAAA doit identifier les messages-clés, les publics auxquels ils s’adressent et les occasions d’engagement afin d’éclairer les politiques et les pratiques à l’avenir. Les ODD proposent un langage qui permet d’interpeller les auditoires sensibles au discours du développement international. De plus, la science doit être à l’écoute des besoins de la société, afin de s’exprimer de façon à ce que celle-ci comprenne mieux les possibilités qui s’offrent. Les ODD constituent une manière de formuler les messages de la recherche menée dans le cadre de l’IRCAAA : ODD 5 (égalité entre les sexes), ODD 6 (eau potable et services d’assainissement), ODD 10 (réduction des inégalités), ou ODD 13 (action sur le climat) sont des façons abrégées d’indiquer comment notre travail peut contribuer à un meilleur avenir.

Soulignons que cette tâche a déjà été amorcée au sein de chaque consortium et à travers le programme. La direction de chaque consortium, appuyée par les discussions et la planification en équipes pour l’année à venir, transmet déjà nos principaux messages et résultats. Nous comptons sur un groupe talentueux et enthousiaste de spécialistes du programme Research Into Use (RIU) qui souhaitent nous aider à toucher les publics et à faciliter le changement.

Certains publics sont réceptifs aux messages sur les ODD, alors que d’autres ont des aspirations différentes. Dans tous les cas, nous avons intérêt à comprendre notre auditoire, ses intérêts et ses motivations. C’est la seule façon de transmettre un message qui aide à améliorer la résilience des personnes vulnérables et de contribuer à changer leur vie.

Bruce Currie-Alder est le chef de programme de l’IRCAAA.