Des solutions pour les villes sur la ligne de front
Les villes contribuent grandement aux changements climatiques, mais elles ont aussi le pouvoir de changer le monde.
Elles sont l’une des clés pour faire face à la crise des changements climatiques mondiaux, et certaines d’entre elles le font déjà grâce aux données scientifiques amassées. Cependant, d’autres villes doivent suivre les traces de celles qui prennent des mesures.
Le désir et la capacité de changement à l’échelle mondiale sont élevés, comme en témoignent les millions de personnes qui, dans le monde entier, descendent dans la rue pour réclamer des mesures climatiques. Cet appel à l’action sera à l’avant-plan de la 25e Conférence des Parties (CdP25) à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, laquelle se tiendra du 2 au 13 décembre à Madrid.
Cette réunion annuelle cruciale rassemble la communauté internationale afin de partager des solutions, de donner un nouvel élan, et de suivre les progrès accomplis dans la réalisation des engagements climatiques de l’Accord de Paris.
Nous devons saisir ces occasions de collaboration et de partage de solutions, car l’ampleur et la fréquence des crises liées aux changements climatiques continuent d’augmenter.
La dévastation causée par les phénomènes météorologiques extrêmes contribue à la demande croissante de mesures climatiques à l’échelle mondiale, et le Canada n’est pas épargné. Au printemps dernier, les villes de Montréal, d’Ottawa et de Gatineau ont déclaré l’état d’urgence alors qu’elles ont été touchées par les pires inondations depuis 25 ans.
Les changements climatiques sont une préoccupation urgente qui a des répercussions concrètes pour chaque personne sur Terre. Il est temps d’agir.
Urbanisation accélérée
Pourquoi cibler les villes, et pourquoi maintenant ? En raison de l’accélération du rythme de l’urbanisation.
D’ici 2050, les deux tiers de la population mondiale vivront dans les villes. Plus de la moitié de la population mondiale habite déjà dans les villes, où se concentre également la plus grande partie des infrastructures, des biens et de l’activité économique. Par ailleurs, les villes consomment 78 % de l’énergie mondiale et sont responsables de plus de 60 % des émissions de gaz à effet de serre. Pourtant, elles ne couvrent que 2 % de la surface de la Terre.
Des données probantes solides sont disponibles pour informer les gouvernements locaux et nationaux afin qu’ils conçoivent des villes résilientes et atténuent leurs répercussions.
Pour les habitants des villes et des périphéries les plus vulnérables, en particulier les femmes et les filles, il peut s’agir d’une question de vie ou de mort.
Les villes doivent investir dans la recherche pour comprendre leurs défis uniques ; comment leurs citoyens sont touchés ; et quelles solutions locales sont les mieux adaptées à leur contexte.
De nombreuses solutions d’adaptation aux changements climatiques en milieu urbain sont peu coûteuses, simples et axées sur la nature. Dans la petite ville industrielle de Yumbo, en Colombie, des infrastructures vertes ont été utilisées pour atténuer les inondations. Les routes asphaltées sont remplacées par des routes « vertes » poreuses qui permettent la percolation de l’eau et réduisent l’effet d’îlot thermique en milieu urbain. Les résultats ont montré que ces routes réduisent considérablement les risques d’inondations localisées.
Il existe des solutions éprouvées et étayées par des données scientifiques rigoureuses pour bon nombre de chocs et de stress climatiques auxquels sont confrontées les villes à risque. Dans les pays du Sud, les urbanistes et les dirigeants régionaux travaillent depuis plusieurs années à renforcer leur capacité à anticiper et à supporter le choc et le stress associés au climat et à s’y adapter.
En plus de ces efforts, un financement sûr à l’échelle des villes est nécessaire pour lutter contre les changements climatiques. La résilience et la capacité d’adaptation des villes face aux changements climatiques auront une incidence sur la réalisation des objectifs mondiaux en matière de changements climatiques et de développement durable.
Lorsqu’une ville est frappée par des inondations, des précipitations record et d’autres phénomènes météorologiques extrêmes et dommageables, l’accent nécessaire mis sur l’intervention immédiate peut assombrir la situation dans son ensemble, qui révèle les points communs entre les défis – et les solutions – qui existent dans le monde.
Si nous voulons respecter l’engagement mondial de « ne laisser personne pour compte », nous devons nous attaquer aux multiples aspects qui contribuent à la pauvreté, à la vulnérabilité et aux inégalités urbaines. Cela signifie qu’il faudra renforcer l’engagement à l’égard de notre climat qui sera présenté à la CdP25 à Madrid, afin qu’il insuffle la nécessité d’agir aux programmes politiques, de recherche et d’investissement du monde entier.
Cet article paraît également sur le site de LaPresse.