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Le CRDI annonce une recherche sur des solutions pour réduire la charge de travail des femmes en Afrique

 
De nouvelles recherches visant à mettre à l’échelle des solutions en matière de politiques et de programmes sont en cours en Afrique subsaharienne afin de réduire et de reconnaître le travail de soins et de redistribuer cette responsabilité entre les hommes et les femmes.
Kadija recueille de l'eau dans une installation à Lalibela, Welo, Éthiopie.
Petterik Wiggers / Panos Pictures

Lancé en juillet 2023, l’initiative Mettre à l’échelle les innovations en soins en Afrique est un partenariat de 25 millions de dollars canadiens sur cinq ans entre Affaires mondiales Canada et le CRDI pour commencer à transformer le paysage des soins en Afrique subsaharienne.

Dans le cadre de cette initiative, un processus concurrentiel en deux étapes a eu lieu pour sélectionner 17 équipes de recherche qui évalueront comment mettre à l’échelle les innovations testées dans le cadre d’essais pilotes s’attaquant à la responsabilité disproportionnée du travail de soins non rémunéré qui incombe aux femmes et aux filles. Sept de ces équipes se concentreront sur les solutions axées sur les politiques et dix se pencheront sur la mise à l’échelle des solutions axées sur les programmes. Chaque projet s’attaquera au défi du travail de soins non rémunéré en s’appuyant sur des solutions efficaces et locales.

La recherche est guidée par le cadre du triple « R » lançant un appel à l’action pour reconnaître, réduire et redistribuer le travail de soins non rémunéré. Les projets axés sur les politiques mettent l’accent sur la reconnaissance de la valeur du travail de soins au niveau des politiques, de la communauté et des ménages. Les projets axés sur les programmes visent à réduire la quantité de travail et le temps consacré au travail de soins non rémunéré, à redistribuer la responsabilité de ce travail et à réduire les effets néfastes sur le bien-être des femmes. 

Pour en savoir plus sur les innovations en matière de politique : 

Dans un pays comptant plus de 50 centres commerciaux où 80 % des femmes constituent la main-d’œuvre informelle, la nécessité de fournir des services pour répondre aux besoins de garde d’enfants de ces travailleuses est un défi de plus en plus pressant. Wow Mom, une entreprise sociale kenyane détenue et dirigée par des femmes, vise à encourager le développement de garderies et d’installations d’allaitement dans les centres commerciaux à travers le pays – en commençant par la mise à l’échelle de l’initiative à Gikomba, à Nairobi, le plus grand marché en plein air en Afrique de l’Est. En générant des données probantes et en captant les besoins des personnes qui les utiliseront, ce projet vise à amplifier la demande afin que les décisionnaires politiques prennent des mesures.

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Les personnes qui s’occupent de personnes atteintes de maladies non transmissibles (MNT) – comme le cancer, le diabète et les maladies cardiovasculaires et respiratoires – font face à de nombreux défis, en particulier lors d’urgences sanitaires comme la pandémie de COVID-19. Dirigé par l’Université de Nairobi, ce projet vise à créer une politique nationale ciblant ces prestataires de soins non rémunérés au Kenya, grâce aux données probantes générées par le programme communautaire « Light-A-Candle ». Lancé en 2021, ce programme a créé des communautés virtuelles pour les personnes qui soignent des personnes atteintes de MNT afin de partager leurs expériences, d’offrir des services de consultation et de relever des défis, tels que l’épuisement professionnel et le deuil des personnes soignantes.

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Le gouvernement éthiopien s’est engagé à intégrer l’égalité des genres dans toutes ses politiques et tous ses programmes. Dirigé par le Network of Ethiopian Women’s Associations, ce projet vise à cerner les lacunes dans les politiques et les structures existantes afin de soutenir cette intégration de la dimension de genre et la budgétisation du travail domestique non rémunéré. En mettant l’accent sur le partenariat avec des organisations locales de défense des droits des femmes, ce réseau collabore avec des bénéficiaires locaux, des organisations de la société civile, le ministère de la Femme et des Affaires sociales, ainsi que des ministères et des organismes gouvernementaux liés au travail, au développement des compétences, à l’agriculture, à la santé, à l’éducation, à l’investissement sectoriel et aux services statistiques.

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Bien qu’un quart des enfants ghanéens souffrent de retards de développement, les personnes qui s’en s’occupent sont généralement laissés à elles-mêmes, et font souvent face à l’exclusion sociale en raison d’associations négatives avec les handicaps. Le Africa Center for Democracy and Socio-economic Development vise à défendre les intérêts de ces personnes non rémunérées. En collaborant avec près de 700 personnes aidantes des régions du Grand Accra et du Nord, les recherches du centre permettront de cerner des stratégies prometteuses, nouvelles et existantes, pour réduire leur travail non rémunéré grâce à la politique nationale d’éducation inclusive.

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En collaboration avec le ministère béninois des Affaires sociales et d’autres parties prenantes clés, le Centre africain pour le développement équitable produit des données probantes importantes à l’appui d’une politique de garde d’enfants inclusive pour le secteur informel. Le projet comprend la mise en place de cinq garderies mobiles et de cinq garderies à responsabilité partagée, par exemple, afin d’éclairer les mises à jour des politiques actuelles en matière de garde d’enfants. L’équipe de recherche a également l’intention de sensibiliser le public et d’accroître la reconnaissance de l’importance des services de soins en créant des ressources éducatives et en s’engageant avec les leaders communautaires.

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L’Université du Cap, en Afrique du Sud, s’appuie sur un projet pilote qui a documenté les expériences pénibles du travail de soins non rémunéré des mères à faibles revenus. Le terme « charge maternelle » fait référence au travail de soins non rémunéré invisible, croissant et épuisant qui est exacerbé par les conditions de vie difficiles et le manque de participation des partenaires masculins à la garde des enfants et aux responsabilités ménagères. À la demande des femmes participant au projet pilote, le projet s’étend pour inclure les pères à faibles revenus et éclairer les dialogues sur les politiques en matière de soins en partageant des preuves et des données grâce à la participation de parties prenantes, de décisionnaires et de subventionnaires clés.

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Alors que le Zimbabwe délègue le pouvoir décisionnel des autorités centrales aux autorités locales, il est possible de mettre à jour la législation afin de remédier à la part inégale des soins et des travaux domestiques non rémunérés effectués par les femmes. S’appuyant sur les succès obtenus dans trois districts, une coalition dirigée par des organisations de défense des droits des femmes et la Women’s Academy for Leadership and Political Excellence mène des recherches, fait participer la population à l’élaboration des lois et informe les décisionnaires politiques afin d’appuyer des changements qui reconnaissent et réduisent le travail de soins non rémunéré dans les districts Mutare, Masvingo et Harare, ainsi qu’à l’échelle nationale. Les domaines susceptibles d’être améliorés comprennent les infrastructures hydrauliques, les transports publics et l’énergie solaire pour faire face aux pannes de courant.

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Découvrez les innovations du programme : 

CARE Tanzania dirige ce projet visant l’adaptation et la mise à l’échelle des écoles d’agriculture et de commerce favorisant la transformation de genre, qui sont développées par CARE et exploitées dans 18 pays. L’équipe de recherche ajoute de nouveaux modules axés sur les soins au programme et en fait l’essai dans le district de Mufindi, en Tanzanie, comparativement au programme scolaire standard d’apprentissage pratique pour les agricultrices et les agriculteurs sur les nouvelles techniques et technologies agricoles. Les écoles intègrent déjà des pratiques agricoles résilientes au climat, des compétences commerciales et entrepreneuriales, l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes. Les données probantes issues de la recherche peuvent améliorer la façon dont les politiques et les programmes agricoles contribuent à l’égalité des genres.

Aucune communauté ne se ressemble et chacune a ses propres besoins lorsqu’elle cherche du soutien pour le développement de la petite enfance. Dirigé par l’Université Aga Khan du Kenya, ce projet répond aux besoins propres au contexte et aux soins des communautés nomades et pastorales des comtés de Lamu et d’Isiolo, dans les terres arides et semi-arides du Kenya. L’équipe de recherche conçoit et met en œuvre avec les membres de ces communautés environ 100 centres de développement de la petite enfance dans les deux comtés afin d’alléger les responsabilités de soins non rémunérés d’environ 2 700 femmes et filles, en se fondant sur programme déjà réussi dans quatre autres comtés du Kenya.

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Un programme d’intervention pour les couples appelé Bandebereho (qui signifie modèle en kinyarwanda) mobilise les hommes en remettant en question les normes de genre néfastes, en favorisant des relations plus équitables et en promouvant la prestation de soins par les hommes au Rwanda. Le programme de transformation du genre, mis en œuvre par le Rwanda Men’s Resource Centre, a touché plus de 12 000 couples depuis sa création, et il s’est avéré efficace pour accroître la participation des hommes à la prestation de soins. En collaboration avec d’autres organisations, ce centre étend maintenant la portée du modèle dans le système de santé du pays afin de promouvoir l’inclusion des femmes en situation de handicap et des parents d’enfants en situation de handicap, et de mieux intégrer le rôle des agents de santé communautaires à titre d’alliance clé dans la mise à l’échelle des efforts.

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Lancé pour la première fois en 2014, Tiny Totos est un modèle prometteur de franchise de garderie axé sur le marché et l’utilisateur qui répond au besoin en matière de services de garde d’enfants de qualité supérieure, tout en étant abordable, pour 8 000 personnes aidantes dans les établissements informels de Nairobi. Dirigé par le Conseil de la population, le projet vise à améliorer le modèle Tiny Totos, dans le but d’approfondir de manière rentable et efficace les impacts que le modèle génère chez les femmes et les familles qui utilisent les garderies qui y sont affiliées. Les données probantes du projet éclaireront également les processus de politique de soins au Kenya sur le rôle des modèles de franchise sociale dans la réponse aux besoins non satisfaits des femmes à faibles revenus dans les établissements informels.

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Le manque de temps est l’un des principaux obstacles à la réalisation de l’égalité des genres à Freetown, en Sierra Leone, où les femmes (en particulier celles qui vivent dans la pauvreté) sont susceptibles de travailler 1,6 heure pour chaque heure qu’un homme consacre à des soins rémunérés et non rémunérés. Le conseil municipal de Freetown dirige ce projet afin de remédier à la sous-utilisation des ressources et des services municipaux qui pourraient soutenir les responsabilités en matière de soins en réformant l’approvisionnement local en utilisant un modèle de blocs de soins, qui crée des guichets uniques pour la garde d’enfants, les soins aux personnes âgées et les services essentiels qui réduisent et soutiennent les responsabilités familiales non rémunérées des femmes les plus pauvres de la ville. Le modèle des blocs de soins a été mis à l’essai avec succès dans la ville de Bogota, en Colombie, et est mis à l’échelle dans diverses régions du monde pour créer davantage de « villes bienveillantes ».

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Le manque de services de garde d’enfants abordables et de qualité est l’un des principaux obstacles qui empêchent les femmes et les filles à faibles revenus en Éthiopie de progresser sur le plan économique. Alors que la ville d’Addis-Abeba prévoit de créer 1 000 garderies au cours des trois prochaines années, le Policy Studies Institute soutient le déploiement en assurant le développement de services accessibles et de qualité qui répondent aux besoins des mères à faibles revenus et en veillant à leur représentation dans les dialogues politiques.

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Dirigé par Ripple Effect Kenya, ce projet vise à réduire le temps que les femmes consacrent aux activités de soins non rémunérées, y compris celles liées à l’élevage de bétail à petite échelle, grâce à un mélange d’innovations permettant d’économiser de la main-d’œuvre et à l’engagement communautaire visant à modifier les normes de genre. Les technologies permettant d’économiser de la main-d’œuvre comprennent des espèces fourragères et des outils améliorés pour récolter et transformer le fourrage, tandis que les innovations qui permettent de gagner du temps comprennent des services de garde d’enfants dans les villages et un service de transport d’ânes. Le modèle combine le développement de ces activités commerciales avec des dialogues au sein des ménages et de la communauté afin de favoriser la réflexion sur les normes de genre qui entraînent des inégalités dans la prise de décisions, la charge de travail et le contrôle des ressources. 

Dans le district rural de Kishapu, en Tanzanie, la Economic and Social Research Foundation mettra à l’échelle des innovations éprouvées, notamment en installant des systèmes de collecte de l’eau, en formant les femmes et les filles à l’entrepreneuriat et aux compétences professionnelles, et en engageant les couples à discuter des normes de genre en adaptant le programme rwandais d’intervention Bandebereho (modèle). L’objectif consiste à réduire et à redistribuer de manière durable le temps que les femmes et les filles consacrent aux soins et aux travaux domestiques non rémunérés, tout en leur offrant de nouvelles possibilités d’autonomisation économique.

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Reconnaissant le chevauchement entre les objectifs en matière d’égalité des genres et d’action climatique, ce projet vise à s’attaquer à la responsabilité disproportionnée des femmes en matière de soins, grâce à des fours TIKA écoénergétiques. Ces derniers ont déjà démontré des avantages importants : ils nécessitent environ 60 % moins de bois de chauffage et 40 % moins de charbon, et permettent de gagner environ deux heures par jour en matière de collecte de bois et de cuisson. La recherche, dirigée par le Centre ivoirien de recherches économiques et sociales, documente les impacts de ces fours sur la génération de revenus et le bien-être des femmes afin d’éclairer les efforts visant à accroître leur utilisation.

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Le projet WE-CARE vise à mettre à l’échelle le modèle Belle Colline développé par CARE International afin de réduire le travail de soins non rémunéré, d’autonomiser les femmes et les filles, d’éliminer la violence fondée sur le genre et de créer des occasions économiques dans les communautés rurales des provinces de Bubanza et de Gitega au Burundi. Ce modèle s’attaque aux problèmes de soins non rémunérés grâce à une combinaison d’activités visant à modifier les normes, à mobiliser les communautés et à créer un réseau d’organisations pour plaider en faveur de l’égalité des genres et d’une réduction du travail de soins non rémunéré au Burundi. 

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Certains des projets sélectionnés n’ont pas encore fait l’objet du processus administratif d’approbation des subventions du CRDI. 

Les équipes de recherche de ces 17 projets se réuniront au début juin à Nairobi, au Kenya, pour faire part de leurs connaissances et réunir les responsables de la mise en œuvre, les partenaires de recherche et les subventionnaires des initiatives en matière de soins et d’égalité des genres. 

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