Un nouveau financement stimule les projets de santé publique axés sur l’IA dans les pays du Sud
Il n’y avait pas d’hôpitaux ni de médecins locaux dans le petit village où le professeur adjoint Jude Kong de la Dalla Lana School of Public Health de l’Université de Toronto a grandi au Cameroun. Il se souvient s’être senti négligé par le système de santé et avoir eu recours à des remèdes maison en raison du manque d’accès à l’information et aux spécialistes de la santé.
Maintenant, en tant que directeur du Consortium Afrique-Canada pour l’innovation en matière d’intelligence artificielle et de données et du Laboratoire d’intelligence artificielle et de modélisation mathématique de l’Université de Toronto, M. Kong s’efforce d’exploiter le pouvoir de l’intelligence artificielle (IA) responsable afin d’améliorer la santé publique dans des collectivités comme celle dans laquelle il a grandi.
« Puis-je créer des outils proactifs qui auraient sauvé mes proches qui sont morts du paludisme lorsque j’étais jeune? C’est ce que nous recherchons », a déclaré M. Kong. À l’appui de cette recherche, la Dalla Lana School of Public Health a récemment reçu 2,15 millions de dollars canadiens pour un projet de recherche dirigé par M. Kong.
Le projet, intitulé « Solutions faisant appel à l’IA concernant les approches “Une seule santé” pour la prévention et la réponse aux épidémies et aux pandémies », est financé conjointement par le CRDI et le FCDO. Il s’appuie sur le succès du Réseau d’IA pour la préparation aux pandémies et aux épidémies (AI4PEP) financé par le CRDI et fondé par M. Kong en 2022. Ce réseau fait partie du programme Intelligence artificielle au service de la santé mondiale du CRDI, un investissement de 15,5 millions de dollars canadiens également lancé en 2022.
Le Réseau AI4PEP bénéficie des connaissances et des efforts de plus de 160 chercheuses et chercheurs ayant des projets en Afrique, en Asie, en Amérique latine et dans les Caraïbes, et au Moyen-Orient.
Ce réseau a déjà stimulé 15 projets de santé misant sur l’IA responsable, dont une application qui améliore la détection de la poliomyélite en Éthiopie, un robot conversationnel qui aide à repérer les fausses nouvelles au Brésil, un système de surveillance de la qualité de l’air en Afrique du Sud qui cerne les domaines de préoccupation et un moniteur de toux au Pérou qui permet aux personnes qui l’utilisent de dépister les infections respiratoires. Chaque projet a été soumis à un cadre rigoureux afin de garantir que l’utilisation de l’IA est éthique, sûre, inclusive, fondée sur les droits, écologique et reflète les perspectives des pays du Sud.
Le nouveau financement CRDI-FCDO favorisera la croissance de ces projets et appuiera cinq autres projets sélectionnés de manière stratégique en fonction des lacunes thématiques, géographiques et linguistiques du Réseau.
Avec l’urbanisation, la mondialisation et les changements climatiques, les épidémies sont de plus en plus fréquentes et graves, mais les solutions faisant appel à l’IA responsable ont le potentiel de détecter la propagation d’une maladie avant même qu’elle ne se produise. Ces initiatives offrent des solutions proactives en améliorant la surveillance, les diagnostics, l’éducation et la sensibilisation en matière de santé publique.
« Nous avons créé des solutions d’IA et, grâce à ce financement supplémentaire, nous serons en mesure d’étendre et de maintenir de véritables collaborations continues avec les communautés avec lesquelles nous avons travaillé et les équipes de recherche des pays du Sud et la Dalla Lana School of Public Health, ainsi que les décisionnaires politiques et les gouvernements de 21 pays à travers le monde », a déclaré M. Kong.