Les conclusions de recherche suscitent une législation améliorant la protection des jeunes enfants au Sénégal
En Afrique comme ailleurs, les normes socio-culturelles assignent aux femmes l’essentiel des soins aux proches et du travail non rémunéré, les empêchant ainsi de participer pleinement à l’économie et de récolter des bénéfices à la hauteur de leurs efforts.
Avec le soutien du CRDI, des chercheurs de l’Université Amadou Mahtar Mbow ont pu relever qu’au Sénégal, le taux d’activité des femmes de la classe moyenne dans le marché du travail est inférieur à celui des hommes: 35% contre 64%. Ainsi, un programme de recherche initié en 2021 a visé à éliminer les obstacles à la participation des femmes au marché du travail, et permis aux chercheurs de cette université ainsi que ceux du Consortium pour la recherche économique et sociale, de recueillir des informations clés sur la demande de services de garde d’enfants.
Entre autres, les chercheurs ont pu conclure qu’en dépit du coût élevé des crèches, la demande a tendance à augmenter; suggérant que les besoins de services de garde d’enfants sont tels que les usagers, surtout de la classe moyenne, sont prêts à consacrer une part importante de leurs revenus pour s’assurer une prise en charge adéquate de leurs jeunes enfants.
Fort de ces résultats, l’équipe de recherche a initié et entretenu un dialogue constant avec les institutions et décideurs et mené un plaidoyer sur la nécessité de mettre en place un cadre réglementaire permettant des services de garde d’enfants de qualité. Les chercheurs ont également permis aux institutions en charge de la protection de l’enfance au Sénégal de mieux cerner le contexte, les enjeux, l’offre, la demande de services de garde d’enfants ainsi que les défis de ce secteur stratégique.
Suite à ce processus, le Gouvernement du Sénégal a pris, le 19 janvier 2024, un décret fixant les conditions d’ouverture et les règles d’organisation et de fonctionnement de ces établissements.
Ce décret précise l’effectif minimum, les compétences et qualifications requises, les dispositions à prendre pour l’accueil, la prise en charge et la sécurité des enfants sans discrimination aucune, ainsi que des contrôles programmés ou inopinés par les services compétents.
Ce nouveau décret constitue un fait marquant dans l’amélioration de la protection des enfants au Sénégal mais aussi un facteur autonomisant pour les femmes, qui pourront désormais poursuivre leurs ambitions socio-professionnelles, sans ce souci permanent pour le bien-être et la sécurité de leurs enfants.