Plus que des déclarations, le multilatéralisme peut aider à bâtir des sociétés bienveillantes
Le G20 est un espace politique mondial influent qui s’est avéré efficace pour s’attaquer à la quantité disproportionnée de travail qui incombe généralement aux femmes pour s’occuper des personnes et gérer les ménages.
Les pays membres du groupe représentent environ 80 à 85 % du PIB mondial, plus de 75 % du commerce mondial et les deux tiers de la population mondiale. Chaque année, la Déclaration des chefs d’État du G20 donne le ton aux priorités internationales – façonnant les programmes politiques nationaux, mobilisant l’attention et les investissements mondiaux et signalant les domaines où une action collective est la plus urgente.
La présidence sud-africaine du G20 en 2025 marque la quatrième année consécutive de leadership des pays du Sud, après les présidences de l’Indonésie en 2022, de l’Inde en 2023 et du Brésil en 2024. Le Sommet du G20 de novembre 2025 sera d’autant plus historique puisqu’il sera le premier à se tenir sur le continent africain. Ce moment offre une excellente occasion d’ancrer le leadership du Sud, de rehausser les programmes comme le travail de soins non rémunéré et l’égalité des genres, et de réinventer la gouvernance mondiale du point de vue de toutes les personnes qui seront touchées par ses résultats.
En 2015, le lancement de Women20 (W20), un groupe de mobilisation responsable de conseiller le G20, a été un moment charnière. L’égalité des genres et l’autonomisation économique des femmes n’étaient plus des préoccupations secondaires; elles étaient plutôt considérées comme essentielles à la croissance inclusive et au développement durable. Par exemple, certains pays, comme le Brésil et l’Afrique du Sud, ont réalisé d’énormes progrès pour attirer davantage de femmes sur le marché du travail, grâce à l’objectif de Brisbane visant à réduire de 25 % l’écart entre les genres dans la participation au marché du travail d’ici 2025. Pourtant, 10 ans plus tard, l’objectif ne devrait pas être atteint. Lors de la conférence du W20 l’an dernier, seulement la moitié des membres du G20 devaient atteindre l’objectif. L’une des principales raisons est que le travail de soins continue d’être invisible dans la gouvernance économique. Sans s’attaquer aux inégalités dans l’économie des soins en tant qu’obstacle systémique, l’autonomisation économique des femmes restera une aspiration.
Transformation des soins : D’un fardeau privé à un bien public
Au cours de la dernière décennie, le CRDI a fait des soins la pierre angulaire de sa politique de développement. À l’aide des données probantes découlant de nos investissements dans la recherche, nous avons soutenu les efforts visant à intégrer les soins et l’égalité des genres dans les dialogues du G20 et avons favorisé la collaboration Sud-Sud afin que ces engagements se traduisent par des changements significatifs.
Grâce à la recherche menée par les pays du Sud, à l’engagement politique et à des partenariats stratégiques, nous avons cherché à transformer les soins d’un fardeau privé en un bien public, en les plaçant carrément à l’ordre du jour des espaces économiques multilatéraux comme le G20. Nous avons participé à la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement en juillet 2025, où les soins ont gagné du terrain en tant que priorité d’investissement, et à la Conférence régionale sur les femmes en Amérique latine et dans les Caraïbes en août 2025, où les soins étaient le thème central.
Pourquoi le multilatéralisme est un espace efficace pour faire progresser le changement
Dans un monde faisant face à des perturbations climatiques, à des inégalités croissantes, au recul démocratique, à la guerre et à la destruction, le multilatéralisme peut sembler lent et inégal. Bien qu’ils soient façonnés par des asymétries de pouvoir, ces espaces restent l’un des rares forums où les pays peuvent créer conjointement des normes, assumer leur part des responsabilités et élaborer des solutions collectives à des problèmes qu’aucune nation ne peut résoudre seule. Le leadership national inspire souvent un élan régional et mondial. Dans le même temps, les pays qui sont à la traîne peuvent être poussés vers l’avant grâce à des engagements internationaux.
Lorsque des engagements sont pris, ils établissent des repères communs que les mouvements peuvent utiliser pour demander des comptes aux gouvernements. Les parties qui se prononcent en faveur peuvent dire : « Vous avez signé. Les autres passent à l’action. Pourquoi pas nous? » Cette dynamique – où les normes mondiales renforcent la prise de mesures et le leadership à l’échelle nationale façonne les programmes mondiaux – est le moteur du multilatéralisme transformateur.
Ce dont nous avons besoin maintenant, ce n’est pas seulement de plus de multilatéralisme, mais d’un multilatéralisme inclusif, féministe, axé sur les soins et ancré dans la solidarité. Une stratégie qui permet l’apprentissage par les pairs, amplifie le leadership du Sud et soutient la société civile dans la conduite du changement à partir de la base.
Lorsque les soins ont été inclus dans les déclarations du G20 ou dans d’autres documents définitifs de conférences, cela a créé une légitimité politique. L’élan s’intensifie. Des pays comme le Brésil, le Chili, la Colombie et l’Uruguay ont adopté des lois et des politiques nationales en matière de soins qui intègrent les soins aux systèmes de protection sociale. Les mesures comprennent des programmes qui offrent des services visant à réduire la charge de travail des personnes aidantes non rémunérées et à améliorer les conditions des travailleuses et travailleurs domestiques. Une politique nationale de soins est soumise au cabinet du Kenya, après avoir fait l’objet d’un vaste processus de développement participatif dirigé par le ministère d’État pour le genre et l’action positive du pays. Il devrait être le premier du genre sur le continent africain. Ces avancées législatives sont de plus en plus éclairées par l’apprentissage interrégional et l’engagement multilatéral.
Les investissements et les partenariats du CRDI, y compris la Global Alliance for Care, relient les décisionnaires, les équipes de recherche, ainsi que les défenseuses et défenseurs de toutes les régions afin de faire part des leçons, de créer conjointement des solutions et de renforcer la solidarité.
Le pouvoir des échanges Sud-Sud
Le 10 octobre 2025, juste avant le Sommet du W20 en Afrique du Sud, le CRDI a organisé un atelier d’apprentissage par les pairs Sud-Sud qui a réuni des décisionnaires, des équipes de recherche et des défenseuses et défenseurs de toute l’Amérique latine et de l’Afrique. Alors que les programmes de soins progressent dans les deux régions, grâce à des lois, à des politiques et à des modèles de prestation de services novateurs, les progrès se déroulent souvent de manière isolée. En créant un espace d’apprentissage mutuel, l’atelier visait à accélérer la conception des politiques et à favoriser une vision commune du changement.
Les personnes participantes ont exploré la manière d’interpréter et d’appliquer les données dans divers contextes, de générer une volonté politique pour des réformes axées sur les soins et de mettre à l’échelle des innovations comme les blocs de soins de la Colombie. Ces centres de services municipaux novateurs, qui offrent une éducation gratuite, une formation professionnelle et des conseils en matière de bien-être aux personnes aidantes, afin qu’ils puissent gagner en répit et en autonomie, sont maintenant adaptés en Sierra Leone grâce à des recherches appuyées par le CRDI et Affaires mondiales Canada.
Nous avons besoin d’une ère de multilatéralisme renouvelé, définie par la création conjointe, la responsabilisation et l’apprentissage commun. Le parcours pour intégrer les principes des sociétés bienveillantes dans la gouvernance mondiale est loin d’être terminé, mais l’élan est indéniable. Les soins ne sont plus invisibles. De plus, l’égalité dans l’économie des soins est un impératif politique, économique et moral.
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