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Le 2019 Government AI Readiness Index (l’indice de l’état de préparation des gouvernements à l’IA de 2019) : Une mise en oeuvre égale est nécessaire pour réduire les inégalités à l’échelle mondiale

 

Katie Clancy

agente de gestion de programme, Économies en réseaux
Kai-Hsin Hung

Kai-Hsin Hung

titulaire d’une bourse de recherche, Économies en réseaux

Fernando Perini

Les systèmes d’intelligence artificielle (IA) alimentent déjà plusieurs éléments tels que les algorithmes de médias sociaux, les véhicules autonomes, les systèmes de navigation aérienne, les capteurs agricoles et le diagnostic de maladies. Par ailleurs, ils ont le potentiel d’être encore bien plus utiles dans des domaines aussi divers que la prestation des soins de santé, la production agricole et l’éducation. Or, sans une gestion prudente, les risques liés à l’IA, notamment les pertes d’emploi et les menaces pour les droits de la personne, pourraient l’emporter sur les avantages qu’elle offre.

Le Government AI Readiness Index fournit une évaluation du niveau de préparation des gouvernements à tirer parti du potentiel de l’IA. Des indicateurs et des critères de pondération – par exemple, la disponibilité de données gouvernementales ouvertes, le niveau de compétences et d’éducation en ce qui concerne le numérique, la capacité du secteur privé à bénéficier de l’IA, l’existence d’une vision nationale de l’IA et les lois sur la protection des données et de la vie privée – mesurent la capacité à adopter l’IA à grande échelle dans 194 pays et territoires.

En 2019, les pays à revenu élevé dotés de stratégies et d’investissements solides en matière d’IA ont raflé les dix premières places du classement de l’indice. Les pays les mieux classés (Singapour au premier rang, suivi du Royaume-Uni et de l’Allemagne) disposent d’une économie forte, d’une bonne gouvernance et d’un secteur privé innovant. Dans l’ensemble, l’indice indique que les gouvernements des pays du Nord sont mieux placés que leurs homologues du Sud pour récolter les fruits de l’IA. Si ce déséquilibre persiste, les pays du Sud risquent de devenir des terrains d’essai pour l’IA, avec des systèmes mal utilisés. Par exemple, l’utilisation croissante de la reconnaissance faciale au Zimbabwe n’est pas encadrée par des politiques appropriées de protection des données, ce qui soulève d’importantes questions éthiques.

Le potentiel de l’IA d’accélérer les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs de développement durable ne peut être réalisé que s’il est dûment géré par les gouvernements et les acteurs aux vues similaires. Le Government AI Readiness Index de cette année souligne la nécessité d’une mise en oeuvre égale de l’IA afin de minimiser le risque d’aggravation des inégalités à l’échelle mondiale. Le CRDI réagit en s’associant à des acteurs de l’IA locaux et mondiaux engagés pour appuyer des approches collaboratives qui permettront de combler les lacunes dans la mise en oeuvre de l’IA et de positionner le Canada comme un partenaire mondial dans la promotion d’un développement efficace et responsable de l’IA.

Construire des écosystèmes d’IA dynamiques dans les pays du Sud

C’est l’Afrique qui pourrait le plus profiter d’un meilleur état de préparation à l’IA et d’investissements dans ce domaine, cependant, pas un seul pays d’Afrique subsaharienne ne s’est classé parmi les 50 premiers de l’indice. L’Amérique latine est également aux prises avec des inégalités structurelles et des problèmes de gouvernance qui rendent le futur de l’IA incertain. Il est urgent de soutenir l’état de préparation à l’IA des gouvernements des pays du Sud afin de s’assurer que ces derniers sont prêts à encourager l’innovation en matière d’IA dans les secteurs public et privé, à soutenir les nouvelles structures réglementaires et à approfondir celles qui existent déjà pour minimiser les préjudices potentiels, et à réfléchir à leur utilisation des technologies d’IA dans leurs propres processus d’élaboration de politiques et de prestation de services.

Les gouvernements du Sud peuvent et doivent s’assurer que les technologies d’IA et leurs avantages sont mis à profit pour le bien commun en élaborant les bonnes politiques et en travaillant avec les institutions appropriées. À quoi ressembleraient les futurs indices de l’état de préparation à l’IA si plus de 30 pays africains élaboraient leurs propres stratégies d’IA au cours des cinq prochaines années ? Imaginez les possibilités si plus de 400 titulaires de doctorat des quatre coins de l’Afrique se spécialisaient dans l’IA et l’apprentissage automatique, façonnant ainsi les conversations à l’échelle mondiale sur les diverses utilisations de l’IA visant à soutenir le développement humain. Et si les universités, le secteur privé et d’autres institutions d’intérêt public investissaient un milliard de dollars dans l’IA pour soutenir la réalisation de l’Agenda 2063 de l’Union africaine pour le développement ?

Le CRDI exploite le potentiel de ces scénarios en élaborant des propositions avec les communautés latino-américaines et africaines dans le domaine de l’IA pour réduire l’écart dans l’état de préparation à l’IA. Lors de récents ateliers régionaux à Nairobi et à Mexico (un troisième atelier régional est prévu pour l’Asie à la fin de 2019), l’existence d’écosystèmes d’IA naissants était évidente et diverses initiatives émergentes dans les pays du Sud ont déjà entrepris de renforcer l’apprentissage automatique et ainsi que la recherche et le développement de talents en IA. Par exemple, soixante experts africains et internationaux présents à l’atelier de Nairobi ont élaboré ensemble une feuille de route ambitieuse et pragmatique pour le Réseau d’excellence en IA en Afrique subsaharienne. La feuille de route présente une vision et un programme de développement proposant des solutions pour que les pays africains corrigent les déséquilibres existants et améliorent l’état de préparation à l’IA dans les sphères gouvernementales et politiques, dans l’industrie et les applications, et dans le développement des compétences et des talents émergents.

Non seulement ces mesures importantes modifieront-elles le tableau inégal présenté dans l’Indice de cette année en jetant les bases de la mise en oeuvre de l’IA dans les pays du Sud, mais elles fourniront également des conseils pour tirer le meilleur parti de l’IA afin d’atteindre les objectifs de développement mondiaux. Alors que les pays réfléchissent à leur état de préparation actuel à l’IA et à leurs objectifs pour l’avenir, il est important de se demander si l’utilisation de l’IA les entrainera vers le haut ou vers le bas. Étant donné les progrès technologiques constants qui perturbent nos sociétés, nous devons travailler de concert en tant que communauté mondiale pour paver la voie d’une mise en oeuvre de l’IA plus inclusive et basée sur les droits qui bénéficiera au développement humain.