Pour une intelligence artificielle africaine, éthique et équitable
L’intelligence artificielle (IA) représente un potentiel énorme pour améliorer les efforts de développement en Afrique. Mais son développement et son utilisation doivent être assurés par et pour les africains de manière éthique et équitable.
Déjà, de jeunes entreprises africaines innovantes utilisent des plateformes de téléphonie mobile à intelligence artificielle pour fournir un accès aux services financiers à des centaines de millions d’Africains qui n’ont pas accès aux banques traditionnelles. En agriculture, l’IA est utilisée pour soutenir la gestion de l’eau au Moyen-Orient. En Ouganda, des agriculteurs utilisent des outils téléphoniques mobiles pour l’identification et le suivi automatisés des infestations de cultures.
Mais, d’autre part, l’intelligence artificielle exacerbe les préjugés sociaux, désavantageant ceux qui sont déjà les plus marginalisés de nos sociétés. Elle décuple les capacités de surveillances portant ainsi atteinte à la vie privée en accumulant des données qui permette aussi de faciliter et automatiser de vastes campagnes de propagande et de manipulation. Elle menace d’automatiser des emplois qui représentent le gagne-pain de familles et de communautés en entières.
Fort de ses 50 ans d’expertise et de présence en Afrique, le CRDI soutient les experts Africains afin qu’ils parviennent à mitiger les impacts négatifs et à accroitre les bénéfices de l’IA.
Avec eux, nous avons mis sur pied un réseau d’excellence de l’IA en Afrique subsaharienne. La mission de ce groupe d’experts est de produire des données probantes pour mettre l’IA au service de l’atteinte des 17 objectifs de développement durable de l’ONU, de la lutte contre la pauvreté à l’instauration de la paix, en passant par l’égalité entre les sexes et la lutte contre les changements climatiques, entre autres.
Le CRDI a aussi soutenu la création d’une carte de l’écosystème de l’IA dans les pays du Sud. Cette carte se veut un outil pour favoriser la collaboration sud-sud. Elle inclut plus de 600 acteurs de l’IA en Afrique, en Asie, au Moyen Orient, en Amérique latine et dans les Caraïbes.
La population de l’Afrique devrait doubler d’ici 2050 pour avoisiner les 2,5 milliards de personnes. Pour toutes ces communautés, l’intelligence artificielle doit être africaine, éthique et équitable.
Cet article a été publié initialement dans le magazine Jeune Afrique en décembre 2019.